Pernod Ricard : la dégradation de Morgan Stanley pèse sur le titre information fournie par AOF 10/09/2025 à 15:09
(AOF) - Pernod Ricard (- 2,78 %, à 91,74 euros) signe la plus forte baisse de l’indice CAC 40 et se dirige vers un cinquième repli consécutif. Le titre du numéro deux mondial des vins et spiritueux est victime de la dégradation des analystes de Morgan Stanley. Ces derniers sont passés de Pondération en ligne à Sous-pondérer, en réduisant leur objectif de cours de 90 à 85 euros.
La banque américaine estime qu'après la publication des résultats annuels le 28 août dernier et la correction partielle de la hausse du cours de l'action, le titre Pernod Ricard est surévalué et qu'il existe un risque important de révisions à la baisse des bénéfices.
L'estimation des analystes de Morgan Stanley pour le bénéfice par action 2026 est inférieure de 9 % au consensus. Ils pensent également que les cessions d'actifs pourraient en outre peser sur le bénéfice par action.
Morgan Stanley note toutefois que les résultats de l'exercice 2024-2025 ont été positifs grâce à la réduction des coûts et au ralentissement de la liquidation des stocks de distributeurs avant les droits de douane aux États-Unis.
Le premier trimestre 2025-2026 devrait toutefois être faible avec notamment un bénéfice d'exploitation en repli de 6,5 % selon la banque américaine.
Fin août, Pernod Ricard avait dévoilé des résultats annuels en baisse, mais légèrement moins que prévu. Le groupe table sur une amélioration " des tendances du chiffre d'affaires organique " à partir du deuxième semestre de son exercice 2025-2026.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Numéro 2 mondial, derrière Diageo, des vins et spiritueux, né en 1975 de la fusion entre Pernod, fondé en 1805, et Ricard, en 1932 ;
- Activité de 11,6 Mds€ apportée à 62 % par les 12 marques stratégique internationales, 18 % par les marques Prestige, à 18 % par les 13 marques stratégiques locales, 7 % par les spécialités et 4 % par les vins stratégiques ; - 4 pays-phare –Etats-Unis pour 19 %, Inde (12 %), Chine (10 %) et France (5 %) ;
- Fortes positions dans les alcools blancs, rhums et anisés (n° 1 mondial), les whiskies et liqueurs (n° 2), les cognacs, brandies et amers (n° 3) ;
- Ambition de forte croissance des revenus et des marges à partir de l’identification de 4 accélérateurs -positionnement unique par marque, services premium et luxes accélération digitale- et un outil -La Conviviality Platform d’optimisation du potentiel des marques ;
- Capital détenu à 14,06 % (20,09% des droits de vote) par la famille fondatrice, devant les salariés (2,3% et 1,77%) et le groupe Bruxelles-Lambert (7,6 % et 12,8 %), Alexandre Ricard étant président-directeur général du conseil de 15 administrateurs.
Enjeux
- Agilité du modèle d’affaires, « du terroir au comptoir » :
- organisation décentralisée entre le siège, 6 sociétés de marques -Absolut, Chivas, Martell-Mumm-Perrier-Jouët, Irish Distillers, Pernod-Ricard et Havana Club- et 5 sociétés de marché en support des marques internationales et locales,
- recentrage du portefeuille sur le premium : vers la cession début 2025 de la division de vins et identification des marques dites « Prestige », axe de croissance à long terme,
- face au recul des revenus, de 3 %, au 3ème trimestre, focus sur la reprise des ventes, déploiement des initiatives d’efficacité, notamment en Inde, et des Key Digital Programs,
- grande discipline sur les coûts, avec des économies estimées à 1 Md€ de 2025/26 à 2028/29, afin de maintenir le taux de marge opérationnelle,
- distribution par un réseau propre dont une unité opérationnelle d’e-commerce (The Whisky Exchange, Drinks&Co et Bodeboca),
- regroupement dans un Hub unique de l’innovation (hors les sites « ready to drink » du champagne et du prestige), approche « Consumer insights » d’anticipation des tendances, expérimentation TLO -test, learn, optimize;
- Stratégie environnementale « S&R roadmap » visant la neutralité carbone en 2050 :
- point d’étape 2030 : zéro émission nette de CO2 pour les opérations propres,
- préservation des 350 terroirs par agriculture régénératrice, partenariats avec + 5 000 agriculteurs, maintien de la biodiversité et réutilisation des eaux,
- économie circulaire « écoSPIRITS » (zéro déchet en décharge, 100 % d’électricité renouvelable sur les sites de production…),
- emprunts et fécilités de crédits verts ;
- Structure financière dégradée au 1er semestre : face à 15,8 Mds€ de capitaux propres, 12 Mds€ de dette nette (levier de 3,5 %), l’activité générant un autofinancement libre de 440 M€.
Défis
- Forte saisonnalité : 2/3 de l'activité réalisé au 1er semestre (juillet-décembre dont 1/4 en décembre), impact négatif des parités de change sur le résultat d’exploitation ;
- Sensibilité aux droits de douane instaurés aux Etats-Unis et en Chine, avec impact sur le secteur du « retail travel » au niveau mondial ;
- Recherche d’un acquéreur du champagne Mumm ;
- Objectif 2024/25 confirmé : retour à la croissance organique des revenus et maintien de la marge opérationnelle ;
- Anticipations 2026/27 à 2028/29 ; croissance du chiffre d’affaires, entre + 4 % et + 7 % et progression de la marge opérationnelle organique.