Les marchés adorent l’histoire de Goldilocks et des trois ours
information fournie par Les sélections de Roland LASKINE 05/12/2025 à 12:04

Un trader vu de dos (Crédits: Adobe Stock)

Le 5 décembre 2025
En annonçant la semaine dernière notre intention de « reprendre du risque sur les valeurs européennes », nous ne pensions pas si bien faire. Nous nous étions presque excusés d'avoir radicalement renversé notre stratégie par rapport à l'extrême prudence dont nous avons fait preuve pendant la baisse des cours du mois de novembre. Aujourd'hui, nous ne regrettons pas d'avoir renforcé les positions sur l'ensemble de nos portefeuilles PEA. Les valeurs européennes ont démarré le dernier mois de l'année sur les chapeaux de roues, elles sont même parvenues à coiffer le S&P 500 au poteau, avec un gain de 16,8% depuis le début de l'année. Le CAC 40 ne parvient pas égaler la performance européenne. Mais, il ne se défend finalement pas si mal que ça, alors que nul ne sait si nous aurons un budget, ou même un gouvernement encore debout à la fin de l'année.
La très bonne tenue des valeurs européennes est d'autant plus remarquable, que nous nous battons avec une main dans le dos face à Wall Street porté par la puissance considérable que représentent les géants de la technologie californienne et la stratégie de soutien inconditionnel de la croissance que mène Donald Trump de l'autre côté de l'Atlantique. Tout se passe même comme si nous profitions plus que Américains du vent d'optimisme suscité par la perspective d'une baisse prochaine des taux directeurs de la Fed.

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Ces succès sont le produit de l'excellence des entreprises européennes, parvenues à faire progresser une nouvelle fois leurs résultats au cours du troisième trimestre, et pour lesquelles les analystes anticipent désormais une augmentation de 15% des profits pour 2016. Un niveau, rappelons-le, légèrement supérieur à celui des sociétés de l'indice S&P 500 pourtant composé à hauteur de 36% de sociétés technologiques, dont nous connaissons les prouesses.
Nos entreprises tiennent la route. Elles se traitent surtout en Bourse sur la base de multiples plutôt attrayants de 18,2 fois les profits attendus pour 2026, alors que la cote américaine se paie autour de 25 fois et même 31 fois pour le Nasdaq Composite. Autre élément qui ne gâche rien, les sociétés de l'indice Eurostoxx 50 procurent un rendement moyen de 2,44%, deux fois plus élevé que celui du S&P 500. Lorsque le placement en actions rapporte presque autant que la rémunération offerte par les emprunts d'État allemand à 10 ans constituant la référence du marché obligataire sur le Vieux continent, on comprend mieux pourquoi nos entreprises suscitent autant d'intérêt de la part des investisseurs internationaux.
Nos portefeuilles PEA profitent du retour en force de la cote européenne, avec une différence de plus en plus visible entre ceux qui sont composés d'actions gérées en direct et ceux regroupant des ETF diversifiés ou des fonds d'investissement. L'année 2025 a été rude pour les portefeuilles en direct. Les multiples retournements de tendance intervenus ces derniers temps, avec des rotations sectorielles aussi rapides qu'imprévues entre les valeurs de croissance et les cycliques, ont brouillé les pistes et constitué autant de pièges qu'il était difficile d'éviter. Dans ce contexte, il n'est pas étonnant de voir, semaine après semaine, le portefeuille Défensif distancer l'Offensif. Le premier, porté par une stratégie de grande prudence orientée vers des valeurs résilientes appartenant aux secteurs des télécoms, de la banque-assurance, des services aux collectivités et de la santé, affiche un gain tout à fait honorable de 7,3% depuis le début de l'année, sans toutefois parvenir à égaler la performance du CAC 40 (+10% sur la même période). Avec un score égal au zéro absolu, l'Offensif n'est pas vraiment parvenu à trouver le bon tempo. Nos derniers arbitrages ayant consisté à orienter le portefeuille vers des sociétés de taille moyenne, offrant de bonnes perspectives de croissance ou étant très nettement sous-valorisées ont conduit à quelques beaux succès, comme Emeis, Medincell ou Rubis. D'autres comme Exosens, Vallourec ou la société allemande Aixtron, n'ont pas tenu toutes leurs promesses.
A côté de ces deux portefeuilles, le pilotage de notre sélection d'ETF n'a pas vraiment été une promenade de santé, mais la tâche s'est révélée plus facile.  Résultat : une hausse de 13% depuis le 1er janvier. La diversification géographique de l'actif, marquée par une forte présence des valeurs américaines du S&P 500 et du Nasdaq, ainsi qu'une ouverture aux places asiatiques, notamment les grandes valeurs chinoises de l'indice MSCI China, a joué un rôle déterminant. Le succès grandissant des ETF auprès des investisseurs particuliers n'a rien d'étonnant, ces trackers tous éligibles au PEA sont devenus incontournables. Ces outils de diversification ont également leur place dans des portefeuilles traditionnels de gestion d'actions en direct. La sélection de fonds ISR/PEA, tous gérés de façon prudente avec une grande rigueur dans le choix des valeurs, poursuit, elle aussi, son parcours à la fois vertueux et de surperformance des indices traditionnels.

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Quelle stratégie d'investissement pour le mois de décembre ? En Bourse, il faut toujours se garder de se reposer trop confortablement sur ses certitudes. Tout semble cependant indiquer que si la Fed baisse ses taux directeurs en milieu de semaine prochaine, en accompagnant son intervention d'un discours volontariste de soutien de la croissance, les investisseurs réagiront favorablement. Sans tomber dans le cliché largement ressassé d'une quelconque magie de Noël propre aux marchés boursiers, l'expérience montre que les dernières semaines de décembre bénéficient souvent d'un apport de liquidités quasi providentiel alimenté par les gestionnaires de fonds prêts à remettre une dernière pièce dans le jukebox pour tenter d'améliorer leurs performances annuelles. Dans cette optique, nous nous prêterons de bonne grâce au jeu en cherchant à renforcer les positions sur les meilleures lignes des portefeuilles au cours des dernières séances de l'année. De façon contre-intuitive, il est en effet toujours préférable de miser en fin d'année sur les valeurs ayant le mieux performé, plutôt que sur les titres les plus massacrés. L'idée consistant à vouloir profiter des soldes de fin d'année sur les actions malmenées paraît intéressante. Le risque est toutefois important de se retrouver pris à rebours par les gérants qui n'hésitent pas à les vendre, y compris au plus mauvais moment, dans le seul but d'éviter de les voir figurer dans les relevés de compte de fin d'exercice qui seront envoyés à la clientèle.
Nous reviendrons dans les semaines à venir sur le sujet de l'allocation stratégique des portefeuilles pour 2026. Deux thèmes d'investissement sont d'ores et déjà mis en avant. Tout d'abord celui d'une poursuite du rattrapage de la cote européenne qui bénéficie d'une configuration Goldilocks, du nom de la petite fille aux boucles d'or qui trouve dans la maison des trois ours le porridge parfaitement à son goût, ni trop froid, ni trop chaud. L'autre repose sur un intérêt grandissant pour les valeurs technologiques chinoises bien placées pour s'imposer face à l'emprise hégémonique des géants de la tech américaine.
Bonne lecture et bon week-end à tous,
Roland Laskine