Les institutionnels s'inquiètent de l'impact de la gestion passive sur le risque systémique information fournie par Agefi Asset Management 26/12/2018 à 17:45
(NEWSManagers.com) - Les investisseurs institutionnels mondiaux sont préoccupés par
l'impact de la gestion passive sur le risque de marché et la
valorisation des actifs, selon une enquête publiée par
Natixis Investment Managers (*). Pour les deux tiers (62%), la
popularité des investissements passifs a accru le risque systémique et
61 % estiment que les flux vers les stratégies passives ont
artificiellement supprimé la volatilité. Plus de la moitié (52 %) des
investisseurs institutionnels considèrent également que la gestion
passive a faussé les valorisations relatives des actions et les profils
risque/rendement.
Les investisseurs ne sont plus si prompts à vouloir renforcer leur
exposition aux stratégies passives. Ils semblent être satisfaits de la
répartition actuelle de leurs allocations. Interrogés en 2015, les
investisseurs institutionnels prévoyaient de porter à 43%, sur les trois
prochaines années, le poids des stratégies passives dans leur
portefeuille. En 2018, les répondants n' envisagent plus aucune
modification significative - d' ici à trois ans - de leur allocation
actuelle, composée pour 70% de stratégies actives et 30% de stratégies
passives.
Les investisseurs institutionnels justifient également leur
préférence pour la gestion active car ils anticipent un accroissement de
la volatilité des marchés en 2019 pour quatre investisseurs sur cinq
(80 %). La même proportion (79 %) estime que l'environnement de marché
actuel est favorable à une gestion active de portefeuille. Les
investisseurs restent optimistes à l'égard de la performance tout en
ayant légèrement révisé à la baisse leur prévision de rendement moyen
pour l' année en cours, à hauteur de 6,7 % contre 7,2% en 2017.
Si la majorité des investisseurs estime que l'environnement de marché
actuel est favorable à une gestion active, l' enjeu demeure pour les
gérants actifs de démontrer clairement leur capacité à créer de la
valeur, la moitié des investisseurs ayant recours à une gestion passive
parce qu' il existe trop de " suiveur d' indice " dans le secteur de la
gestion active. Toutefois, si le secteur est capable d'identifier des
fonds " pseudo-actifs " , les deux tiers (66 %) des investisseurs pensent
que cela profitera en définitive aux gérants qui adoptent une approche
véritablement active, et la majorité d'entre eux s'attend à ce que les
investissements actifs surperforment sur le long terme.
" Les investisseurs institutionnels semblent avoir trouvé leur
allocation optimale entre actif et passif. Nous commençons à observer un
ralentissement de la croissance des allocations aux stratégies
passives, alors que les investisseurs s' inquiètent de leur effet sur les
marchés et sur la performance. Les investissements passifs pourraient à
terme présenter un risque de concentration important, entraînant ainsi
un risque systémique qui les mettrait réellement sous pression lors du
prochain repli de marché. Si l'appétit pour les stratégies actives
demeure, compte tenu de l'augmentation attendue de la volatilité et d' un
environnement de plus en plus compliqué pour générer du rendement, une
distinction de plus en plus évidente va s' instaurer entre les gérants
capables de générer de l'alpha et les autres" , commente Jean François
Baralon, Directeur distribution France, Belgique, Luxembourg, Genève et
Monaco, Natixis Investment Managers, cité dans un communiqué.
Les considérations environnementales, sociétales et de gouvernance
(ESG) jouent un rôle de plus en plus prépondérant dans les stratégies
d'investissement des investisseurs institutionnels. Trois sur cinq (61
%) intègrent actuellement des critères ESG, et plus de la moitié (55 %)
des participants à l' enquête ont indiqué qu' ils prévoyaient d' augmenter
leur exposition aux stratégies ESG en 2019, la performance et la
diversification étant des considérations essentielles. Plus de la moitié
d'entre eux (56 %) reconnaissent que les stratégies ESG peuvent
conduire à la création d' alpha ; 43% déclarent que la prise en compte
des critères ESG est tout aussi importante que les facteurs financiers
et un cinquième (20 %) y voit un moyen important de générer des
performances ajustées au risque sur le long terme.
Malgré l'appétit croissant pour les stratégies ESG, les méthodes de
reporting et d' évaluation de leur performance restent un défi, selon 43 %
des participants à l'enquête. Deux investisseurs sur cinq (40%)
craignent également que les entreprises fassent du " greenwashing " des
données de performance afin d' améliorer leur image auprès du public.
Jean François Baralon, ajoute, " Si l'investissement ESG est désormais
une évidence pour les investisseurs institutionnels, qui s'attendent à
ce que l'intégration des facteurs ESG devienne une pratique courante au
cours des cinq années à venir, la prochaine étape pour l'industrie est
de s'assurer que nous régulons les produits ESG, pour la protection des
investisseurs et de leurs investissements. Nous avons besoin de normes
claires en matière de classification et de labélisation de la part de
l'ensemble de l'industrie et des régulateurs, pour mieux distinguer les
investissements dits " ESG " de ceux qui intègrent réellement ces
critères. Seuls des gérants vraiment actifs et avec des convictions
fortes peuvent respecter et intégrer les principes ESG. "
Dans un environnement qui combine performances incertaines et hausse
des taux, les institutionnels sont contraints à élargir leur horizon
afin de produire de la performance. Ils indiquent une préférence pour
les fonds alternatifs et les actifs non cotés. Le secteur des
infrastructures continue de retenir l'attention des institutionnels,
puisque plus d'un tiers (36 %) prévoit d'augmenter son allocation en
direction de cette thématique, suivi par celle de la dette privée (28
%), du private equity (27 %) et de l'immobilier (24 %). Cette tendance
favorable pour les actifs non cotés s' explique par leur capacité à
générer des performances plus élevées (pour 71% des personnes
interrogées) et offrir une réelle diversification (60%).
Les investisseurs envisagent de réduire leur exposition aux actions,
tout en augmentant leur exposition aux obligations. La plupart des
investisseurs (84 %) prévoit un regain de volatilité sur le marché
actions et anticipe une baisse de ses allocations actions de 37,7% à
36,2 % l'année prochaine, tandis que les allocations vers les
obligations devraient représenter 38,2 % en 2019 contre 37,3 %
actuellement.
(*) Enquête conduite auprès de 500 investisseurs institutionnels
mondiaux (à travers l' Amérique du Nord, l' Amérique latine, l' Europe
continentale, l' Asie et le Moyen Orient).