Nous ne lâchons pas les valeurs françaises en pleine tempête ! information fournie par Les sélections de Roland LASKINE 10/10/2025 à 11:30
Le 10 octobre 2025
Les grincheux qui voient dans les traders et autres gestionnaires de fonds d'horribles profiteurs, pire des exploiteurs de la misère humaine, vont devoir réviser leur jugement. Alors que les Français dépriment et se désespèrent de leur classe politique, la Bourse nous donne une belle leçon d'optimisme. Loin de railler tous les travers de nos indomptables caractères gaulois, les investisseurs internationaux n'ont pas sanctionné le renversement d'un troisième Premier ministre français en un peu plus d'un an. En dépit de la démission de Sébastien Lecornu, intervenue lundi matin, le CAC 40 n'a pratiquement rien perdu de la semaine. Le taux de rendement de la dette française est même revenu autour des 3,5%, à un niveau inférieur à ce qu'il était avant la folle journée de lundi dernier.
Ne nous y trompons pas : les marchés ne prêtent aucun crédit à notre classe politique, qui s'est largement décrédibilisée par son manque de courage et son irresponsabilité. Ce que salue la Bourse, c'est au contraire la perspective d'un gouvernement apolitique, composé d'hommes et de femmes de bonne volonté, choisis pour leur compétence dans chacun de leurs domaines respectifs. Ni de gauche, ni de droite : « un Premier ministre technocrate serait le seul moyen de faire prendre conscience à l'électorat français de l'ampleur des déficits publics et d'obtenir un accord au Parlement », expliquait récemment le patron d'un important fonds d'investissement européen.
Au risque d'être pris en flagrant délit d'immodestie patente, c'est exactement sur ce raisonnement que je me suis fondé pour prendre la décision de renforcer les positions en milieu de semaine. Soit deux jours après la démission de Sébastien Lecornu, alors que la recherche d'un nouveau Premier ministre s'orientait vers quelqu'un « ne figurant pas parmi les candidats à la prochaine élection présidentielle de 2027 », selon les termes utilisés par l'éphémère locataire de Matignon chargé de mener d'ultimes négociations pour sortir de la crise actuelle. Les achats que nous avons effectués ont essentiellement concerné notre sélection d'ETF Monde constituant, par les temps qui courent, le véhicule idéal pour diversifier les positions, ainsi que le portefeuille Offensif sur lequel nous n'avons jamais renoncé à nous montrer actifs en toutes circonstances. Fidèle à sa vocation de protection du capital investi, le portefeuille Défensif est en revanche resté très en retrait. Nous attendrons d'y voir plus clair sur l'évolution de la situation avant de reprendre l'initiative sur ce portefeuille. Les positions ont par ailleurs été augmentées sur la sélection de fonds ISR afin de renforcer l'actif investi, devenu insuffisant pour suivre la progression du marché.
Dans la sélection d'ETF Monde nous n'avons pas hésité à ouvrir encore plus la diversification de nos placements, avec l'acquisition tout d'abord de 2000 parts du tracker Amundi MSCI World PEA représentatif de l'évolution des marchés mondiaux, mais en réalité orienté à hauteur de près des deux tiers vers les valeurs américaines. La part des valeurs chinoises représentée par le tracker Amundi Chine (ex-MSCI China) a été encore renforcée de 1000 parts supplémentaires. Cette ligne de titres, qui arrive en troisième position au sein de notre sélection, a pleinement profité de la forte hausse de l'indice Shanghai Composite aujourd'hui au plus haut depuis 2015. Achat, également cette semaine, de 300 parts du tracker Amundi PEA Nasdaq toujours proche de ses records historiques grâce à l'extraordinaire parcours de la « tech » américaine, en dépit du « shutdown » qui paralyse toujours l'administration américaine.
