SALON-Après GM, Volkswagen repousse les avances de Fiat Chrysler
information fournie par Reuters 08/03/2017 à 14:46
(Actualisé avec des précisions) par Andreas Cremer et Agnieszka Flak GENEVE, 8 mars (Reuters) - Après General Motors GM.N la veille, Volkswagen VOWG_p.DE a à son tour fermé la porte mercredi à un rapprochement avec Fiat Chrysler Automobiles FCHA.MI , infligeant un deuxième revers en autant de jours à Sergio Marchionne, l'administrateur délégué du constructeur italo-américain en quête de partenaire. L'annonce en début de semaine du rachat d'Opel/Vauxhall, la filiale européenne de General Motors, par Peugeot PEUP.PA pour 2,2 milliards d'euros a relancé les spéculations sur la poursuite de la consolidation du secteur automobile. Sergio Marchionne avait estimé mardi que ce rapprochement, qui réinstalle Peugeot au deuxième rang européen, allait surtout avoir un impact sur Volkswagen et pouvait justifier l'ouverture de discussions entre le constructeur allemand et Fiat Chrysler. Mais Matthias Müller, le président du directoire de VW, a vite fait d'écarter cette hypothèse, affirmant que son groupe avait déjà assez à faire avec les suites du scandale du "dieselgate". Nous ne sommes pas prêts à discuter de quoi que ce soit. Je n'ai pas vu (Sergio) Marchionne depuis des mois", a-t-il dit à Reuters en marge du Salon automobile de Genève. "Nous avons d'autres problèmes", a-t-il ajouté. Marchionne, qui prône depuis longtemps une consolidation du secteur pour faire face aux coûts de production de véhicules propres et technologiquement avancés, a redit mardi que des partenariats étaient plus importants que jamais. "Il nous faut y arriver ou nous finirons par délivrer des retours (sur investissement) et des marges incroyablement pauvres. Il faut remédier à cela", a-t-il déclaré en faisant référence à l'industrie automobile dans son ensemble. PAS DE COURSE À LA TAILLE POUR VW L'accord PSA-Opel laisse FCA dans une position délicate en Europe. Sa part de marché n'y est que de 7% et sa marge opérationnelle de 2,5% fait pâle figure face à la concurrence. FCA a en outre un endettement élevé et a pris du retard dans la course aux moteurs propres et à la voiture autonome. Dans ce contexte, et malgré la vente d'Opel à PSA, Marchionne a redit mardi que son partenaire de fusion privilégié restait GM, ce à quoi le constructeur américain a une nouvelle fois opposé un refus clair et net. "Nous n'étions pas intéressés avant et nous sommes encore moins intéressés maintenant", a déclaré Dan Ammann, le président de GM, à la presse à Genève. Un rapprochement entre VW et FCA créerait un leader européen avec une part de marché d'environ 30%, renforcerait considérablement VW outre-Atlantique grâce à Chrysler et offrirait à FCA une tête de pont en Asie. Mais l'opération aurait un coût social élevé qui passerait mal en Allemagne comme en Italie. Matthias Müller a souligné que la taille n'était pas une priorité pour VW. "A mon sens, la taille importe peu. Nous avons toujours dit que notre objectif ne se résumait pas aux volumes. Nous voulons être un constructeur performant à tous égards." Sergio Marchionne, de surcroît, courtise VW au plus mauvais moment. Le groupe allemand, soucieux de tourner la page du scandale des émissions polluantes de ses moteurs diesel, est au tout début d'un vaste plan de transformation axé sur la voiture électrique et la conduite autonome. En plus des milliards de dollars d'amendes déjà payés aux Etats-Unis, il fait face à des plaintes d'associations de consommateurs qui réclament des indemnités. Faute d'ouverture de General Motors, Sergio Marchionne a concentré ses efforts sur la réduction de la dette de Fiat Chrysler et la production de modèles à plus fortes marges, les SUV notamment, en espérant ainsi devenir ainsi un prétendant plus séduisant en vue d'un mariage futur. Mais ses options s'amenuisent, d'autant que le marché nord-américain, où il réalise l'essentiel de ses bénéfices avec sa marque Chrysler, a peut-être atteint un pic. (avec la contribution d'Ilona Wissenbach à Genève, Benoit Van Overstraeten et Véronique Tison pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)