Les USA envisagent d'entrer au capital de fabriquants de puces bénéficiant d'aides fédérales-sources information fournie par Reuters 20/08/2025 à 00:50
par Nandita Bose et Max A. Cherney
Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, étudie la possibilité que le gouvernement prenne une participation au capital des fabriquants de semiconducteurs qui se voient attribuer des aides fédérales pour bâtir des usines aux Etats-Unis, ont déclaré mardi deux sources au fait de la question.
Dans le sillage d'un projet destiné à recevoir des actions Intel INTC.O en échange de subventions accordées au groupe américain, Howard Lutnick s'intéresse à la manière dont Washington pourrait acquérir une participation au capital d'autres groupes du secteur à même de profiter de la loi dite CHIPS leur accordant des aides, ont déclaré un représentant de la Maison blanche et une personne informée du dossier.
Parmi ces entreprises figurent notamment Micron MU.O , Taiwan Semiconductor Manufacturing 2330.TW et Samsung
Une grande partie des fonds prévus par la loi CHIPS n'ont pas encore été alloués.
Aucun commentaire n'a été obtenu dans l'immédiat auprès de Micron et de Samsung. TSMC a décliné une demande de commentaire.
La Maison blanche n'a pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire.
S'exprimant mardi devant les journalistes, la porte-parole de la présidence américaine a confirmé que Howard Lutnick travaillait sur un accord avec Intel destiné à acquérir une participation gouvernementale de 10%.
"Le président (Donald Trump) veut placer les besoins de l'Amérique en premier, autant d'un point de vue de sécurité nationale qu'économique", a dit Karoline Leavitt. "C'est une idée créative qui n'a jamais été explorée auparavant".
Si Howard Lutnick a déclaré plus tôt sur la chaîne de télévision CNBC que l'administration américaine ne voulait pas dire à Intel comment gérer ses opérations, tout investissement fédéral serait inédit et ouvrirait la voie à une nouvelle ère d'influence de Washington sur les grandes entreprises.
Dans le passé, les Etats-Unis ont acquis des participations au capital d'entreprises afin de fournir à celles-ci des liquidités et de contribuer à leur moral dans des périodes d'incertitudes économiques.
Plus tôt cette année, Donald Trump a approuvé le rachat de U.S. Steel par Nippon Steel 5401.T après avoir reçu la promesse d'une "participation dorée" qui empêcherait les deux groupes d'effectuer les investissements promis, de délocaliser la production ou des emplois hors des Etats-Unis, ou de fermer des usines, sans le consentement du président américain.
Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, est également impliqué dans les discussions concernant les fabriquants de semiconducteurs, ont déclaré les sources, tout en soulignant que Howard Lutnick en était aux commandes, alors que le département américain du Commerce supervise les 52,7 milliards de dollars prévus par la loi CHIPS.
Selon les sources, Howard Lutnick a mis en avant la possibilité d'entrer au capital des entreprises de l'industrie des semiconducteurs, et cette idée a plu à Donald Trump.
En fin d'année dernière, l'administration de l'ancien président Joe Biden a finalisé des subventions de 4,75 milliards de dollars pour Samsung, 6,2 milliards pour Micron et 6,6 milliards pour TSMC afin que ces groupes produisent des puces aux Etats-Unis.
Howard Lutnick a déclaré en juin dernier que le département du Commerce renégociait certaines de ces subventions, les décrivant comme "excessivement généreuses".
(Nandita Bose à Washington et Max Cherney à San Francisco, avec la contribution de David Shepardson et Alexandra Alper à Washington, Milana Vinn à New York; version française Jean Terzian)