La zone euro voit aussi sa part renforcée dans notre sélection d'ETF Monde avec l'acquisition de 100 parts de l'ETF Amundi Eurostoxx 50. L'objectif est de rester présent sur les grandes valeurs de la zone euro notamment portées par la très bonne tenue de la Bourse de Francfort, ainsi que par les excellentes performances des places espagnole et italienne. A titre plus spéculatif, nous avons acheté 200 parts du tracker Amundi CAC 40 qui dispose d'un fort potentiel de rebond en cas de sortie par le haut de l'impasse politique et budgétaire dans laquelle nous nous trouvons. Sur un mois glissant, ces différents arbitrages ne permettent pas à la sélection Monde de faire mieux que l'indice phare de la Bourse de Paris, décidément très en forme depuis quelques semaines. Elle affiche, en revanche, une performance deux fois supérieure à l'indice parisien sur un an.
Dans le portefeuille Offensif, après avoir multiplié les arbitrages tout au long du mois de septembre, nous avons continué cette semaine en réalisant quatre opérations d'achat et une de vente partielle. Les achats ont été, cette fois-ci, concentrés sur des valeurs moyennes. Deux d'entre elles ont porté sur l'entrée en portefeuille de 200 actions Eramet, spécialisée dans l'extraction de métaux non ferreux, et de 1000 Vallourec, le leader mondial des tuyaux sans soudure notamment utilisés dans l'industrie parapétrolière. Ces sociétés, ayant été confrontées à de fortes difficultés, disposent aujourd'hui d'un fort potentiel de rattrapage : elles ont mis en place d'importants efforts de restructuration et d'accélération de leur développement international. Nous avons par ailleurs renforcé une nouvelle fois, de 600 actions supplémentaires, les positions sur Emeis (ex-Orpea), une autre société en pleine restructuration entrée en portefeuille le 18 septembre. En moins d'un mois cette ligne s'affiche déjà en progression de 18,5%. A l'inverse, dans un contexte toujours incertain pour le secteur automobile, nous avons préféré alléger les positions sur Renault (300 titres vendus cette semaine) qui peine à délivrer les performances attendues.
Quelle stratégie pour le quatrième trimestre ? Comme l'indique le titre de notre chronique hebdomadaire, nous n'avons pas lâché les valeurs françaises dans la tempête. Sans aucun doute dans un ultime élan patriotique qui veut que l'on n'accable pas son pays dans les périodes difficiles, mais aussi parce que nos entreprises sont dignes de confiance. Elles méritent d'être soutenues. Les investisseurs internationaux l'ont bien compris. Pour s'en convaincre il suffit de savoir qu'une bonne partie des sociétés du CAC 40 empruntent sur les marchés financiers à des taux désormais équivalents à ceux de l'État français, voire pour les meilleures d'entre elles à de meilleures conditions. La situation est suffisamment rare pour être soulignée. A la veille des premières publications des résultats du troisième trimestre, une certaine tension se fait certes sentir parmi les analystes financiers, en raison du ralentissement de la croissance mondiale, de l'imposition des exportations européennes vers les Etats-Unis à hauteur de 15%, ce qui n'a rien d'anodin, et surtout de la baisse du dollar qui pénalise nos exportateurs. En dépit de ces handicaps, les marchés attendent toujours une progression tout à fait honorable des profits des entreprises européennes située autour de 6,5% pour 2025. Dans le lot, les valeurs françaises tiennent leur rang, avec des anticipations à peu près équivalentes. Le calcul qui consiste à miser sur un rattrapage de la Bourse de Paris par rapport à la cote européenne est donc plus rationnel qu'il n'y paraît. Nous pensons, en tout cas, qu'il mérite d'être tenté, avec, comme le montrent nos récents arbitrages, un vif intérêt pour les valeurs moyennes. Ces dernières sont encore plus en retard que les premiers de cordée et sont moins exposées à l'impact négatif de la baisse du dollar.
Bonne lecture et bon week-end à tous,
Roland Laskine