Macron et Von der Leyen présentent un plan pour attirer les scientifiques en Europe information fournie par Reuters 05/05/2025 à 14:46
L'Union européenne (UE) va mettre en place une série de mesures, dont un plan de 500 millions d'euros, afin d'attirer sur le Vieux continent les scientifiques du monde entier, notamment les Américains mécontents de la politique du président Donald Trump.
L'annonce, faite lundi dans la cadre de la conférence "Choose Europe for Science", organisée à la Sorbonne à Paris, en présence notamment d'Emmanuel Macron et de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, vise également à stimuler la recherche en Europe.
Selon les organisateurs, quelque 800 personnes ont assisté à cette conférence qui se déroule dans un contexte de menace par l'administration américaine de réduction du financement fédéral de Harvard et d'autres universités américaines.
"Ce qui est en jeu aujourd'hui (...) personne n'aurait pu imaginer, il y a quelques années, qu'une des plus grandes démocratie du monde allait supprimer des programmes de recherche sous prétexte qu'il y avait le mot diversité dans ce programme", a déclaré Emmanuel Macron.
"Personne ne pouvait penser (qu'elle) allait biffer d'un trait la capacité à avoir des visas de tel ou tel chercheur, parfois de ceux qui avaient contribué à sa propre sécurité numérique. Personne ne pouvait penser (qu'elle) allait faire une telle erreur", a poursuivi le chef de l'Etat français, estimant que le Vieux continent doit "permettre à ceux qui sont menacés de rejoindre l'Europe, port d'attache".
"L'Europe doit devenir un refuge", a-t-il insisté, ajoutant qu'être un refuge suppose aussi d'être attractif et compétitif.
"Nous voulons inscrire la liberté de la recherche scientifique dans la loi, dans une nouvelle loi sur l'European Research Area Act", a abondé Ursula von der Leyen, assurant que "L'Europe doit rester le berceau de la liberté universitaire et scientifique" face aux menaces croissantes à travers le monde.
"La science est un investissement, et nous devons proposer les incitations adéquates. C'est pourquoi je peux annoncer que nous proposerons un nouveau plan de 500 millions d'euros pour 2025-2027 afin de faire de l'Europe un pôle d'attraction pour les chercheurs", a-t-elle ajouté.
Le chef de l'Etat français, de son côté, a indiqué que des moyens supplémentaires seraient mis en place, dont 100 millions d'euros que l'État apportera à travers France 2030. Selon son entourage, il s'agit d'une réserve de trésorerie de France 2030 qui n'était pas affectée et qui sera investie sur l'initiative Choose France for Science".
Emmanuel Macron a également rappelé que depuis 2020, les primes des enseignants-chercheurs et des chercheurs ont plus que doublé et qu'en 2027, ils bénéficieront d'une revalorisation moyenne de 6.000 à 8.000 euros par an supplémentaires par rapport à 2020.
"PAS DE VASSALITÉ HEUREUSE"
S'agissant de la souveraineté européenne, notamment en matière de données numériques, Emmanuel Macron a estimé que l'UE avait commis une "une erreur très profonde de ne pas avoir un vrai 'cloud' européen". Ce secteur est dominé par les groupes américains comme Amazon, Microsoft et Alphabet où le français OVHcloud, leader européen, fait figure de nain.
"Il nous faut construire les financements et les coopérations pour récupérer et sécuriser ces bases de recherche, ces plateformes", a insisté le président français, appelant à un financement public-privé avec le soutien de la Commission européenne.
"Il n'y a pas d'indépendance de notre Europe, pas d'autonomie stratégique sans une science libre et forte en Europe. Et choisir la science, (...) c'est même résolument refuser la vassalité", a-t-il ajouté. "Il n'y a pas de vassalité heureuse".
Pour attirer les scientifiques et stimuler la recherche en Europe, d'ici 2030, l'UE entend consacrer 3% du produit intérieur brut (PIB) des Etats membres dans la recherche et le développement, a indiqué Ursula von der Leyen .
"Nous souhaitons créer une nouvelle 'super bourse' de sept ans dans le cadre de l'ERC (European Research Council) afin d'offrir une perspective à plus long terme aux meilleurs chercheurs", a-t-elle dit.
"Grâce à l'ERC, nous soutenons déjà les chercheurs qui s'installent en Europe en leur versant une aide complémentaire au-delà de leur bourse. Nous doublons désormais le montant qu'ils peuvent recevoir cette année. Je souhaite prolonger ce soutien pour 2026 et 2027", a-t-elle ajouté.
Le plan "Choose Europe" porte également sur la nécessité d'accélérer le processus en la matière, allant des avancées scientifiques les plus importantes à l'innovation transformatrice en passant par des opportunités commerciales, a-t-elle détaillé, notant qu'une loi européenne sur l'innovation est à l'étude.
(Rédigé par Claude Chendjou, avec la contribution d'Elizabteth Pineau et de Sudip Kar-Gupta, édité par Blandine Hénault et Kate Entringer)