Le retour du style value reste à confirmer
information fournie par Agefi Asset Management  25/10/2019 à 10:45

(NEWSManagers.com) - Le style value n' a pas dit son dernier mot. Les actions décotées ont rebondi depuis mi-août en Europe et surperforment de 6 points les valeurs de croissance. Cette reprise tient plus du rebond technique. Plus qu' un pari sur une reprise de l' économie mondiale, les investisseurs reviennent sur cette thématique pour des raisons de valorisation. La décote du style value par rapport au style croissance atteint des niveaux historiquement élevés. Si l' on prend les performances depuis le début de l' année la physionomie du marché est en effet bien différente. Dans un marché actions en hausse de 19%, l' indice MSCI Europe croissance affiche un gain de 22% alors que l' indice value ne progresse que de 9%. La value regroupe traditionnellement les secteurs bancaire, telecoms ou énergie. Les valeurs décotées ont en fait rattrapé le retard qui s' était creusé lors de la correction de cet été. Correction qui avait bénéficié surtout aux valeurs défensives. Si l' on relève les compteurs à fin septembre, le gain de la value par rapport à la croissance n' est plus que de 1 point. " Nous retrouvons entre la value et la croissance le même écart qu' en 2001 ou 2007 à une différence près, l' environnement de taux" , souligne Vanessa Bonjean, analyste sur les fonds chez Lyxor AM. Les investisseurs privilégient les valeurs défensives et de croissance qui profitent des taux bas.

Ce retour sur la value est d' ailleurs très timide. Vanessa Bonjean reconnaît qu' il n' y a pas de rotation massive et que les investisseurs reviennent vers les cycliques et les values, titre par titre et seulement sur quelques belles industrielles, comme dans le secteur aérospatial. En revanche le pétrole (+2,8% depuis le début de l' année en Europe) et les télécoms (+7%) restent pénalisés. Les banques, qui affichent la pire performance sectorielle cette année en Europe avec un gain de 2,5%, sont délaissées. Elles doivent faire face à la pression réglementaire et des taux bas sur leur business model. Le secteur automobile est également confronté à de sérieux enjeux structurels. " Les PER historiquement bas de ces deux secteurs intègrent un recul de leur croissance bénéficiaire à des niveaux de récession" , souligne Vanessa Bonjean.

Christian Parisot, économiste chez Aurel BGC, ne voit pas de rotation sectorielle et ne l' anticipe pas à court terme. " Les investisseurs restent positionnés sur les valeurs de croissance et même quand les chiffres publiés ne sont pas bons, ils ne veulent pas les vendre." De peur de devoir les payer encore plus cher une fois la déception passée. Pour qu' il y ait un véritable rebond de la value et des cycliques, il faut que l' économie se reprenne. Les derniers indicateurs montrent qu' elle n' en prend pas le chemin. La croissance chinoise continue de décevoir. Elle s' établit au troisième trimestre dans le bas de la fourchette des prévisions du gouvernement pour l' ensemble de l' année à 6%. L' assouplissement des politiques monétaire et budgétaire n' est pas suffisant. Le FMI a revu en baisse sa prévision de croissance pour cette année. Les entreprises en Europe commencent à avertir les marchés qu' elles n' atteindront pas leurs objectifs. L' espoir des investisseurs repose sur un accord entre la Chine et les Etats-Unis.