Paris: chute de 1,7% en raison d'un risque de crise politique
information fournie par Cercle Finance 26/08/2025 à 11:19

(Zonebourse.com) - La Bourse de Paris poursuit son repli mardi matin, pénalisée par le retour des tensions politiques dans l'Hexagone et par le climat de prudence qui prévaut à la veille des résultats trimestriels très attendus de Nvidia, le géant américain des puces dédiées à l'IA. L'indice CAC40 perd 1,7% vers 7710 points.

François Bayrou, le premier ministre français, a pris de court les observateurs hier en annonçant lors d'une conférence de presse consacré à son projet de budget 2026 son intention d'engager la responsabilité de son gouvernement le lundi 8 septembre en vertu de l'article 49.1 de la Constitution.

Dans le foulée, le RN, LFI, les Ecologistes et le Parti Socialiste ont tous annoncé qu'ils ne voteraient pas la confiance au gouvernement.

La perspective d'une nouvelle crise politique en France après celle déclenchée l'an dernier par les législatives anticipées a vite suscité l'inquiétudes sur les marchés: le CAC 40 a largement sous-performé les autres places mondiales hier en terminant la séance au plus bas du jour, sur un repli de l'ordre de 1,6%.

Sur le compartiment obligataire, le rendement des emprunts d'Etat à dix ans est remonté à 3,51%, alors qu'il évoluait encore autour de 3,38% vendredi.

Le 'spread' - c'est-à-dire l'écart de rendement entre le Bund allemand et l'OAT française à 10 ans - se tend en conséquence à 76 points de base, les investisseurs s'inquiétant d'une possible censure du gouvernement.

Signe de la nervosité des intervenants, le VIX mesurant la volatilité sur l'indice Euro STOXX 50 a grimpé de presque 12% hier pour revenir autour de 16,9.

Si le marché jugeait jusqu'ici plutôt rassurantes les grandes lignes du projet de budget présenté par le gouvernement Bayrou qui vise à ramener le déficit public français sous les 3% du PIB à horizon 2029, beaucoup d'observateurs avertissaient qu'il serait difficile de le faire passer devant le parlement.

'Les négociations sont quasiment vouées à l'échec compte tenu de l'effort important à réaliser dans un contexte d'Assemblée nationale très divisée', rappelaient les équipes d'Ostrum AM il y a quelques semaines.

'La difficulté sera la même que pour Michel Barnier en décembre dernier', d'après le gestionnaire d'actifs.

'Le risque d'une motion de censure à l'encontre de François Bayrou est élevé. On ne peut exclure une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale', conclut Ostrum.

Si le gouvernement ne parvient pas rapidement à réduire le déficit public, les agences de notation n'hésiteront pas à dégrader une nouvelle fois la note de la dette française, ce qui aurait pour corollaire de renchérir le coûts de ses emprunts, une situation jugée préoccupante au vu de l'ampleur de la dette du pays.

Les prises de bénéfice ont été favorisées par le climat de prudence qui domine avant la parution, demain, des résultats trimestriels du fabricant de puces californien Nvidia, qui s'est imposé comme le véritable moteur de la progression de Wall Street ces deux dernières années sur fond d'engouement autour de l'IA.

'Les résultats de Nvidia ne concernent pas seulement juste une entreprise, ils secouent l'ensemble du marché', rappelle Charu Chanana, la stratège de Saxo Banque.

'Ils englobent toute la 'hype' qui porte l'IA, tous les indices boursiers et même la confiance des investisseurs partout dans le monde', souligne l'analyste.

Charu Chanana fait valoir que la pondération de Nvidia représente aujourd'hui environ 8% du S&P 500, et encore plus des indices de la tech.

'Résultat: dès que le titre bouge, c'est tout un tas de portefeuilles qui varient', conclut-elle.

Dans ce contexte, les investisseurs ont également joué la prudence hier à Wall Street. Après sa fin de semaine en fanfare vendredi dernier, le Dow Jones a essuyé un recul de près de 0,8%, le S&P 500 a perdu plus de 0,4% et le Nasdaq Composite s'est replié de plus de 0,2%.

Sur le marché des changes, l'euro tente de repartir de l'avant, au-delà de 1,1620 face au dollar, après avoir enfoncé hier son support de 1,1650 dans le sillage de rachats à bon compte sur le dollar qui était revenu la semaine dernière à des plus bas depuis plusieurs années.

La perspective d'une baisse des taux de la Fed en septembre a continué de profiter aux Treasuries, même si le rendement du10 ans américain se stabilisait autour de 4,27% en fin de séance hier.

Sur le marché pétrolier, les cours du brut sont repartis à la baisse après leur progression de la semaine passée, le WTI texan reculant d'environ 1,1% à environ 64 dollars.