POINT HEBDO-Nvidia et la "tech" US dans le viseur des marchés information fournie par Reuters 22/08/2025 à 11:26
Le fabricant de semi-conducteurs spécialisés dans les applications pour l'intelligence artificielle Nvidia NVDA.O publiera mercredi ses résultats trimestriels, un évènement toujours très attendu par les investisseurs.
La publication de la valeur "star" de l'IA interviendra alors que le secteur de la technologie américaine a connu ces derniers jours un mouvement de vente alimenté à la fois par les craintes d'intervention accrue du gouvernement, les inquiétudes sur une potentielle "bulle" autour du segment et la prudence avant l'intervention de président de la Réserve fédérale Jerome Powell à Jackson Hole.
Les développements autour de l'Ukraine et des négociations pour un arrêt du conflit retiendront aussi l'attention.
Tour d'horizon des perspectives de marché dans les jours à venir :
1/ FOCUS SUR NVIDIA
La publication, mercredi, des résultats de Nvidia revêtira une importance accrue face aux pressions auxquelles font face les grandes valeurs de la "tech" américaine.
Le géant technologique, qui surfe sur les développements liés à l'IA, est devenu le mois dernier la première entreprise à dépasser les 4.000 milliards de dollars de capitalisation boursière.
Tout commentaire de Nvidia concernant la demande et les dépenses pourrait avoir de vastes ramifications pour les entreprises exposées à l'IA.
Mais l'accent pourrait aussi être mis sur le récent accord conclu par Nvidia avec l'administration de Donald Trump, qui accorde au gouvernement américain 15% des recettes provenant de la vente de certaines puces avancées en Chine.
Le secrétaire américain au commerce, Howard Lutnick, envisage que le gouvernement prenne des participations dans Intel et d'autres fabricants de puces en échange de subventions dans le cadre d'une loi fédérale visant à stimuler la construction d'usines aux États-Unis, selon des sources.
2/ LE PRIX DE LA PAIX
Après le sommet en Alaska entre le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine, le président ukrainien Volodimir Zelensky et plusieurs dirigeants européens se sont rendus dans la foulée à Washington.
Des négociations en série qui n'ont pour l'heure pas permis d'aboutir à un cessez-le-feu en Ukraine. Donald Trump, qui cherche désormais à obtenir directement un accord de paix, a dit préparer un sommet entre Vladimir Poutine et Volodimir Zelensky.
Le président s'est engagé à ce que les Etats-Unis contribuent aux côtés des Européens aux garanties de sécurité demandées par Kyiv. Garanties qui restent encore à définir, tout comme les éventuelles concessions territoriales qui pourraient intervenir dans le cadre d'un accord de paix.
Si un tel accord reste encore incertain, les actions du secteur européen de la défense ont néanmoins été malmenées par les espoirs relatifs à une fin du conflit en Ukraine.
Mais la hausse structurelle des budgets de défense, notamment en Europe, apporte un soutien de long terme au compartiment, jugent analystes et stratèges.
"Un cessez-le-feu en Ukraine pourrait avoir un impact à court terme avec des prises de profits mais cela ne changera pas la dynamique haussière à moyen terme", estime François Rimeu, stratège chez Crédit Mutuel Asset Management.
3/ MR. BOND
Si le mouvement de vente sur les valeurs de la "tech" américain a retenu l'attention, le regain de pression sur les marchés obligataires est quant à lui passé un peu inaperçu.
Les rendements des obligations allemandes et françaises à 30 ans ont atteint cette semaine leur plus haut niveau depuis 2011, le taux des emprunts japonais à 30 ans a touché un plus haut historique et le rendement des obligations américaines à 30 ans avoisine 5%.
Ce mouvement de vente sur l'obligataire - les rendements évoluant à l'inverse des prix - s'explique pour des raisons bien connues: les niveaux d'endettement public augmentent et les gouvernements doivent donc vendre davantage d'obligations.
Certains pays, comme le Japon, sont engagés dans un cycle de relèvement des taux d'intérêt; d'autres, comme les États-Unis et le Royaume-Uni, sont confrontés à une inflation encore trop élevée.
Au Japon, la paralysie politique exerce encore une pression supplémentaire sur le marché obligataire.
Les appels à la démission du Premier ministre Shigeru Ishiba se sont multipliés après que la coalition gouvernementale a perdu sa majorité à la chambre haute du Parlement. Pour l'heure, le chef du gouvernement tient bon mais il pourrait devoir lâcher du lest sur certaines restrictions budgétaires afin de contenter les partis d'opposition en plein essor.
Les débats sur le budget 2026 promettent aussi une rentrée sociale mouvementée en France. Le Premier ministre François Bayrou a présenté le mois dernier une série de mesures visant à réaliser, selon ses calculs, près de 44 milliards d'euros d'économies et à ramener le déficit budgétaire à 4,6% du produit intérieur brut (PIB).
Le chef du gouvernement pourrait jouer sa survie lors de l'examen du projet de loi de finances 2026 qui sera débattu au Parlement à partir du mois d'octobre.
Sur les marchés, la situation budgétaire de la France est désormais jugée équivalente à celle de l'Italie. Le rendement de l'OAT française se situe à 3,45% contre 3,59% pour le taux du BTP italien.
(Lewis Krauskopf et Suzanne McGee à New York, Kevin Buckland à Tokyo, Dhara Ranasinghe à Londres et Libby George à Minneapolis; infographies Sumanta Sen; version française Blandine Hénault; édité par Augustin Turpin)