Renault et Nissan refondent leur gouvernance après Ghosn
information fournie par Reuters 12/03/2019 à 12:13

    * Un nouveau "conseil opérationnel" pour
Renault-Nissan-Mitsubishi
    * Il remplace les entités de l'alliance basées aux Pays-Bas
    * Senard président de l'alliance, mais pas de Nissan
    * "Le visage et le premier pilote du nouveau départ" de
l'alliance

 (Actualisé avec conférence de presse, précisions, enquête)
    par Sam Nussey et Gilles Guillaume
    YOKOHAMA/PARIS, 12 mars (Reuters) - Renault  RENA.PA ,
Nissan  7201.T  et Mitsubishi  7211.T  ont annoncé mardi la
création d'un nouveau conseil opérationnel de leur alliance,
censé placer chaque partenaire sur un pied d'égalité et
permettre de tourner la page de l'ère Carlos Ghosn.
    La disgrâce de l'architecte et ancien homme fort de
l'alliance, poursuivi pour des accusations de malversations
financières qu'il conteste, a jeté une ombre sur l'avenir d'un
montage inédit dans l'histoire de l'automobile, qui doit fêter
cette année ses vingt ans d'existence.
    Pour remédier à un cumul des pouvoirs critiqué par Nissan,
les trois partenaires ont annoncé que le président de Renault,
Jean-Dominique Senard, serait également président du nouveau
conseil opérationnel de l'alliance, mais qu'il ne présiderait
pas Nissan.
    Alors que le communiqué commun aux trois constructeurs
indique que le président de Renault est un "candidat naturel" au
poste de vice-président de Nissan, Jean-Dominique Senard a
précisé lors d'une conférence de presse commune au Japon, qu'il
n'était pas dans son intention de prendre la présidence du
constructeur japonais.
    "Le nouveau conseil de l'Alliance sera le seul organe de
supervision des opérations et de la gouvernance de l'Alliance
entre Renault, Nissan et Mitsubishi, en lieu et place de RNBV
(Renault Nissan BV) et NMBV (Nissan Mitsubishi BV)", peut-on
lire dans le même communiqué.
    "A cet effet, il sera le visage et le premier pilote du
"nouveau départ" de l'alliance."
    Les directeurs généraux de Renault, de Nissan et de
Mitsubishi Motors, à savoir respectivement Thierry Bolloré,
Hiroto Saikawa et Osamu Masuko, siègeront également au conseil
opérationnel, dont les accords formels de création seront signés
à l'occasion du vingtième anniversaire de l'alliance qui doit
être célébré officiellement le 27 mars prochain.
    Le nouveau conseil se réunira chaque mois, à Paris ou Tokyo,
et ses décisions opérationnelles seront fondées sur le
consensus.
    
    UN PROCÈS GHOSN A L'AUTOMNE ?
    Hiroto Saikawa a estimé que cette nouvelle structure était
un vrai partenariat sur un pied d'égalité. L'arrestation de
Carlos Ghosn en novembre avait avivé les tensions entre la
partie française et japonaise, cette dernière jugeant l'alliance
trop déséquilibrée.
    Renault détient 43,4% de Nissan tandis que Nissan possède
15% de Renault, sans droits de vote. Nissan contrôle pour sa
part 34% de Mitsubishi, dernier venu dans l'alliance.
    Jean-Dominique Senard a précisé que la nouvelle structure de
gouvernance n'avait rien à voir avec les participations croisées
entre les membres de l'alliance et qu'il n'envisageait aucune
modification de l'accord fondateur de l'alliance, le "RAMA".
    L'avocat de Carlos Ghosn, Junichiro Hironaka, a déclaré de
son côté que le procès de son client pourrait commencer à
l'automne. L'ancien président de Nissan, dont la demande de
participer au conseil du groupe japonais a été rejetée lundi par
la justice japonaise, ne prévoit pas pour l'heure d'être présent
à l'assemblée générale des actionnaires de Nissan le 8 avril
prochain, a-t-il ajouté.
    "M. Ghosn veut du temps pour réfléchir à ce qu'il va dire",
a déclaré à la presse Junichiro Hironaka à Tokyo.
    Libéré la semaine dernière après plus de 100 jours de
détention, en échange d'une caution de près de huit millions
d'euros, Carlos Ghosn est poursuivi pour n'avoir pas déclaré
pour environ 82 millions de dollars de rémunération sur près
d'une décennie.
    La justice française s’intéresse pour sa part au financement
du mariage de l'ancien PDG de Renault au château de Versailles,
en octobre 2016, dans le cadre d’une convention de mécénat entre
le groupe au losange et l'établissement public. 
    Le parquet de Nanterre a confirmé à Reuters avoir ouvert le
28 février une enquête préliminaire "sur des faits susceptibles
de recevoir une qualification pénale pour abus de biens sociaux
ou abus de confiance".
    Cette enquête a été ouverte à la suite d'un signalement et
confiée à l'Office central de lutte contre la corruption et les
infractions financières et fiscales (OCLCIFF), précise-t-on de
même source.
    A 12h13, le titre Renault progressait de 0,9195% à 59,27
euros, tandis que celui de Nissan a clôturé en hausse de près de
1% à la Bourse de Tokyo.

 (Avec Emmanuel Jarry et Benoit Van Overstraeten à Paris, Tim
Kelly et Maki Shiraki à Tokyo, édité par Catherine
Mallebay-Vacqueur et Jean-Michel Bélot)