Perspectives du dollar avec la baisse de taux de la Fed
information fournie par Café de la Bourse 03/10/2025 à 15:59

Entre inquiétudes économiques, décisions de politique monétaire et tensions géopolitiques, le billet vert subit une pression croissante qui interpelle investisseurs et analystes en 2025 alors qu'ils se demandent dans quelle direction la devise américaine va évoluer.

Fin d'un cycle : le dollar américain recule après 15 ans de hausse

Le dollar américain a connu un début d'année 2025 historique, mais pour de mauvaises raisons. Il s'agit de son pire premier semestre depuis plus de 50 ans, mettant un terme à un cycle haussier ininterrompu de 15 ans. Jamais depuis 1973 la devise américaine n'avait autant reculé sur les six premiers mois d'une année et il faut remonter au second semestre 1991 pour retrouver une contre-performance aussi marquée.

Le dollar index a chuté de plus de 10 % en 2025, tombant à son plus bas niveau depuis 2022. La correction a été particulièrement importante face aux principales devises mondiales comme l'euro (–13 %) et la livre sterling (–8 %).

Pour quelles raisons le dollar américain a-t-il perdu autant de terrain en 2025 ?

La chute du billet vert en 2025 résulte de plusieurs facteurs économiques, politiques et géopolitiques qui ont progressivement fragilisé la confiance des investisseurs.

D'abord, la perspective de la baisse des taux de la Réserve fédérale américaine avait été largement anticipée et intégrée dans les cours. L'anticipation de ce repositionnement monétaire a réduit l'attrait du dollar par rapport à d'autres devises offrant des rendements potentiellement plus intéressants ou offrant des perspectives de croissance plus prometteuses.

En parallèle, l'ampleur grandissante du déficit budgétaire américain suscite une inquiétude croissante sur les marchés. Le creusement de la dette, alimenté par des dépenses publiques massives, nourrit la perception d'une trajectoire budgétaire peu soutenable, ce qui fragilise la crédibilité du dollar à long terme.

Face à ces faiblesses, l'euro est apparu comme une alternative plus séduisante. D'un côté, les valorisations boursières européennes sont plus attrayantes que celles des entreprises américaines, dont les valorisations sont déjà à leur plus haut niveau historique. De l'autre, les perspectives de croissance de la zone euro semblent mieux orientées, ce qui encourage les flux de capitaux vers l'Europe. La forte valorisation des marchés américains a ainsi incité de nombreux investisseurs à réallouer leurs actifs vers d'autres régions, ce qui s'est traduit par des ventes massives de dollars au profit d'autres devises.

Les tensions internationales et commerciales alimentent également les doutes sur la solidité de la croissance américaine. Dans ce climat d'incertitude, la crédibilité de la Fed est elle-même fragilisée par l'ingérence directe du président Trump dans sa gouvernance.

Les critiques virulentes du président américain contre certains gouverneurs et ses tentatives d'influence sur la politique monétaire ont affaibli la crédibilité de l'institution, ce qui se reflète directement au niveau de la confiance des marchés dans la monnaie américaine.

Enfin, le statut du dollar américain comme monnaie de réserve mondiale semble s'éroder progressivement. Les droits de douane imposés par l'administration Trump, le recours accru des États-Unis aux sanctions financières comme outil de politique étrangère, ainsi que l'endettement croissant du pays, ont accéléré la diversification des réserves de change par de nombreux États. Cette perte de centralité du dollar sur la scène internationale constitue sans doute l'un des signaux les plus préoccupants pour l'avenir de sa domination.

Qu'attendre du dollar américain fin 2025 et en 2026 ?

La trajectoire du billet vert reste incertaine, mais plusieurs signaux laissent entrevoir une poursuite de son affaiblissement. Si la Réserve fédérale maintient sa politique d'assouplissement face à un marché du travail en perte de vitesse, le dollar pourrait continuer de perdre du terrain, même dans un contexte d'inflation encore élevée.

Jerome Powell a lui-même reconnu, le 22 septembre 2025, que la Fed se trouvait dans une « situation difficile » : un assouplissement trop rapide risquerait d'ancrer durablement l'inflation, tandis qu'un resserrement excessif pourrait peser lourdement sur l'emploi. Pour l'instant, le président de la Fed a choisi la prudence, sans donner de calendrier précis pour de nouvelles baisses, bien que les marchés anticipent deux baisses de taux supplémentaires d'ici la fin de l'année 2025 et une autre au premier trimestre 2026.

Cette divergence entre prudence officielle et attentes des investisseurs entretient la volatilité sur le marché des devises, bien que le cycle haussier du dollar soit désormais derrière nous pour la plupart des analystes. Selon Morgan Stanley Research, la devise américaine pourrait encore céder jusqu'à 10 % d'ici la fin 2026, confirmant une réallocation progressive des flux financiers mondiaux vers d'autres monnaies et d'autres régions.

Sauf retournement majeur, le dollar devrait rester sous pression au cours des prochains trimestres avec des perspectives qui dépendent étroitement de la capacité de la Fed à gérer le délicat équilibre entre inflation et emploi.