POINT HEBDO-Tarifs douaniers, IA et résultats d'entreprises au menu des marchés
information fournie par Reuters 03/02/2025 à 07:00

(Répétition sans changement d'une dépêche publiée vendredi)

La politique commerciale du président américain Donald Trump sera au centre de l'attention dans les prochains jours alors que les investisseurs évalueront par ailleurs des données sur le marché de l'emploi aux Etats-Unis, le nouveau paysage mondial de l'intelligence artificielle (IA) ou encore des résultats d'entreprises.

Tour d'horizon des perspectives de marché dans les jours à venir :

1/ TARIFS DOUANIERS

Les investisseurs obligataires, cambistes, responsables de la Réserve fédérale américaine (Fed) ou encore les grandes puissances étrangères devraient avoir de premières réponses sur le sérieux et l'ampleur des tarifs douaniers que Donald Trump souhaite imposer.

Le président américain a promis de frapper dès samedi le Canada et le Mexique avec des taxes de 25% jusqu'à ce que les migrants illégaux et le fentanyl cessent de traverser leurs frontières. Le champ d'application des droits de douane s'étend sur un total de 1.000 milliards de dollars de marchandises expédiées chaque année aux États-Unis.

Le Canada espère prévenir toute action en lançant une campagne de répression contre le fentanyl, le Mexique ayant déjà réalisé en décembre la plus grande saisie de fentanyl de son histoire.

Le cas de la Chine est sans doute plus intéressant. Personne ne sait si des droits de douane de 10% sont également prévus pour samedi. La Maison blanche a réaffirmé qu'elle envisageait toujours sérieusement de le faire, même si Donald Trump a dit ne pas souhaiter vraiment utiliser les droits de douane contre la Chine à la suite d'un échange "amical" avec Xi Jinping.

2/ EMPLOI US

Le rapport mensuel sur l'emploi aux États-Unis, attendu vendredi prochain, intervient alors que les investisseurs évaluent les perspectives de nouvelles baisses des taux d'intérêt et la manière dont les nouvelles politiques de l'administration Trump pourraient remodeler le marché du travail.

L'explosion des créations d'emplois en décembre a suscité des doutes quant à la possibilité pour la Fed d'assouplir davantage sa politique monétaire, faisant grimper les rendements du Trésor. Les données encourageantes sur l'inflation ont calmé les craintes du marché, mais un rapport sur l'emploi très positif en janvier pourrait changer la donne.

Le président de la Fed, Jerome Powell, a déclaré qu'il n'était pas pressé de réduire à nouveau les taux jusqu'à ce que les données sur l'inflation et l'emploi le justifient.

La grande inconnue reste toutefois le programme de Donald Trump en matière d'emploi, qui prévoit notamment une répression de l'immigration et des plans de réduction de la main-d'œuvre fédérale, la Maison blanche offrant à deux millions d'employés fédéraux des incitations financières pour les encourager à quitter leur emploi.

3/ INTERROGATIONS SUR L'IA

L'émergence de la start-up chinoise DeepSeek, qui a présenté un modèle d'intelligence artificielle (IA) aussi performant que les géants américains nécessitant moins de coût d'entraînement et de création, pourrait remodeler le paysage mondial dans le secteur qui attire de plus en plus d'investisseurs.

Cette évolution a fait s'effondrer le géant américain des puces Nvidia. Mais DeepSeek remet également en question la domination générale de la technologie américaine et soulève des questions sur les avantages concurrentiels des sept plus grandes valeurs technologiques, les "Sept Magnifiques".

Avec les publications annuelles d'Alphabet GOOGL.O mardi et Amazon AMZN.O jeudi, les investisseurs auront l'occasion de déterminer le bien-fondé de la récente volatilité du marché lié à l'IA.

4/ LES BANQUES EUROPÉENNES

La publication des résultats annuels des banques européennes s'accélère au cours de la semaine à venir, avec les groupes français BNP Paribas BNPP.PA , Société Générale SOGN.PA et Crédit Agricole CAGA.PA , la banque suisse UBS UBSG.S et sa consoeur espagnole Santander SAN.MC .

On s'attend à ce que la plupart des banques aient encore tiré suffisamment de liquidités de la hausse des taux d'intérêt - aidés par l'augmentation des revenus de la banque d'investissement - pour augmenter leurs bénéfices et soutenir leurs cours de Bourse. Les investisseurs seront attentifs à tout signe indiquant que la récente vague de transactions financières a encore de beaux jours devant elle.

Pourtant, des difficultés se profilent à l'horizon. La baisse des taux d'intérêt exerce une pression sur les marges d'intérêts, la différence entre ce que les banques gagnent sur les prêts et ce qu'elles paient sur les dépôts, tandis que la faiblesse de l'économie sur le Vieux Continent pèse sur leurs activités.

Déjà, Deutsche Bank DBKGn.DE a suscité des inquiétudes en annonçant une forte baisse de ses bénéfices et en renonçant à un objectif clé en matière de coûts.

5/ AU TOUR DE LA BOE

La Banque d'Angleterre (BoE) se réunit jeudi pour décider de sa politique en matière de taux d'intérêt. Les marchés n'intègrent pas encore une baisse d'un quart de point mais les économistes semblent penser que c'est l'issue la plus probable.

Les données sur l'économie britannique s'affaiblissent: de multiples mesures de l'emploi montrent que des fissures apparaissent sur le marché du travail et les dépenses de consommation ont diminué de manière inattendue pendant la période clé des fêtes de fin d'année.

Le produit intérieur brut (PIB) britannique a stagné au troisième trimestre 2024 et la BoE s'attend à ce qu'il en soit de même au dernier trimestre.

Plusieurs banques estiment que l'économie britannique aura du mal à croître ne serait-ce que de 1% cette année, malgré les plans de la Chancelière de l'Echiquier Rachel Reeves pour relancer la croissance.

Enfin, les turbulences sur le marché obligataire au début du mois ont poussé le rendement à 10 ans de la dette souveraine britannique à son plus haut niveau depuis 2008. S'il a depuis reculé, il reste bien au-delà de 4,5%, soit plus que n'importe quelle économie du G10, à l'exception de la Nouvelle-Zélande.

(Rédigé par Kevin Buckland à Tokyo, Saqib Ahmed et Lewis Krauskopf à New York ainsi que Tommy Wilkes et Amanda Cooper à Londres, compilé par Karin Strohecker ; version française Bertrand De Meyer, édité par Blandine Hénault)