Rouge en vue en Europe dans le sillage de Wall Street et de la "tech"
information fournie par Reuters 21/11/2025 à 08:44

La bourse Euronext est photographiée dans le quartier d'affaires de La Défense

par Blandine Henault

Les principales Bourses européennes sont attendues en nette baisse vendredi à l'ouverture, dans le sillage de Wall Street et du repli continu des valeurs de la technologie.

Les contrats à terme signalent une baisse de 0,94% pour le CAC 40 parisien, de 1,25% pour le Dax à Francfort, de 1,05% pour le FTSE à Londres et de 1,12% pour le Stoxx 600.

L'enthousiasme suscité par les résultats trimestriels de Nvidia a fait long feu jeudi soir à Wall Street, où le risque d'une survalorisation des entreprises liées à l'intelligence artificielle (IA) a repris le dessus et tiré les indices vers le bas.

"Le stress est monté d’un autre cran avec l’apparition d’un signal que personne n’avait vraiment anticipé : la nervosité s’est déplacée du marché actions vers le marché du crédit", note John Plassard, stratège chez Cité Gestion, évoquant l'explosion du marché de CDS sur le géant américain Oracle.

"Le fait qu’Oracle soit un acteur central dans des méga-projets d’infrastructures, financés à coups de dettes géantes, renforce la crainte d’un accident systémique si la dynamique IA ralentit."

La prudence est aussi alimentée par les incertitudes entourant l'état de l'économie américaine après le long "shutdown" qui a empêché la publication des indicateurs économiques.

Publié jeudi, le rapport officiel sur l'emploi pour septembre a montré des créations de postes plus fortes que prévu mais aussi une hausse du taux de chômage et une forte révision des créations de postes pour août, envoyant un message confus aux investisseurs qui s'interrogent sur la probabilité d'une nouvelle baisse des taux de la Réserve fédérale (Fed) le mois prochain.

"Nvidia a publié de bons résultats mais les autres questions demeurent : que se passe-t-il avec l'inflation ? Avec l'emploi ? Que va faire la Fed ?", observe Thomas Martin, gérant de portefeuille chez Globalt.

Les investisseurs européens surveilleront par ailleurs dans la matinée la publication des indicateurs d'activité PMI "flash" pour le mois de novembre.

LES VALEURS A SUIVRE :

A WALL STREET

Au terme d'une séance très volatile, le Dow Jones a perdu jeudi 0,84%, à 45.752,26 points et le S&P 500 a cédé 1,56%, à 6.538,76 points.

De son côté, le Nasdaq Composite a chuté de 2,15% pour clôturer à 22.078,05 points, à un plus bas depuis le 11 septembre.

Nvidia a perdu 3,2% après avoir gagné jusqu'à plus de 5% en séance, dans un contexte de repli généralisé des valeurs de la "tech".

Contre la tendance, le géant de la distribution Walmart a grimpé de plus de 6% après avoir relevé ses prévisions annuelles pour la deuxième fois depuis le début de l'année.

EN ASIE

L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a chuté de 2,4% à la clôture, accusant un repli de 3,5% sur l'ensemble de la semaine.

Les inquiétudes sur la "tech" n'épargnent pas non plus les Bourses chinoises qui ont enregistré leur plus fort repli hebdomadaire depuis décembre 2024.

L'indice composite de la Bourse de Shanghai a reculé de 2,45% vendredi et le CSI 300 des grandes capitalisations a abandonné 2,44%.

La Bourse de Hong Kong abandonne 1,58%, celle de Séoul a chuté de 3,79% et celle de Taïwan a perdu 3,51%.

CHANGES

Le yen est tombé à un plus bas de dix mois face au dollar mais a trouvé un certain soutien après l'annonce par le gouvernement japonais d'un plan de relance économique de 21.300 milliards de yens (135,40 milliards de dollars).

Il s'agit de la première initiative politique majeure de la Première ministre Sanae Takaichi, qui n'a pas exclu la possibilité d'une intervention du gouvernement pour soutenir le yen.

"L'éléphant dans la pièce est désormais le risque croissant d'intervention", souligne Vishnu Varathan, responsable de la recherche macroéconomique pour l'Asie hors Japon chez Mizuho, évoquant la possibilité d'interventions opportunistes et de courte durée.

La dernière intervention de Tokyo pour soutenir la devise remonte à juillet 2024 alors que le yen avait atteint un plus bas en 38 ans.

La devise nippone avance de 0,25% face au dollar, à 157,04 yens.

Le billet vert est stable face à un panier de devises de référence dans un contexte d'interrogations sur la trajectoire de politique monétaire de la Fed.

L'euro avance de 0,13% face au billet vert, à 1,1542 dollar.

TAUX

Les rendements obligataires sont globalement stables.

Le taux des Treasuries à dix ans perd 1,4 point de base, à 4,0903%.

En Europe, le rendement du Bund allemand de même échéance , référence pour la zone euro, cède un point de base, à 2,7094%.

PÉTROLE

Les cours du brut reculent, prolongeant leur baisse pour la troisième séance consécutive alors que les Etats-Unis font pression pour un accord de paix entre la Russie et l'Ukraine susceptible d'accroître l'offre sur le marché mondial.

Le baril de Brent recule de 1,5% à 62,43 dollars et celui du brut léger américain (WTI) perd 1,7% à 57,98 dollars.

(Rédigé par Blandine Hénault, édité par Augustin Turpin)