Renault chute après l'annonce du départ de son DG, attendu chez Kering qui grimpe (actualisé) information fournie par Reuters 16/06/2025 à 11:01
Renault RENA.PA chute en Bourse lundi après avoir annoncé que son directeur général Luca de Meo allait quitter le groupe au losange à compter du 15 juillet pour relever de "nouveaux défis".
A 09h00 GMT, l'action du constructeur automobile perd 6,41%, à 40,28 euros, lanterne rouge du CAC 40 en hausse de 0,9% au même moment.
Selon Le Figaro, Luca de Meo rejoindrait le géant du luxe Kering PRTP.PA dont l'actionnaire majoritaire et actuel PDG François-Henri Pinault a décidé de séparer les fonctions de président et de directeur général du groupe familial, ce qui permettrait au dirigeant italien de devenir le DG du propriétaire des marques comme Gucci, Yves Saint Laurent et Balenciaga.
Sollicité, un porte-parole de Kering a refusé de commenter les informations du Figaro.
Le titre Kering grimpait lundi de 10,05% à 189,94 euros, de loin en tête du CAC 40. La valeur est en passe de signer sa plus forte hausse journalière depuis mars 2020.
Le départ soudain de Luca de Meo de chez Renault, dont il a été l'artisan du redressement, constitue un coup de théâtre alors que le dirigeant avait été renouvelé l'an dernier pour quatre ans.
"De Meo est considéré comme ayant largement contribué au redressement de Renault grâce à la nouveauté des produits, à l'innovation technologique, à la transition vers les véhicules électriques, à la revalorisation de la marque et au retour à la croissance et aux bénéfices", estiment les analystes de Citi.
Luca de Meo devait présenter à l'automne un nouveau plan stratégique, "Futurama", pour tenter de pérenniser le succès récent du groupe. Renault est l'un des rares constructeurs à ne pas avoir averti sur ses résultats financiers à l'automne dernier.
Un porte-parole de Renault a indiqué lundi à Reuters que le départ de Luca de Meo ne remettait pas en cause le prochain plan stratégique.
Le départ de Luca de Meo "constituera naturellement un revers dans ce processus pour l'entreprise, mais on s'attend à ce que le prochain DG reprenne cette question [du futur plan, NDLR] au premier semestre 2026, avec une annonce prévue de son successeur au plus tard à la fin de l'exercice 2025", ont déclaré les analystes de JP Morgan dans une note.
CHAMBOULEMENT DE GOUVERNANCE
Arrivé de Volkswagen à la tête de Renault en 2020, année marquée par une perte historique pour le constructeur français, Luca de Meo a relancé le groupe à travers une vaste offensive produit, notamment avec le retour de silhouettes iconiques comme la R5, ainsi qu'avec une politique de partenariats tous azimuts pour maintenir le constructeur dans la course à l'électrification malgré une taille et une marge de manoeuvre financière inférieure à des concurrents plus grands que lui.
Son départ inattendu de Renault marque le deuxième départ de haut niveau d'un constructeur automobile européen en six mois, après la démission de Carlos Tavares de Stellantis STLAM.MI .
"Les changements récents chez Stellantis pourraient fournir un vivier de candidats", relèvent les analystes de Jefferies.
D'après eux, le départ de Luca de Meo de chez Renault "pourrait nuire aux premières actions de lobbying (conjointes avec Stellantis) visant à relancer le segment des petites voitures à prix abordable en Europe".
"Cela renforcera les inquiétudes quant à la capacité de Renault à rester indépendant, à l'influence croissante de Geely en tant qu'investisseur minoritaire (moteurs, Corée, Brésil) et à l'interférence de l'État français, qui détient 15% du capital", ajoutent-ils.
BESOIN DE REDRESSEMENT
Si le transfert de Luca de Meo vers Kering se confirme, cela marquerait par ailleurs un changement radical au sein du groupe de luxe qui n'a pas réussi récemment à convaincre les investisseurs financiers avec son projet de redressement de Gucci, principal contributeur aux ventes et au bénéfice du groupe.
L'annonce de l'arrivée de Luca de Meo au sein du géant du luxe pourrait intervenir prochainement, ont déclaré deux sources proches du dossier, l'une d'entre elles évoquant une annonce après la clôture des Bourses européennes lundi.
"Recruter quelqu'un qui n'est pas issu du secteur du luxe peut sembler risqué, mais son profil semble bien adapté pour diriger Kering. Nous voyons d'un bon œil la nomination d'une personne extérieure à l'entreprise, et Luca de Meo pourrait être le profil idéal pour mener à bien le redressement", ont déclaré les analystes de Kepler Cheuvreux.
Ceux de Citi se montrent plus prudents, soulignant que le processus de redressement d'une marque de luxe est devenu beaucoup plus long, complexe et coûteux.
"Nous pensons qu'il est prématuré d'adopter une position plus positive compte tenu du manque de visibilité sur le redressement de Gucci. Il reste encore beaucoup de travail à accomplir", a déclaré Thomas Chauvet, analyste chez Citi.
(Rédigé par Mara Vîlcu, avec la contribution de Mimosa Spencer, Gilles Guillaume, Tassilo Hummel à Paris, Danilo Masoni à Milan, édité par Blandine Hénault)