Le point hebdo des marchés : les attentes en matière de taux d'intérêt font fausse route
information fournie par BlackRock 15/02/2022 à 14:47

(Crédits photo : Adobe Stock - )

Les trois points à retenir cette semaine

  • Les marchés anticipent un fort ralentissement de la Fed
  • Le risque d'erreur politique augmente
  • Ukraine : guerre d'interprétation

En janvier, l'inflation des prix à la consommation aux Etats-Unis a atteint 7,5%, son niveau le plus élevé depuis 40 ans, et encore une fois plus que ce que le consensus prévoyait par rapport au niveau de décembre (7%). Plus grave encore, l'inflation semble se propager des composantes exclusivement liées au Covid (comme les biens dits "stay-at-home", c'est à dire, "pour rester à la maison") vers différentes catégories du panier de consommation, dont de nombreux services.

Le taux d'inflation de base, qui exclut les composantes les plus volatiles que sont l'énergie et les produits alimentaires, est passé de 5,5% en décembre à 6% en janvier. C'est sans doute cette image d'une inflation qui se propage qui a incité les acteurs du marché à durcir considérablement leurs attentes quant à la réaction de la Fed.

Suite à la publication des données sur l'inflation, le nombre de hausses de taux d'intérêt pour cette année intégrées dans les contrats à terme sur fonds fédéraux est passé à plus de six, voire près de sept en période de pointe. Cela signifierait que la Fed utiliserait toute sa marge de manœuvre dès cette année en ce qui concerne les hausses de taux d'intérêt attendues (la majorité des attentes concernant le 'taux terminal' se situent dans une fourchette de 1,75-2,0%).

"100 points de base de hausse des taux dans le sac d'ici le 1er juillet" ?

James Bullard, le gouverneur de la Réserve fédérale de Saint-Louis, qui a cette année le droit de vote au Federal Open Market Committee (FOMC), a jeté de l'huile sur le feu jeudi. Au vu de ces données d'inflation élevées, Bullard aimerait voir 100 points de base de hausse des taux d'intérêt dans le sac d'ici le 1er juillet (citation : "I'd like to see a 100 basis points in the bag by July 1"). La probabilité d'une hausse de 50 points de base de la Fed dès le mois de mars, prise en compte par le marché, a alors grimpé en flèche, passant de 48% après les chiffres de l'IPC (index des prix à la consommation) à près de 86%.

Ce serait la première fois depuis plus de 20 ans que la Fed augmenterait ses taux d'intérêt de plus de 25 points de base en une seule fois. Le risque d'une erreur politique s'est ainsi considérablement accru. En effet, une hausse aussi rapide des coûts de refinancement, surtout si elle s'accompagne d'un resserrement des liquidités dû à la fin rapide des achats d'obligations, durcirait massivement les conditions de financement.

Or, celles-ci agissent du côté de la demande de l'économie, au niveau des investissements et de la consommation, et un tel resserrement signifierait donc un freinage de la demande agrégée, avec des conséquences probablement sensibles pour la croissance et l'emploi. Mais face à une inflation qui provient en revanche du côté de l'offre (prix de l'énergie, goulets d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement, etc.), cela n'aurait probablement que peu d'effet tant que les prix du côté de la demande, c'est-à-dire les salaires, ne commenceraient pas à baisser.

En d'autres termes : Si une banque centrale veut vraiment briser un choc de prix du côté de l'offre, elle doit ralentir drastiquement l'économie, voire l'étouffer. Or, cela ne semble pas être l'objectif compte tenu de la situation économique actuelle, dans laquelle les banques centrales cherchent probablement plutôt à normaliser les conditions monétaires post Covid. Encore moins si l'on tient compte de la nouvelle stratégie de la Fed, qui n'a été adoptée qu'en août 2020.

Dans l'ensemble, l'image qui se dégage est donc celle d'un FOMC qui, face à l'évolution extrêmement impopulaire de l'inflation, ressent la pression de l'opinion publique et commence à avoir très froid aux yeux. Pour les marchés, il est donc plus probable que certaines des six hausses de taux anticipées par les marchés d'ici la fin de l'année redisparaissent des contrats à terme sur les fonds fédéraux. Après le récent et net aplatissement de la courbe des taux, on devrait donc assister, au moins épisodiquement, à des phases de marché au cours desquelles la courbe se raidit.

Le mystère plane sur la stratégie de la Russie

Outre les banques centrales, c'est surtout le déploiement militaire de la Russie à la frontière avec l'Ukraine qui tient les marchés en haleine. Il est frappant de constater à quel point le risque concret de guerre est perçu différemment selon l'endroit où l'on regarde. Si l'on en croit certains experts occidentaux en matière de sécurité et de stratégie militaire, la probabilité d'une attaque a augmenté de plus de 70% avec le déploiement de 130.000 hommes à la frontière de l'Ukraine orientale et de la Biélorussie par le nord. Les services secrets américains auraient même identifié ce mercredi comme le jour de l'invasion, les gouvernements occidentaux conseillent vivement à leurs compatriotes de quitter l'Ukraine.

En revanche, les analystes sur place, c'est-à-dire en Ukraine même et en Russie, considèrent généralement que le risque de guerre est nettement plus faible, et soulignent les immenses dommages d'une guerre pour tous les participants. Le fait est qu'une véritable escalade aurait des conséquences massives sur les marchés financiers, depuis le "risk-off" d'une guerre sur le territoire européen jusqu'à l'augmentation dramatique des prix de l'énergie et ses conséquences sur le commerce mondial.

Si l'armée russe devait effectivement envahir l'Ukraine, que ce soit avant la fin des Jeux olympiques d'hiver ou après, cela pourrait faire la différence pour les investisseurs en actions sur l'ensemble de l'année 2022. La différence entre une année éprouvante, mais tout juste bonne, et une année à oublier.


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