* Pour plus de $30 mds d'opérations signées depuis fin
novembre
* Confiance dans la remontée des cours du brut
* L'Europe de l'Est, l'Amérique latine, l'Afrique ciblées
* Graphique sur les M&A dans le secteur en 2016: http://tmsnrt.rs/2jv9If6
* http://tmsnrt.rs/2iAoKkw
par Ron Bousso
LONDRES, 19 janvier (Reuters) - Les majors pétrolières
renouent avec les acquisitions après deux années d'abstinence,
ciblant de petites compagnies spécialisées dans l'exploration et
le développement de gisements afin d'accroître leurs réserves et
d'assurer leur production future.
Les méga-fusions qui avaient précédé le retournement du
marché pétrolier à la mi-2014 n'ont en revanche plus le vent en
poupe.
Depuis fin novembre, les conseils d'administration des
grands acteurs du secteur, de BP BP.L à Total TOTF.PA , ont
approuvé pour plus de 30 milliards de dollars (28 milliards
d'euros) de fusions et acquisitions en Afrique, en Amérique
latine et en Europe de l'Est, signe de leur confiance dans la
reprise après la chute de plus de 75% des cours du brut entre la
mi-2014 et le début 2016.
Les dirigeants des majors vont toutefois devoir trouver le
bon équilibre entre leurs promesses de désendettement et de
maintien des dividendes d'une part et leur volonté de
reconstituer leurs réserves en achetant des actifs à des prix
encore avantageux d'autre part.
Au cours des dernières semaines, BP a annoncé une série
d'opérations, parmi lesquelles un investissement d'un milliard
de dollars en Mauritanie et au Sénégal, en partenariat avec
l'américain Kosmos Energy KOS.N , dans la foulée d'autres
acquisitions à Abou Dhabi et en Azerbaïdjan.
BP et le géant russe Rosneft ROS.MM ont pris d'importantes
participations dans le gisement gazier Zohr d'Eni ENI.MI en
Egypte, le plus gros jamais découvert en Méditerranée.
Total a renforcé sa participation dans le projet pétrolier
du lac Albert en Ouganda en rachetant une participation de
21,57% à Tullow TLW.L pour 900 millions de dollars.
La compagnie française avait auparavant annoncé la signature
avec Petrobras PETR4.SA d'un accord portant sur la reprise
d'actifs du groupe brésilien, dans l'amont et dans l'aval,
représentant une valeur de 2,2 milliards de dollars (2,1
milliards d'euros).
L'ACCORD À L'OPEP A DOPÉ LES M&A EN DÉCEMBRE
La tendance devrait se poursuivre avec la résorption
attendue des excédents d'offre. Les spécialistes du secteur
s'attendent à ce que les majors ciblent principalement des
bassins encore peu développés en Afrique et en Europe de l'Est.
La chute des cours avait donné un coup d'arrêt en 2015 aux
opérations de fusions-acquisitions à l'international alors
qu'elles se sont poursuivies à un rythme soutenu entre acteurs
du pétrole de schiste aux Etats-Unis, grâce à la facilité
d'accès aux financements mais aussi à des coûts et des délais de
mise en production bien inférieurs à ceux des gisements
traditionnels.
"Ce que l'on voit, ce sont des majors qui affûtent leurs
armes après avoir été aux abonnés absents pendant un long moment
et qui tournent aussi bien autour de projets de cessions que
d'acquisitions", a dit Tony Durant, le directeur général de
Premier Oil PMO.L à Reuters.
Premier Oil cherche elle-même à céder des participations
dans plusieurs gisements de la Mer du Nord afin de réduire
l'endettement accumulé pendant la période de chute des cours.
Les acquisitions de gisements gaziers et pétroliers ont plus
que triplé en décembre par rapport au mois précédent, à 31
milliards de dollars, après l'accord de l'Opep sur la réduction
de la production, montrent des données du cabinet de consultants
spécialisé Energy Market Square.
Un quart de l'activité de M&A de l'ensemble de 2016 a ainsi
été réalisé sur le seul mois de décembre.
Graphique sur l'activité de M&A dans le secteur gazier et
pétrolier en 2016 : http://tmsnrt.rs/2iAoKkw
MONTAGES COMPLEXES
De nombreuses compagnies, y compris parmi les majors, sont
sorties affaiblies et endettées de la phase de chute des cours,
ce qui les a contraintes à des cessions d'actifs.
Au total, les majors ont cédé près de 50 milliards de
dollars d'actifs depuis 2014 dont les trois quarts environ dans
les activités de raffinage, les oléoducs et le stockage, dont
les valorisations ont mieux résisté à la chute des cours du
brut, montrent des données de Jefferies.
Seul Royal Dutch Shell RDSa.L a réalisé jusqu'à présent
une opération de grande envergure avec le rachat de BG Group
pour 54 milliards de dollars en février dernier.
Plutôt que de procéder directement à des acquisitions, la
plupart des acteurs privilégient cette fois la constitution de
coentreprises, dans le cadre de montages complexes à base
d'échanges d'actions ou de paiements différés afin de réduire
les risques.
Ces montages permettent aux acheteurs de réduire les mises
de fonds initiales et aux vendeurs de garder une participation
dans des entreprises dont la valeur des actifs augmente avec la
hausse des cours du brut, a dit Sachin Oza, co-dirigeant avec
Stephen Williams, de Guinness Global Oil et Gas Exploration
Trust.
Les majors vont vraisemblablement concentrer leurs efforts
sur des pays d'Europe orientale comme la Roumanie ou l'Albanie,
les gisements qui apparaissent en Amérique latine - notamment en
Colombie - mais aussi en Afrique de l'Est et de l'Ouest, où le
potentiel de croissance et de valorisation est plus important
qu'en Amérique du Nord ou en mer du Nord.
Les majors étant soucieuses de ne pas augmenter leur
endettement, les acquisitions d'entreprises en tant que telles
devraient en revanche rester limitées, en nombre comme en
ampleur.
(avec Karolin Schaps, Marc Joanny pour le service français,
édité par Marc Angrand)