Rémy Cointreau : les ventes dépassent les prévisions au T1, objectif de ROC annuel relevé information fournie par Reuters 25/07/2025 à 09:34
Rémy Cointreau a fait état vendredi d'une croissance de ses ventes au premier trimestre pour la première fois depuis début 2023 et a relevé sa prévision de bénéfice pour l'ensemble de l'année, alors que les menaces douanières s'estompent, ce qui suscite un certain optimisme autour du fabricant français de spiritueux.
Le fabricant du cognac Rémy Martin et de la liqueur Cointreau a publié un chiffre d'affaires de 220,8 millions d'euros au titre de son premier trimestre, contre 217,0 millions d'euros un an plus tôt, tandis que les analystes tablaient en moyenne sur 213,9 millions et une hausse organique de 2,3%, selon le consensus fourni par la société.
L'action avance de plus de 4% dans les premiers échanges vendredi à la Bourse de Paris.
Ce résultat marque le premier trimestre de croissance du chiffre d'affaires depuis début 2023, après que le groupe a été confronté à une érosion de ses ventes sur ses principaux marchés américains et chinois.
Rémy Cointreau explique que cette hausse est due à une forte progression de ses ventes aux Etats-Unis, soutenue par une base de comparaison très favorable.
Les ventes en Chine ont quant à elles continué de diminuer au cours du trimestre avec les conditions de marché difficiles et la non-accessibilité du duty free chinois, mais Rémy a qualifié ce recul de "limité".
L'inflation aux États-Unis et la baisse de la consommation en Chine compliquaient déjà les activités de Rémy avant même que des droits de douane réels ou potentiels ne soient imposés sur ces deux marchés clés.
Pékin lui impose des droits de douane depuis octobre 2024, mais ceux-ci ont été réduits dans le cadre d'un accord conclu au début du mois entre l'industrie des spiritueux et les autorités chinoises.
Le groupe a déclaré plus tôt ce mois-ci avoir conclu un accord avec les autorités chinoises s'engageant à respecter un prix minimum à l'importation en Chine et, en contrepartie, les droits antidumping "définitifs" qui devaient être imposés aux exportations européennes ne seront pas appliqués.
La société dit s'attendre désormais à ce que les droits de douane aient un impact maximal net total de 45 millions d'euros sur l'ensemble de l'année, contre 65 millions d'euros précédemment.
Si Rémy Cointreau a réduit le montant de l'impact lié aux droits de douane chinois de 40 millions d'euros à 10 millions d'euros, il a relevé celui attendu des surtaxes américaines sur les produits européens à 35 millions d'euros, contre une prévision de 25 millions d'euros auparavant.
La prévision révisée repose sur l'hypothèse que les exportations européennes vers les États-Unis seront soumises à un taux de droits de douane de 30%, soit le niveau que le président américain Donald Trump a menacé d'imposer le 1er août si les négociations en cours ne débouchaient pas sur un accord plus favorable.
Auparavant, le groupe tablait sur un taux de 20%.
Cependant, selon deux sources diplomatiques, Washington et Bruxelles seraient proche d'un accord qui prévoirait des droits de douane de base de 15% sur les produits européens importés.
"Si ce taux tarifaire est ramené à 15%, cela pourrait représenter une augmentation brute de 8% des prévisions d'Ebit ; si les spiritueux sont exemptés des droits de douane américains, cela représenterait une augmentation brute de 16% des prévisions", écrivent les analystes de Jefferies dans une note.
"Même si une partie de cette augmentation pourrait être réinvestie/absorbée si le second semestre s'avère plus difficile en termes de chiffre d'affaires, cela impliquerait une nouvelle révision à la hausse des prévisions à un stade ultérieur", ajoutent-ils.
Rémy Cointreau s'attend désormais à une baisse organique de son bénéfice opérationnel courant (ROC) annuel comprise entre 5% et 9% ("mid-to-high-single-digit"), contre une baisse de 15% à 20% ("mid-to-high-teens") précédemment anticipée.
Le groupe réalise environ 70% de son chiffre d'affaires grâce au cognac, principalement aux États-Unis et en Chine, ce qui la rend plus exposée aux droits de douane et aux ralentissements économiques que ses concurrents Diageo et Pernod Ricard, qui disposent de portefeuilles et d'une couverture géographique plus larges.
Les ventes de cognac du groupe ont par ailleurs augmenté de 1,3% en termes organiques, dépassant également les attentes, malgré des conditions de marché difficiles en Chine et une forte baisse des ventes en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique.
(Reportage Emma Rumney, version française Diana Mandiá, édité par Kate Entringer et Augustin Turpin)