Renault: Le conseil supprime le dividende face à la crise information fournie par Reuters 09/04/2020 à 18:59
par Gilles Guillaume
PARIS (Reuters) - Le conseil d'administration de Renault a décidé jeudi la suppression du dividende prévu au titre de 2019, accompagnée d'un geste sur la rémunération des dirigeants du groupe au losange face à la crise provoquée par le coronavirus, ont dit à Reuters deux sources proches du constructeur.
Renault prévoyait jusqu'ici de verser 1,10 euro par action à ses actionnaires, contre 3,55 euros au titre de l'exercice précédent.
Selon une des deux sources, le président de Renault Jean-Dominique Senard et la directrice générale par intérim, Clotilde Delbos, ont également consenti lors du conseil une baisse de 25% de leur rémunération au premier trimestre, un geste qu'ils pourraient reconduire au deuxième trimestre si la crise se prolonge.
Les administrateurs du constructeur ont décidé eux aussi de réduire de 25% la valeur de leurs jetons de présence pour l'année et la différence sera versée dans le fonds de solidarité destiné à maintenir les salaires pendant le chômage partiel, a ajouté la source.
Un porte-parole de Renault n'était pas disponible dans l'immédiat pour faire un commentaire.
Alors que plusieurs groupes du secteur automobile, comme Michelin ou Ford, avaient déjà décidé de réduire ou suspendre leurs dividendes au titre de l'exercice 2019 pour préserver leur cash, Renault n'avait encore rien modifié sur ce terrain.
Mais le gouvernement français exhortait les entreprises dont l'Etat est actionnaire à ne rien verser, surtout si elles touchent des aides publiques pour traverser la crise ou ont recours au chômage partiel financé par l'Etat.
Dans le cas de Renault, dont l'Etat détient 15% du capital, plusieurs administrateurs salariés avaient également appelé à ne pas verser de dividendes aux actionnaires, compte tenu de la crise actuelle.
Le constructeur n'a pas exclu de solliciter des garanties auprès de l'Etat - qui garantira jusqu'à 300 milliards d'euros tous les nouveaux crédits aux entreprises - et a recours au chômage partiel pour l'ensemble de ses usines françaises et, la moitié de la journée, pour 16.000 salariés tertiaires d'Ile-de-France.
Renault a signé la semaine dernière un accord de solidarité prévoyant notamment le don de jours de congés pour compléter le dispositif financé par l'Etat.
Déjà ébranlé depuis près d'un an et demi par la disgrâce de son homme fort Carlos Ghosn et contraint cette année d'arrêter sa production automobile sur ses principaux marchés, Renault a perdu environ 56% de sa valeur en Bourse depuis le début de l'année.
Jeudi, l'agence de notation S&P a abaissé sa note de crédit du groupe dans la catégorie spéculative en raison de l'impact attendu de la crise du coronavirus sur la performance de Renault et sa capacité à gérer le recul attendu de ses résultats, ses cash flows et ses objectifs d'émissions de CO2.
(Edité par Bertrand Boucey)