Nissan-Réduction d'effectif au siège européen dans le cadre de la restructuration mondiale information fournie par Reuters 14/11/2025 à 09:35
(Actualisé avec précisions)
par Daniel Leussink et Gilles Guillaume
Nissan va supprimer 87 postes à son siège européen de Montigny-le-Bretonneux (Yvelines), selon un document et des emails internes, dans le cadre de la restructuration mondiale accompagnant le plan de redressement du constructeur automobile japonais et qui prévoit notamment une réduction de 15% des effectifs.
Le directeur général Ivan Espinosa veut rationaliser les activités et restaurer la profitabilité du groupe, en grande difficulté sur ses principaux marchés, des Etats-Unis à la Chine en passant par l'Europe.
Le plan Espinosa prévoit une baisse drastique de près de 30% de la capacité mondiale de production de Nissan Motor 7201.T pour la ramener à 2,5 millions de véhicules, et une réduction du nombre d'usines de 17 à 10.
La plupart des postes appelés à disparaître au siège européen, situé à l'Ouest de Paris, se situent dans le marketing et les ventes, selon le document que Reuters a pu consulter. Sur les 87 postes, 64 étaient occupés lorsque l'accord a été signé le mois dernier.
Nissan prévoit aussi de créer 34 nouveaux postes et d'ouvrir des postes vacants supplémentaires pour favoriser la mobilité interne des salariés, ce qui signifie qu'au terme du processus, le nombre final de départs sera inférieur.
Nissan emploie environ 570 personnes à son siège européen, qui supervise ses opérations en Europe continentale, au Royaume-Uni, en Afrique, au Moyen-Orient, en Inde et jusqu'en Océanie.
L'accord collectif d'entreprise relatif au plan de sauvegarde de l'emploi n'explique pas ce qui a motivé le choix des postes supprimés.
Le constructeur automobile japonais, a confirmé dans une déclaration à Reuters jeudi que sa direction européenne et les représentants des salariés étaient parvenus à un accord et que des changements dans son organisation avaient été annoncés en interne.
"Cette décision est motivée par la nécessité de refléter la réalité de l'environnement économique actuel et de répondre aux défis spécifiques de Nissan", a dit le groupe.
Parmi ces changements figurent une simplification des rôles, la suppression de certaines strates de management et un travail pour rendre l'ensemble de l'organisation plus efficace, a ajouté Nissan.
Loïc Salomon, le représentant CFDT signataire de l'accord, n'a pas répondu de son côté aux demandes de commentaire.
Les suppressions de postes ont été formalisées dans un accord le 16 octobre et entreront en vigueur selon plusieurs étapes, à commencer par une phase de départs volontaires.
"Les parties conviennent de la mise en place d'une phase de volontariat préalable à d'éventuels départs contraints" si les candidats ne sont pas assez nombreux, peut-on lire dans l'accord, qui précise que cette deuxième étape pourrait s'ouvrir début février.
Lors d'un point avec les salariés mercredi, le président de Nissan Automotive Europe, Massimiliano Messina, a plaidé pour que les opérations gagnent en rapidité et en agilité.
"Il ne s'agit pas seulement de tailler dans le gras", a-t-il dit, selon une personne présente à la réunion. Les bureaux de Montigny doivent aussi gagner en muscle pour renforcer leur rôle dans la région, a-t-il ajouté.
Les salariés optant pour une mobilité interne pourraient recevoir une prime de 5.000 euros brut, tandis que les candidats à une mobilité externe recevront l'aide d'un cabinet de reclassement assortie d'une dispense d'activité dont la durée varie selon l'âge.
Nissan a fait état la semaine dernière d'une baisse de 8% de ses ventes à particulier en Europe au premier semestre de son exercice décalé.
Il a également revu en baisse ses prévisions annuelles pour la région de 3% à 340.000 véhicules, mais dit s'attendre à un rebond grâce à ses futurs lancements. Pour maintenir une présence la plus large possible sur le marché européen tout en limitant ses investissements, Nissan s'appuie sur son partenaire Renault avec par exemple la nouvelle Micra électrique, dérivée de la R5 et fabriquée à Douai (Nord).
Nissan a bien l'intention de conserver son siège de Montigny, décrit par Massimiliano Messina comme "absolument vital" pour l'activité régionale du groupe et où il entend "développer les compétences et la reconnaissance de l'implication des salariés".
Le constructeur emploie près de 19.000 personnes à travers la région AMIEO, qui couvre pas moins de 140 pays sur trois continents. Près de 60% de ces effectifs sont basés en Europe.
(Daniel Leussink à Tokyo et Gilles Guillaume à Paris, édité par Augustin Turpin)