Le PDG de Dassault Aviation ne sait pas si le projet d'avion de combat du Scaf se fera
information fournie par Reuters 16/12/2025 à 12:46

Le président français Emmanuel Macron et Eric Trappier, président-directeur général de Dassault Aviation, devant la maquette d'un Rafale

Le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, a déclaré mardi ignorer si le projet européen d'avion de combat du Scaf (Système de combat aérien du futur) se concrétiserait, estimant que son avenir dépendait en partie d'un éventuel réexamen par l'Allemagne de sa dépendance à l'égard des importations d'armes américaines.

Ce projet à 100 milliards d'euros doit permettre de remplacer à partir de 2040 les Rafale français et les Eurofighter allemands et espagnols par un chasseur de sixième génération, mais il est menacé par une querelle entre Dassault et Airbus sur des questions de contrôle technologique et industriel.

"Est-ce que ça va se faire ? Je ne sais pas", a déclaré Eric Trappier lors du colloque annuel des directions de la sécurité des entreprises (CDSE), réitérant sa demande d'obtenir la direction de la composante principale du Scaf, l'avion de combat, le projet incluant également des drones et un système d'interconnexion au sein d'un cloud dédié.

Interrogé sur des informations selon lesquelles la France et l'Allemagne pourraient construire deux appareils sous une même bannière pour résoudre les divergences entre Dassault et Airbus concernant un système unique, Eric Trappier a en outre déclaré à Reuters : "Personne ne m'a parlé de deux avions."

Le chancelier allemand Friedrich Merz et le président français Emmanuel Macron devraient discuter cette semaine du sort du Scaf, après que les ministres de la Défense allemand, français et espagnol ont échoué la semaine dernière à surmonter leurs divergences sur le contrôle industriel du projet.

"Est-ce qu'entre la France, l'Allemagne et l'Espagne, on partage complètement la volonté de défendre l'Europe ? Je pense que oui", a également déclaré Eric Trappier. "La manière de faire, c'est plus compliqué."

Le PDG de Dassault Aviation, qui a critiqué l'Allemagne pour avoir choisi les chasseurs américains F-35 dans le cadre de la défense nucléaire assurée par l'Otan, a estimé qu'une des incertitudes pesant sur le projet Scaf résidait dans les choix à venir de Berlin : "Est-ce que l'Allemagne veut sortir de sa relation transatlantique en matière de défense ?"

Dassault veut obtenir un contrôle clair sur la partie avion de combat du Scaf, tout en laissant Airbus gérer d'autres composantes telles que les drones de combat.

"Je revendique le leadership sur la base des compétences de la société Dassault", a souligné Eric Trappier. "Je ne suis pas contre les coopérations (mais) je suis pour des coopérations efficaces."

(Reportage de Florence Loeve et Tim Hepher, version française Benjamin Mallet)