Les marchés émergents plébiscités par les gérants - BAML
information fournie par Reuters 12/02/2019 à 15:14

    par Helen Reid
    LONDRES, 12 février (Reuters) - Les marchés émergents sont
le thème d'investissement le plus privilégié par les
investisseurs mondiaux, selon le sondage mensuel réalisé par
Bank of America-Merrill Lynch (BAML), une première depuis que la
banque américaine réalise cette enquête.
    Cela représente un changement de positionnement significatif
par rapport au mois dernier, lorsque les gérants de fonds
avaient signalé que la position "short" (vendeuse) sur les
émergents était un des thèmes d'investissement les plus
courants.
    Cela n'est pas forcément de bon augure pour cette classe
d'actifs car les stratégies d'investissement les plus
plébiscitées connaissent souvent un mouvement de correction dans
la foulée.
    Cela a notamment été le cas pour le bitcoin ou encore pour
les valeurs technologiques américaines FANG. 
    L'indice MSCI des marchés émergents  .MSCIEF  a gagné près
de 8% depuis le début de l'année, et les études sur les flux
d'investissement montrent que les fonds investis sur les actions
ou obligations émergentes ont connu des entrées record.
 
    Les marchés émergents ont connu une année noire en 2018, les
difficultés de certains pays comme l'Argentine et la Turquie
s'étant ajoutées au renchérissement du dollar et à la hausse des
taux d'intérêt américains.
    Mais la pause observée en début d'année par la Réserve
fédérale sur le relèvement de ses taux a conduit les
investisseurs à revenir en masse sur des actifs émergents très
décotés.
    BAML n'a pas précisé si la stratégie "long EM" (acheteuse
sur les émergents) se référait aux obligations, aux actions ou
les deux.
    
    LE SENTIMENT RESTE BAISSIER
    Au-delà des marchés émergents, la principale inquiétude des
investisseurs demeure le risque d'une guerre commerciale de
grande ampleur. 
    Il s'agit du risque numéro un cité par les investisseurs
lors des neuf derniers mois, devant le ralentissement de
l'économie chinoise et un krach sur le marché du crédit des
entreprises.
    Globalement, l'enquête menée par BAML entre le 1er et le 7
février auprès de 218 sondés gérant au total 625 milliards de
dollars (553,5 milliards d'euros) montre que le sentiment des
investisseurs ne s'est pas vraiment amélioré.
    L'allocation globale sur les actions est tombée à son plus
faible niveau depuis septembre 2016.
    "En dépit du récent rally, le sentiment des investisseurs
reste pessimiste", résume Michael Hartnett, responsable de la
stratégie d'investissement chez BAML. 
    Les investisseurs restent inquiets à propos de la croissance
économique mondiale, 55% d'entre eux se montrant baissiers sur
les perspectives de croissance et d'inflation pour l'an
prochain.
    "Une stagnation séculaire est l'opinion majoritaire",
écrivent les stratèges de BAML.
    Par conséquent, les investisseurs sont plus enclins à
conserver de la trésorerie (cash) dans les portefeuilles et
préfèrent, au sein de la poche actions, des secteurs à
dividendes élevés comme la pharmacie, la consommation
discrétionnaire ou les fonds de placement immobilier.
    Le nombre de gérants ayant une position à "surpondérer" le
cash est à son plus haut niveau depuis janvier 2009.
    
    UN PEU PLUS D'OPTIMISME SUR L'EUROPE
    Les secteurs les plus boudés sont ceux liés au cycle
économique, comme l'énergie et les valeurs industrielles. Selon
BAML, ces compartiments constituent un bon investissement
contrariant en cas d'embellie de la conjoncture mondiale.
    Les inquiétudes sur la dette des entreprises vont par
ailleurs croissant, le sondage de février montrant un nombre
record d'investisseurs demandant aux sociétés de réduire leur
endettement.
    D'après l'enquête de BAML, 45% des gérants de fonds trouvent
que les entreprises sont trop endettées, et 51% d'entre eux
souhaitent que les sociétés utilisent leur trésorerie pour
améliorer leur bilan. Il s'agit du pourcentage le plus élevé
depuis juillet 2009.
    L'Europe, l'une des régions les moins plébiscitées des
investisseurs, montre une légère amélioration. Une proportion
nette de 5% des gérants interrogés disent avoir une
surpondération sur les actions de la zone euro, contre un
pourcentage de 11% à "sous-pondérer" le mois dernier.
    Toutefois, les intentions affichées par les investisseurs de
détenir des actions européennes l'an prochain sont tombées à un
plus bas de six ans alors que les anticipations de profits des
entreprises pour la région sont sous pression.
    L'allocation vers les actions britanniques a légèrement
augmenté par rapport à janvier mais le Royaume-Uni reste
majoritairement comme une zone à "sous-pondérer", indique BAML.
C'est le cas depuis février 2016. 
    
    VOIR AUSSI:
    GRAPHES-Les marchés émergents annonciateurs d'un "bull
market"  
    

 (Blandine Hénault pour le service français, édité par Véronique
Tison)