Le secteur bancaire français redoute un "mauvais" accord de Bâle
information fournie par Reuters 12/06/2017 à 18:04
(Actualisé avec source proche du dossier) PARIS, 12 juin (Reuters) - Les banques françaises redoutent qu'un accord sur de nouvelles règles prudentielles internationales, dites de "Bâle 4", ne soit trouvé sur des bases qui leur soient défavorables, a déclaré lundi une source du secteur français. "On est parti sur un assez mauvais deal", a déclaré cette source représentative des dirigeants des banques françaises, alors qu'une réunion du comité de Bâle doit se tenir en Suède les 14 et 15 juin. L'inquiétude des banques françaises a été relayée fin mai par le gouverneur de la Banque de France, qui a dit que la France s'opposerait à un accord qui ne prendrait pas assez en compte les méthodes de calculs des risques utilisées par les banques françaises. Ces dernières utilisent traditionnellement des modèles dits "internes" et estiment qu'une généralisation de la méthode dite "standard", largement pratiquée aux Etats-Unis, leur serait défavorable, notamment pour les crédits immobiliers. La question d'un plancher minimum de capitaux immobilisés en fonction du degré de risque de certains crédits pose un problème de principe aux banques françaises. Même fixé à un niveau relativement bas et à un horizon d'une dizaine d'années, un tel seuil minimum forcerait les banques européennes à lever encore de nouveaux fonds propres et augmenterait, soulignent-elles, les coûts des crédits et du financement de l'économie. La proposition sur la table, qui fixerait le niveau minimum de fonds propres requis à 75% du montant calculé selon la méthode standard, est "inacceptable en l'état" pour la partie française. Alors qu'elles pensaient pouvoir compter sur le soutien de l'Allemagne et des Pays-Bas, les banques françaises redoutent un affaiblissement du front européen face aux Américains. "J'espère que le front franco-allemand n'a pas craqué", a dit la source bancaire française, alors que des dirigeants d'établissements financiers alertent en privé sur un possible affaiblissement des banques d'affaires européennes au profit des grands noms de Wall Street. De source proche du dossier, on a appris lundi que la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et la Commission européenne avaient rédigé un document commun qui a été remis mercredi dernier au président du Comité de Bâle. "Il y a une position commune qui a été signée par la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et la Commission européenne et qui a été déposée à la veille des négociations", a-t-on indiqué. "On est sur un front européen relativement uni", a-t-on ajouté à propos du seuil minimum de fonds propres. Le comité de Bâle, qui rassemble les autorités d'une trentaine de pays du monde entier, s'est donné pour but de tirer les leçons de la crise financière de 2008 et, par l'instauration de normes beaucoup plus dures, de prévenir l'éclatement de nouvelles crises. (Julien Ponthus, avec Yann Le Guernigou, édité par Jean-Michel Bélot)