Les investisseurs espèrent un retour au calme à Nestlé après un nouveau bouleversement à sa tête information fournie par Boursorama avec AFP 17/09/2025 à 15:36
Les investisseurs espèrent un retour au calme au sein de Nestlé après un nouveau bouleversement à la tête du groupe avec le départ plus tôt que prévu de son président, Paul Bulcke, quasiment deux semaines après le licenciement son directeur général.
Dans un communiqué publié mardi soir, le géant de l'agroalimentaire a annoncé que M. Bulcke, qui préside le groupe depuis 2017, allait "se retirer du Conseil d'administration plus tôt que prévu" pour céder la place à Pablo Isla, l'actuel vice-président.
M. Isla, l'ancien PDG du colosse espagnol de la mode Inditex (propriétaire notamment de Zara), qui devait initialement lui succéder en avril 2026 à l'issue de l'assemblée générale annuelle, va reprendre la main dès le 1er octobre 2025.
L'annonce intervient quasiment deux semaines après le licenciement du Français Laurent Freixe à la suite d'une enquête interne "concernant une relation amoureuse non déclarée avec une subordonnée directe". Il avait alors été immédiatement remplacé par Philipp Navratil, 49 ans, le directeur de Nespresso.
M. Freixe, 63 ans, n'aura finalement dirigé le groupe que pendant un an alors que son prédécesseur, l'Allemand Mark Schneider, avait été brusquement évincé en 2024.
A 12H04 GMT, l'action Nestlé perdait 0,40% à 71,60 francs suisses, pesant sur le SMI, l'indice phare de la Bourse suisse, en baisse de 0,26%.
- Opportunité pour accélérer la croissance -
"La plupart des actionnaires demandaient l'arrivée d’un nouveau tandem dirigeant, jugé indispensable pour relancer la dynamique du groupe après une performance très décevante ces dernières années", a réagi Jean-Philippe Bertschy, analyste à Vontobel, auprès de l'AFP.
Mais "Nestlé doit revenir à des eaux plus calmes", ajoute-t-il dans une note de marché, ce nouveau changement à la tête du groupe étant "une opportunité d'accélérer la croissance" et de s'attaquer aux activités à la traîne "de manière plus efficace".
Le groupe aux plus de 2.000 marques, dont les bouillons Maggi et barres chocolatées KitKat, a vu sa croissance s'étioler après la vague d'inflation qui a poussé les consommateurs à tailler dans leurs dépenses au profit de marques de distributeurs de supermarchés. Nestlé a également été secoué par des scandales, dont celui des eaux en bouteilles qui avait débuté en France en 2024.
De surcroît, l'action a perdu près du quart de sa valeur l'an passé, au grand mécontentement de ses actionnaires. Après un rebond jusqu'à fin mars 2025, le titre est reparti à la baisse, cédant encore un peu plus de 4% depuis le début de l'année.
- Critiques d'investisseurs -
Jon Cox, analyste chez Kepler Cheuvreux, a reconnu avoir été "un peu surpris" par le départ de M. Bulcke, quelques mois avant l'échéance prévue pour avril.
Mais "il y a eu des critiques grandissantes quant à la façon dont a été géré le départ de M. Freixe", a-t-il indiqué à l'AFP.
Selon le Financial Times, des investisseurs auraient fait pression pour que M. Bulcke démissionne, mettant en cause une période chaotique au sein de l'entreprise.
Dans une note de marché, Patrik Schwendimann, analyste à la Banque cantonale de Zurich, estime au contraire que "cette démission anticipée n'est pas surprenante après les événements des deux dernières semaines".
Comme d'autres analystes, il considère toutefois que le "nouveau duo" va devoir "ramener le calme aussi vite que possible". A ses yeux, cette équipe constituée d'un "directeur général plus jeune" et d'un "président venant du secteur de la mode" apparaît néanmoins comme "une bonne combinaison".
Dans un article publié mercredi, le quotidien suisse Le Temps souligne pour sa part que "la fin est pour le moins brutale pour Paul Bulcke, une figure historique de Nestlé".
Agé de 71 ans, ce ressortissant Belge était entré dans le groupe en 1979 et avait gravi les échelons jusqu'à en prendre la direction en 2008. Lorsque Mark Schneider lui avait succédé à la direction en 2017, M. Bulcke s'était alors vu confier la présidence.
Dans le communiqué publié mardi, Nestlé a précisé qu'il resterait néanmoins "président d'honneur".