Roumanie-La banque centrale constate des sorties de capitaux après le 1er tour de la présidentielle
information fournie par Reuters 06/05/2025 à 11:53

La Banque nationale de Roumanie (BNR) a déclaré mardi qu'elle étudiait la meilleure façon de contrer d'importantes sorties de capitaux après la percée du candidat d'extrême droite George Simion au premier tour de l'élection présidentielle de dimanche.

"Un changement important s'est produit récemment sur le marché des devises, les entrées de capitaux ont diminué mais les sorties ont augmenté de manière significative", a déclaré Dan Suciu, porte-parole de la banque centrale roumaine, à Reuters.

"Par conséquent, pour contrer ces mouvements, des liquidités doivent être retirées du marché et les taux d'intérêt doivent augmenter. La banque centrale cherchera un moyen optimal pour faire face à cette situation", a-t-il ajouté.

Les rendements des obligations roumaines à 10 ans

RO10YT=RR ont bondi lundi de quelque 50 points de base pour atteindre 8%, au lendemain de la victoire du chef de file de l'Alliance pour l'unification des Roumains (AUR), qui se revendique "trumpiste" et affrontera au second tour le maire centriste et pro-européen de Bucarest Nicusor Dan.

La percée de l'extrême droite a provoqué lundi la démission du Premier ministre social-démocrate Marcel Ciolacu.

La banque centrale avait maintenu le mois dernier son taux d'intérêt de référence au niveau le plus élevé de l'Union européenne (6,5%), face aux risques accrus liés aux droits de douane et à l'incertitude budgétaire avant le vote.

Le leu roumain EURRON= progresse mardi de 1,6% à 5,05 pour un euro vers 09h30 GMT.

La banque centrale a refusé de dire si elle était intervenue pour aider la monnaie nationale.

La banque avait précédemment déclaré qu'elle donnerait au leu "plus de flexibilité" si les tensions politiques s'apaisaient plus tard cette année, après avoir dépensé ce que JP Morgan estime à plus de 10 milliards d'euros pour des interventions en 2024.

Plus de la moitié de la dette roumaine est libellée en devises étrangères, le taux le plus élevé d'Europe centrale, et des milliards supplémentaires sont attendus en devises fortes d'ici 2025.

Le gouvernement sortant assurera l'intérim jusqu'à la composition d'une nouvelle alliance à la suite du second tour de la présidentielle, le 18 mai, mais il ne pourra pas promulguer de lois ni mettre en place de politiques.

La Roumanie a le déficit budgétaire le plus important de l'UE et risque de voir sa note de crédit baisser au-dessous du niveau d'investissement s'il ne procède pas à un redressement décisif.

Une victoire de George Simion isolerait le pays, freinerait les investissements privés et affaiblirait le flanc oriental de l'Otan alors que la guerre en Ukraine est entrée dans sa quatrième année, selon des observateurs politiques.

La Roumanie est au coeur d'une tempête politique sans précédent après que le candidat d'extrême droite pro-russe Calin Georgescu s'est imposé contre toute attente au premier tour de l'élection présidentielle de novembre dernier après une campagne assidue sur TikTok. La Cour constitutionnelle avait annulé le scrutin le 6 décembre, soupçonnant la Russie d'avoir influencé et faussé le vote.

(Reportage Luiza Ilie et Gergely Szakacs, version française Diana Mandia, édité par Kate Entringer)