Le président chinois se présente en champion du multilatéralisme au sommet de l'Apec information fournie par Reuters 31/10/2025 à 10:53
par Jihoon Lee, Eduardo Baptista et Ju-min Park
Le président chinois Xi Jinping entend occuper le devant de la scène vendredi lors du sommet de l’Apec, une rencontre économique entre les dirigeants de la région Asie-Pacifique, après avoir obtenu une trêve commerciale fragile avec le président américain Donald Trump.
Xi Jinping et son homologue américain Donald Trump, qui a quitté la Corée du Sud la veille, ont conclu une trêve commerciale fragile sans toutefois s'attaquer aux causes profondes de leurs différends
Au sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec), Xi Jinping cherche à présenter la Chine comme le champion du multilatéralisme et du libre-échange, un rôle que les États-Unis ont dominé pendant des décennies.
"Des changements inédits depuis un siècle s'accélèrent dans le monde entier", a déclaré Xi Jinping aux dirigeants des 21 pays membres de l'Apec, dans la ville historique de Gyeongju.
"Plus la mer est agitée, plus nous devons nous serrer les coudes", a ajouté le dirigeant chinois dans un discours appelant à la protection du système commercial multilatéral et à l'approfondissement de la coopération économique.
Toutefois, de nombreuses nations asiatiques se méfient de la rhétorique de la Chine, compte tenu de sa position militaire dans la région, de sa domination du secteur manufacturier et de sa volonté d'utiliser les contrôles aux exportations et d'autres outils dans les différends commerciaux.
Représentant les Etats-Unis après le départ de Donald Trump, le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a déclaré aux dirigeants réunis - dont beaucoup ont été impactés par les droits de douane américains - que Washington "rééquilibrait ses relations commerciales afin de jeter des bases plus solides pour la croissance mondiale".
Le FMI a d'abord réduit les perspectives de croissance mondiale après l'annonce des droits de douane de Donald Trump en avril, mais les a revues à la hausse, les chocs et les conditions financières s'étant avérés plus bénins que prévu.
XI RENCONTRE LA PREMIÈRE MINISTRE DU JAPON
Parmi les réunions bilatérales les plus attendues, le dirigeant chinois s'est entretenu avec la nouvelle Première ministre du Japon, Sanae Takaichi. Dans de brèves remarques au début de leur rencontre, les deux dirigeants ont déclaré qu'ils s'efforceraient de faire progresser les relations.
Si les relations entre les deux rivaux historiques se sont améliorées ces dernières années, l'accession surprise de Sanae Takaichi à la tête du gouvernement du Japon risque de tendre les liens en raison de ses opinions nationalistes et de sa politique de sécurité très stricte.
L'une des premières mesures qu'elle a prises depuis son entrée en fonction la semaine dernière a été d'accélérer le renforcement de l'arsenal militaire afin de dissuader les ambitions territoriales d'une Chine de plus en plus affirmée en Asie de l'Est. Le Japon accueille également la plus grande concentration de militaires américains à l'étranger.
La détention de ressortissants japonais en Chine et les restrictions imposées par Pékin sur les importations de bœuf, de fruits de mer et de produits agricoles japonais devraient également figurer parmi les questions sensibles à l'ordre du jour.
LE CANADA CHERCHE À RELANCER LES RELATIONS AVEC LA CHINE
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est également entretenu avec Xi Jinping, dans le but de relancer un large engagement avec la Chine après des années de mauvaises relations.
Empêtré dans un âpre conflit commercial avec les États-Unis, principal partenaire commercial du Canada, Mark Carney a déclaré lors d'une réunion en marge du sommet qu'Ottawa avait l'intention de doubler ses exportations non américaines au cours de la prochaine décennie.
La Chine a annoncé des mesures antidumping préliminaires sur les importations de canola canadien en août, un an après que le Canada a déclaré qu'il imposerait des droits de douane de 100% sur les importations de véhicules électriques chinois. De hauts fonctionnaires des deux parties se sont rencontrés pour discuter de ces questions au début du mois, mais n'ont donné aucune indication sur une avancée imminente.
Xi Jinping a également rencontré le Premier ministre thaïlandais Anutin Charnvirakul, tandis que le président sud-coréen Lee Jae-myung abordera la question du nucléaire nord-coréen avec le dirigeant chinois lors d'une rencontre samedi.
Le ministre du Commerce de Xi Jinping a lui prononcé un discours en son nom devant l'assemblée des dirigeants, dans lequel il a déclaré que la Chine était la destination "idéale" pour les entreprises et les investissements du monde entier.
Taïwan, de son côté, a déclaré qu'il progressait sur un accord douanier avec les États-Unis, et la Corée du Sud a déclaré que les derniers détails de son accord avec Washington étaient presque prêts.
LA CORÉE DU SUD ESPÈRE UNE DÉCLARATION COMMUNE
Le ministre sud-coréen des Affaires étrangères, Cho Hyun, a déclaré jeudi qu'il espérait que les dirigeants de l'Apec publieraient une déclaration commune lors de la clôture du sommet samedi.
Deux diplomates de pays membres de l'Apec ont exprimé en privé leur scepticisme quant à l'importance d'une telle déclaration, compte tenu des fractures de la politique mondiale.
L'Apec, qui s'étend de la Russie au Chili et représente 50% du commerce mondial, n'a pas réussi à adopter une déclaration commune en 2018 et 2019, au cours de la première présidence de Donald Trump.
Des accords commerciaux ont également été conclus en marge de la conférence, le fabricant américain de puces Nvidia
NVDA.O ayant convenu d'une coentreprise de 3 milliards de dollars dans le domaine de l'IA avec le constructeur automobile sud-coréen Hyundai Motor Group 005380.KS .
(Reportage Jihoon Lee, Ju-min Park et Eduardo Baptista à Gyeongju, rédigé par John Geddie ; version française Kate Entringer ; édité par Augustin Turpin)