Le PDG de JPMorgan avertit que les droits de douane pourraient ralentir la croissance US et alimenter l'inflation
information fournie par Reuters 07/04/2025 à 12:47

Nouveau siège mondial de JPMorgan Chase à New York

Jamie Dimon, président-directeur général de JPMorgan Chase, a prévenu lundi les investisseurs que le désordre causé par les droits de douane américains pourrait peser sur la croissance de la plus grande économie du monde, stimuler l'inflation et avoir un impact négatif au long terme.

Dans sa lettre annuelle aux actionnaires, publiée après que la Bourse de New York a dévissé pour deux séances consécutives en fin de semaine dernière, Jamie Dimon a mis en garde contre les conséquences de la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump sur les relations entre les Etats-Unis et leurs partenaires commerciaux de longue date.

Les Bourses asiatiques ont également clôturé en forte baisse lundi.

"L'économie fait face à des turbulences considérables (y compris géopolitiques), avec les aspects potentiellement positifs de la réforme fiscale et de la déréglementation et les aspects potentiellement négatifs des tarifs douaniers et des 'guerres commerciales', une inflation persistante, des déficits budgétaires élevés et des prix des actifs et une volatilité encore assez élevés", a déclaré le dirigeant.

À la tête de JPMorgan depuis 19 ans, Jamie Dimon, 69 ans, compte parmi les voix influentes dans le monde des affaires.

"Nous sommes susceptibles de voir des résultats inflationnistes (...) La question de savoir si le menu des tarifs causera une récession reste en suspens, mais cela ralentira la croissance", a-t-il averti.

Les économistes de JPMorgan ont par ailleurs relevé à 60% le risque que les États-Unis connaissent une récession cette année, contre 40% il y a un mois, après que Donald Trump a annoncé la semaine dernière la mise en place de nouveaux droits de douane dits "réciproques" incluant des taux de 20% pour les produits importés de l'Union européenne et de 34% pour ceux provenant de Chine.

Jamie Dillon a souligné le risque de représailles de la part d'autres pays et a déclaré que les droits de douane pourraient affecter la confiance économique, les investissements, les flux de capitaux, les bénéfices des entreprises et le dollar.

"Plus vite cette question sera résolue, mieux ce sera, car certains des effets négatifs augmentent cumulativement avec le temps et seraient difficiles à inverser", a-t-il insisté.

Les tarifs douaniers soulèvent également des questions sur la direction des taux d'intérêt.

Jamie Dimon a noté que, malgré la baisse récente des taux due à la faiblesse du dollar, une croissance plus lente et une diminution de l'appétit pour le risque pourraient faire augmenter les taux, rappelant la "stagflation" des années 1970.

Les attentes d'une croissance américaine modeste, suivant le scénario d'un "atterrissage en douceur", pourraient également être déçues.

"Nous entrons dans cette période d'incertitude avec des prix élevés pour les actions et la dette, même après le récent déclin (...) les marchés semblent toujours évaluer les actifs en supposant que nous continuerons à avoir un atterrissage en douceur. Je n'en suis pas si sûr", a déclaré Jamie Dimon.

(Redigé par Nupur Anand, version française Noemie Naudin, édité par Augustin Turpin)