Les signes d'un ralentissement aux États-Unis s'accumulent information fournie par TRIBUNE LIBRE 10/09/2025 à 15:04
Par Fitch Ratings
Fitch Ratings a légèrement relevé ses prévisions de croissance mondiale pour 2025 depuis son dernier rapport macroéconomique de juin, en raison de données du deuxième trimestre 2025 qui se sont révélées meilleures qu'anticipées. Cependant, les données tangibles font désormais état d'un ralentissement sous-jacent aux États-Unis, et les surprises positives concernant la croissance de la zone euro reflétaient en partie l'attitude des acteurs qui anticipaient l'entrée en vigueur des droits de douane américains. Fitch table toujours sur un ralentissement significatif du PIB mondial cette année.
La croissance mondiale devrait désormais atteindre 2,4% en 2025, soit une hausse de 0,2 point de pourcentage depuis juin, mais un ralentissement considérable par rapport aux 2,9% de l'année dernière et inférieur à la tendance. Les prévisions pour la Chine ont été revues à la hausse, passant de 4,2 à 4,7%, celles pour la zone euro de 0,8 à 1,1% et celles pour les États-Unis de 1,5 à 1,6%. La croissance mondiale pour 2026 est en hausse de 0,1 point de pourcentage, à 2,3 %.
Les nombreuses annonces ont permis de réduire l'incertitude entourant la politique tarifaire américaine. Selon nos dernières estimations, le taux tarifaire effectif (ETR) moyen des États-Unis s'élève à 16%, soit un niveau très proche de celui prévu en juin. Le Mexique et le Canada bénéficient de taux ETR plus bas, grâce à une meilleure conformité à l'USMCA, et l'Europe affiche également un taux ETR légèrement inférieur, mais cela est compensé par des taux plus élevés que prévu pour l'Asie, à l'exception de la Chine.
«Une plus grande clarté sur les hausses tarifaires américaines ne change rien au fait qu'elles sont considérables et qu'elles réduiront la croissance mondiale. Et les signes d'un ralentissement aux États-Unis apparaissent désormais dans les données tangibles ; ils ne se limitent plus aux enquêtes de confiance», a déclaré Brian Coulton, économiste en chef chez Fitch.
La répercussion de cette forte hausse du taux effectif moyen sur l'inflation américaine a jusqu'à présent été limitée. Certains comptes nationaux américains indiquent que le choc tarifaire a été en partie absorbé par les pressions à la baisse sur les bénéfices des entreprises, mais nous pensons que les conséquences de la politique commerciale de l'administration Tump s'amplifieront d'ici la fin de l'année.
La hausse de l'inflation freinera la croissance des salaires réels et pèsera sur les dépenses de consommation aux États-Unis, qui ont déjà nettement ralenti en 2025. La croissance de l'emploi a également marqué le pas, en partie en raison de l'impact de la restriction de l'immigration sur la croissance de la population active. Le creusement du déficit budgétaire devrait soutenir la demande en 2026, mais Fitch s'attend à ce que le taux de croissance annuel moyen du PIB américain reste bien en deçà de la tendance, à 1,6% l'année prochaine.
La croissance des exportations chinoises a bien résisté au choc tarifaire américain, la dépréciation du taux de change effectif nominal et la baisse des prix à l'exportation ayant contribué à rédiriger les ventes à l'étranger. L'assouplissement budgétaire soutient la croissance, mais la croissance de la demande intérieure semble s'affaiblir et la déflation s'enracine. Les exportations de la zone euro ne devraient pas maintenir leur rythme du premier semestre 2025 et, avec le ralentissement de la reprise de la consommation, nous ne prévoyons pas de croissance du PIB au second semestre 2025. L'assouplissement budgétaire allemand apportera un soutien supplémentaire l'année prochaine.
L'affaiblissement du marché de l'emploi américain devrait inciter la Réserve fédérale à réduire ses taux plus rapidement que nous ne l'avions prévu précédemment. Nous prévoyons des baisses de 25 points de base en septembre et en décembre, suivies de trois autres en 2026.
La BCE ne semblant plus disposée à baisser à nouveau ses taux, nous voyons peu de perspectives de rebond du dollar après la dépréciation généralisée du premier semestre 2025. Les rendements des obligations d'État à long terme (30 ans) aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne et au Japon continuent de subir des pressions à la hausse, reflétant peut-être des inquiétudes concernant l'offre.