MARSEILLE, 22 janvier (Reuters) - La CGT, qui multiplie les
actions contre le projet gouvernemental de réforme des
retraites, a lancé mercredi une nouvelle opération "port mort" à
Marseille, tandis que l'usine hydro-électrique de Grand'Maison
(Isère) a été mise à l'arrêt mardi matin.
Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a
cautionné cette nouvelle stratégie en refusant de condamner les
coupures de courant sauvages pratiquées par la CGT Energie cette
semaine. "Ce n'est pas de la délinquance. (...) Quand il y a des
gens en grève, il y a des conséquences", a-t-il justifié
mercredi sur BFM TV et RMC.
L'opération "port mort", déjà menée la semaine dernière, est
prévue pour durer jusqu'à vendredi, jour d'une nouvelle
manifestation contre le projet de loi qui sera présenté en
conseil des ministres, a-t-on indiqué de source syndicale.
Dockers et employés du port ont bloqué les accès au Grand
Port Maritime de Marseille (GPMM).
"Les bateaux peuvent entrer et sortir du port mais ne sont
pas traités", a dit à Reuters Pascal Galéoté, secrétaire de la
CGT du port de Marseille. "D’autres actions sont déjà prévues
pour la semaine prochaine."
Selon la Chambre de commerce et d’industrie de Marseille, le
conflit a déjà coûté 100 millions d’euros, dont 33 millions de
pertes directes pour l’économie locale, 25 millions de taxes non
encaissées et environ 40 millions de surcoût pour les chargeurs
contraints de rejoindre d’autres ports.
Depuis début janvier, douze escales de paquebots de
croisière ont été annulées, ce qui représente environ 8.800
passagers en tête de ligne, et plus de 30.000 passagers ont été
affectés, selon le Club de la croisière Marseille Provence.
En Isère, la centrale de Grand'Maison, la plus puissante
centrale hydro-électrique de France exploitée par EDF EDF.PA ,
a été mise à l'arrêt mardi matin mais fonctionnait de nouveau
normalement mercredi matin.
"Les grévistes avec la CGT se sont installés en piquet de
grève reconductible pour une durée indéterminée. Ils décideront
dans les jours qui viennent des suites à donner au mouvement",
déclare la CGT Energie dans un communiqué.
La fédération nationale des mines et de l'énergie de la CGT
annonce la venue de Philippe Martinez ce mercredi à la
mi-journée à la centrale nucléaire de Gravelines (Nord). "Il va
faire tout noir", peut-on lire dans un communiqué.
"Nous encourageons à amplifier les mouvements de grève. Je
soutiens pleinement des formes de mobilisation contestées par la
direction", a dit le secrétaire général de la CGT sur BFM TV et
RMC.
Le dirigeant syndical s'est en revanche dissocié de la
coupure de courant pratiquée lundi au siège parisien de la CFDT.
La CGT Energie a revendiqué une autre coupure d'électricité qui
a affecté mardi matin le sud de la région parisienne, dont le
marché de Rungis et l'aéroport d'Orly.
Le Premier ministre, Edouard Philippe, a accusé mardi la CGT
de méconnaître la démocratie et la loi.
(Rédaction de Paris avec Marc Leras à Marseille, édité par
Bertrand Boucey)