Michelin ne devait pas être trop affecté par les droits de douane américains information fournie par AOF 10/04/2025 à 11:56
(AOF) - Bien orienté comme l’ensemble du secteur, Michelin (+3,31% à 29,61 euros) a confirmé lors d'une conférence téléphonique avec les analystes être bien placé pour faire face à des tarifs douaniers américains plus élevés, principalement en raison du taux élevé (70%) de fabrication locale de ses pneus vendus aux États-Unis. Le groupe a indiqué que le reste provient du Canada (environ 15 %), du Mexique (environ 5 %) et le reste d'Asie et d'Europe.
Les pneus produits au Mexique et au Canada sont conformes à l'accord de libre échange USMCA et, pour le moment, ne seront pas exposés à une taxe d'importation plus élevée avant le 3 mai.
Côté coûts, les besoins de Michelin US en caoutchouc synthétique sont couverts localement puisqu'elle dispose d'une seule usine de production. Enfin, le fabricant de pneumatiques n'utilise pas beaucoup les États-Unis comme base d'exportation, sauf pour quelques pneus miniers.
Michelin a confirmé la saisonnalité de son activité cette année, avec un second semestre plus dynamique après un premier semestre mou. Le groupe a précisé que les revenus du premier trimestre devraient être légèrement inférieurs au consensus, les volumes plus faibles étant en partie compensées par le prix et le mix. Il anticipe un repli des volumes de 6% à 8% au 1er trimestre, du fait d'une baisse de la demande des constructeurs, les marchés de remplacement se tenant mieux, l'exploitation minière étant quasiment au même niveau qu'il y a un an et l'aéronautique en légère croissance. Les prix devraient bénéficier des clauses d'indexation des matières premières (qui s'appliqueraient à environ 30 % des ventes) et le mix devrait poursuivre une tendance similaire à celle de l'exercice 2024 (soit environ 2 %).
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Leader mondial des pneumatiques avec 1/5ème du marché, né en 1889 ;
- Groupe organisé en trois divisions générant 27,2 Mds€ de ventes : automobile et 2 roues (54 %), transport routier (24 %) et activités de spécialités -mines, agriculture, construction, avion…, l’Amérique du nord étant le 1er marché du groupe (39 %)j, devant l’Europe (35 %) ;
- Activité réalisée aux 3/4 sur le marché des pneus de remplacement, moins cyclique que la « première monte » et moins sensible à la santé des constructeurs automobiles ;
- Ambition 2030 : réduction à 70 % de la part des pneumatiques dans la production, offre de services autour du pneu via la connectivité puis au-delà du pneu (composites flexibles, biosourcés, mobilité hydrogène dans la santé, l’espace et l’aéronautique…) ;
- Société en commandite par action contrôlée par la famille fondatrice (4,22 % du capital et 5,2 % des droits de vote, devant les salariés avec 2 %), Barbara Dalibard présidant le conseil de surveillance de 11 membres et Florent Menegaux présidant la gérance.
Enjeux
- Agilité du modèle d’affaires :
- face à l’entrée massive des pneus asiatiques sur les marchés européens de 1ère monte ou de remplacement, focus sur les zones géographiques et les produits les plus créateurs de valeur (pneus tourisme 18 pouces, miniers et avion), fermeture ou réduction d’activité des usines en européennes, d’où le maintien de la marge opérationnelle,
- renforcement de la rentabilité en pneus de spécialités, via les cessions au Sri Lanka et en Pologne,
- accélération de la diversification hors pneus -secteurs de la santé, l’espace et l’aéronautique-renforcée par acquisitions de FCG Composite (joints et matériaux textiles ou caoutchouc) pour 700 M€, après celles de Canopy Simulation, TBC, TRK et Watea,
- fabrication en France des activités à très forte valeur ajoutée,
- monétisation de la base de données clients,
- focus sur l’innovation pilotée par le président, répondant à 3 enjeux -fabrication additive, composites flexibles et mobilité hydrogène :
-1/3 des ventes provenant de produits ou services de moins de trois ans
- R&D (700 M€ par an dans 9 centres) soutenue par des partenariats externes, de recherche (300) ou stratégiques (Brembo, Vabios, addUp…) ;
- Stratégie environnementale « Planet » visant la neutralité carbone en 2050 et déployée par l’écosystème mondial Movin’On :
- objectif intermédiaire 2030 : recul de 50 % des émissions vs 2010,
- offre de pneus protecteurs de l’environnement par emploi de matières recyclées (46% en 2030 et 100 % en 2050) et de matériaux durables,
- accompagnement de la mobilité électrique et hydrogène via Symbio, société commune avec Faurecia,
- économie circulaire « 4 R » (Réduire, Réutiliser, Renouveler, Recycler), dopée par des technologies de rupture en partenariat (Carbios, Enviro, Pyrowave…) ;
- Bilan sain : ratio d’endettement de 16,6 % et autofinancement libre de 2,2 Mds€ avant acquisitions.
Défis
- Dans un marché mondial en repli (volumes de pneus en repli de 5 % pour le groupe), compensation insuffisante des hausses de prix de vente ;
- Lancement ambitieux en 2025 de pneus en tourisme camionnette et en poids lourds ;
- Objectifs :
- 2025 : bénéfice opérationnel en hausse à + 3,4 Mds€, autofinancement libre de + 1,7 Md€ ;
- 2030 : hausse des ventes de 5 % par an et rentabilité des capitaux investis de + 10,5 % ;
- Dividende 2024 de 1,38 €.