Nucléaire et chauffage décarboné : Calogena, jeune pousse française des mini-réacteurs SMR, va s'implanter au CEA de Cadarache
information fournie par Boursorama avec Media Services 27/08/2025 à 14:55

Soutenue par le programme française 2030, la start-up développe "CAL-30", un réacteur nucléaire petit format destiné au chauffage urbain. Le projet illustre les efforts pour élargir la palette d'utilisation de l'atome, au-delà de la simple production d'électricité.

( AFP / BORIS HORVAT )

Portés par la relance de l'atome, les projets de mini-réacteurs SMR se développent peu à peu en France. La start-up nucléaire Calogena, filiale du groupe industriel Gorgé a annoncé mardi 27 août la signature d'une lettre d'intention avec le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), pour étudier la faisabilité d'une implantation de sa chaudière alimentée au combustible d'uranium dans le centre du CEA à Cadarache (Bouches-du-Rhône).

Exploiter les applications non-éléctriques de l'atome

Cette chaudière consiste en un petit réacteur modulaire (PRM, ou SMR, small modular reactor, en anglais) d'une puissance de 30 MW thermiques nommé CAL30. "Calogena et le CEA ont signé une lettre d'intention relative à l'étude de l'implantation d'un module Calogena sur le centre du CEA de Cadarache et de son raccordement au réseau de chaleur du centre", ont indiqué la start-up et le CEA dans un communiqué conjoint.

Ce PRM n'a pas pour fin de produire de l'électricité, mais est spécifiquement conçu pour alimenter les réseaux de chaleur urbains en énergie décarbonée et réduire leur dépendance aux énergies fossiles.

Dans le cas du chauffage urbain nucléaire, la vapeur produite par une centrale nucléaire est acheminée à travers les réseaux de chauffage régionaux. Selon l'agence internationale de l'énergie atomtique, cette pratique est déjà appliquée dans plusieurs pays d'Europe de l'est (Bulgarie, Hongrie, République tchèque, Roumanie, Russie, Slovaquie, Ukraine...) ou encore en Chine et Russie.

"150 fois plus petit qu'un EPR"

La start-up nucléaire avait annoncé le 5 novembre dernier le dépôt de sa demande d'homologation pour son projet de chaudière alimentée au combustible d'uranium, auprès de l'autorité de sûreté nucléaire (ASNR), procédure toujours en cours, a indiqué mardi Calogena, contactée par l'AFP. "Les options de sûreté sont en cours d'instruction à ce stade", a dit la start-up, qui est également "en phase de pré-instruction avec l'équivalent de l'ASNR en Finlande, le STUK".

Ce réacteur qui a vocation à être implanté près des centres urbains sera doté d'une "multitude de barrières de sûreté" excluant "la possibilité de fusion du cœur", avait assuré la direction de Calogena lors du dépôt de la demande d'homologation. Son réacteur, moins puissant que les réacteurs traditionnels, est présenté comme "150 fois plus petit qu'un réacteur (de nouvelle génération) EPR".

Avant Calogena, seul le projet Nuward porté par l'électricien national EDF avait déposé un dossier d'option de sûreté, en juillet 2023, suivi du projet de la start-up Jimmy, passée directement à la phase de dépôt d'une DAC (demande d'autorisation de création) en avril 2024. Mais celle-ci a été contrainte de revoir la conception de son projet, selon des informations de La Tribune en juillet. Auparavant, EDF avait annoncé à l'été 2024 revoir les plans de Nuward pour travailler à un autre "design".

Outre la production d'électricité, le recours à l'électronucléaire fait l'objet de projets dans de nombreuses applications. Sont notamment concernés les secteurs du dessalement de l'eau de mer, de la production d'hydrogène, de chaleur industrielle (métallurgie, fabrication de verre et ciment), ou encore le raffinage et la production de gaz de synthèse.