Le régulateur veut qu'EDF cède plus de nucléaire pour limiter les tarifs

information fournie par Reuters 01/06/2022 à 13:21

LE RÉGULATEUR VEUT QU'EDF CÈDE PLUS DE NUCLÉAIRE POUR LIMITER LES TARIFS

PARIS (Reuters) - La Commission de régulation de l'énergie (CRE) recommande au gouvernement français d'augmenter les volumes d'électricité d'origine nucléaire qu'EDF devra céder à ses concurrents en 2023 afin de limiter la hausse des tarifs, a annoncé mercredi Jean-François Carenco, le président du régulateur.

La CRE préconise ainsi que le groupe vende l'an prochain 130 térawatts-heure (TWh) à ses rivaux dans le cadre de l'Arenh (accès régulé à l'électricité nucléaire historique), à un prix qui serait revu à la hausse et fixé au minimum à 49 euros par mégawatt-heure (MWh).

Cette mesure éviterait aux concurrents d'EDF de devoir payer des prix beaucoup plus élevés sur les marchés de gros - dans un contexte de faible disponibilité du parc nucléaire français et de tensions sur l'approvisionnement gazier de l'Europe -, ce qui se répercuterait dans les tarifs de l'électricité.

"Il est très important (...) qu'on donne un maximum d'Arenh pour être le minimum exposés au prix international", a déclaré Jean-François Carenco lors d'une conférence de presse.

"Le seul objectif, c'est d'avoir un prix de l'énergie qui rende nos entreprises compétitives et qui ne nuise pas à la cohésion sociale pour le consommateur individuel", a-t-il ajouté.

Pour limiter l'augmentation des tarifs réglementés de l'électricité à 4% le 1er février, le gouvernement a déjà relevé de 100 à 120 TWh les volumes d'Arenh cédés cette année, au prix de 42 euros par MWh pour 100 TWh et de 46,20 euros par MWh pour 20 TWh.

La CRE, qui souhaiterait une décision sur l'Arenh avant l'été pour donner de la visibilité aux acteurs du marché, recommande aussi à l'exécutif de prolonger la baisse de la taxe sur l'électricité (TICFE), effective depuis le 1er février, à son niveau minimum prévu par le droit européen.

Opposé de longue date au système de l'Arenh, qu'il qualifie de "poison", EDF a estimé au mois de mars que le relèvement des volumes d'électricité nucléaires vendus à bas prix à ses concurrents en 2022 amputerait cette année son bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements (Ebitda) de quelque 10 milliards d'euros. Il a en conséquence demandé au gouvernement de revenir sur sa décision.

Le groupe, par ailleurs pénalisé par une faible disponibilité de ses centrales en raison de problèmes de corrosion, a dû procéder au début du printemps à une augmentation de capital de 3,16 milliards d'euros, à laquelle l'Etat français a souscrit à hauteur de 2,7 milliards environ.

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a indiqué lundi qu'aucun rattrapage sur les factures des consommateurs n'aurait lieu l'an prochain après le gel des tarifs du gaz et le plafonnement de ceux de l'électricité.

Dans le contexte de la guerre en Ukraine qui se traduit par une flambée des prix de l'énergie, il a également indiqué que l'exécutif voulait continuer à protéger les français contre la hausse de l'électricité en 2023, sans préciser par quels moyens.

(Reportage Benjamin Mallet, rédigé par Matthieu Protard, édité par Jean-Michel Bélot)