Oracle chute, les prévisions déçoivent et la hausse des dépenses inquiète (actualisé) information fournie par Reuters 11/12/2025 à 15:56
(Actualisé avec ouverture de Wall Street et cours des valeurs de la "tech")
par Kanchana Chakravarty
Oracle ORCL.N chute jeudi de près de 16% dans les premiers échanges à Wall Street après avoir dit anticiper un chiffre d'affaires pour le trimestre en cours inférieur aux attentes, tout en annonçant une hausse de ses dépenses d'investissement, notamment dans l'intelligence artificielle (IA).
Ces annonces alimentent les craintes selon lesquelles les investissements massifs dans l'IA pourraient prendre plus de temps que prévu avant de porter leurs fruits.
Les dirigeants d'Oracle ont averti que les dépenses d'investissement pour l'exercice 2026 devraient grimper à 50 milliards de dollars, soit 15 milliards de dollars de plus par rapport au chiffre communiqué en septembre par le groupe lors de la publication de ses résultats.
Le titre Oracle, qui a pris près de 34% depuis le début de l'année à la faveur des accords signés dans le "cloud computing" (informatique dématérialisée) avec OpenAI et d'autres groupes, ainsi que des projets de construction de centres de données, s'achemine vers sa plus forte baisse quotidienne depuis mars 2001.
Les investisseurs sont cependant devenus plus prudents au fil du temps, examinant de près les résultats des principales sociétés de cloud computing pour y déceler les signes d'une bulle dans l'IA, alimentée par des dépenses importantes, des valorisations élevées, des gains de productivité limités dans le monde réel et des investissements circulaires complexes.
"Notre ressenti est mitigé quant à l'ampleur des investissements dans les centres de données prévus par Oracle pour les années à venir", écrivent les analystes de Morningstar dans une note.
"Si l'enthousiasme pour l'IA diminue à long terme et que des clients clés comme OpenAI réduisent leur demande de calcul, il pourrait être difficile pour Oracle de capter les volumes de travail pouvant se substituer à la formation et à l'inférence de modèles d'IA", ajoutent-ils.
Une mesure très surveillée par les investisseurs portant sur les futurs contrats dans le cloud est également ressortie en dessous des attentes de Wall Street.
Oracle a annoncé 523 milliards de dollars de contrats futurs, contre 526 milliards de dollars anticipés, selon les données de Visible Alpha.
Prié de dire comment le groupe financerait la construction des centres de données lors de la conférence téléphonique qui a suivi la présentation des résultats, le directeur général Clay Magouyrk a déclaré : "L'une (des solutions) consiste à permettre aux clients d'apporter leurs propres puces. Dans ce cas, Oracle n'a évidemment pas à engager de dépenses d'investissement initiales pour ce modèle."
LES VALEURS LIÉES À L'IA RECULENT AUSSI
Oracle a dit prévoir une croissance de son chiffre d'affaires pour le trimestre en cours, le troisième de son exercice fiscal décalé, compris entre 16% et 18%, contre un consensus à 19,4%, selon les données de LSEG.
"Ce sera une question de patience pour les investisseurs. Ce boom de l'IA ne sera pas un succès du jour au lendemain, et les dépenses à court terme sont une nécessité, mais cela mettra la pression sur les marges", estime Farhan Badami, analyste marchés chez eToro.
L'action Oracle se négocie à un ratio cours/bénéfice prévisionnel de 29,56, contre 27,24 pour Microsoft MSFT.O et 29,06 pour Amazon AMZN.O , selon les données compilées par LSEG.
D.A. Davidson a abaissé son objectif de cours sur Oracle de 200 dollars à 180 dollars alors que l'action se négocie jeudi autour de 191 dollars.
Dans le sillage de la chute d'Oracle, à 14h50 GMT, CoreWeave
CRWV.O recule de 6,21%, Nvidia NVDA.O de 2,80%, Advanced Micro Devices AMD.O de 3,14% et Micron Technology MU.O de 3,35%.
Le secteur technologique .SPLRCT (-1,65%) et celui des semi-conducteurs .SOX (-2,02%) sont dans le rouge à Wall Street.
Au même moment, l'indice Dow Jones .DJI avance de 0,46%, tandis que le Standard & Poor's 500 .SPX recule de 0,58% et le Nasdaq Composite .IXIC de 1,14%.
(Rédigé par Kanchana Chakravarty à Bangalore et Danilo Masoni à Londres, version française Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)