par Pamela Barbaglia
LONDRES, 21 juin (Reuters) - Le nouveau fonds public italien
de soutien au secteur bancaire Atlante pourrait lancer dans les
semaines à venir le processus de vente de Popolare di Vicenza,
l'une des banques les plus mal en point du pays, dans l'espoir
de stabiliser l'ensemble du système bancaire, a-t-on appris de
plusieurs sources proches du dossier.
Le fonds, financé en partie par une dizaine d'institutions
financières, a repris Popolare di Vicenza il y a deux mois,
l'échec de l'introduction en Bourse de cette dernière l'ayant
contraint à acquérir 99% de son capital.
Il envisage désormais de décharger le bilan de la banque de
ses créances douteuses en les regroupant au sein d'une "bad
bank", une structure de défaisance, et travaille avec la banque
d'investissement Rothschild pour sonder l'intérêt des
investisseurs pour le reste des actifs, ont expliqué des
sources.
Atlante, auquel la Cassa Depositi e Prestiti (CDP),
établissement financier public, a apporté 500 millions d'euros,
pourrait adresser dès le mois prochain de la documentation
confidentielle à d'éventuels repreneurs potentiels.
Outre le poids de ses créances douteuses, dont elle pourrait
donc être déchargée avant une possible reprise, Popolare di
Vicenza, créée il y a 150 ans, est visée par une enquête sur des
soupçons de manipulation de cours et est exposée à 1,4 milliard
d'euros de demandes d'indemnisation réelles ou potentielles
après avoir vendu ses propres actions à bon nombre de ses
clients à un prix élevé, souvent en échange de l'octroi d'un
prêt.
CRÉANCES DOUTEUSES, LITIGES ET ENQUÊTE JUDICIAIRE
On a appris mardi qu'un tribunal de Venise avait accepté de
suspendre le remboursement d'un prêt accordé par la banque à un
client qui avait acquis des actions, une décision judiciaire qui
pourrait encore dégrader la qualité de son portefeuille de
créances.
Par ailleurs, la police fiscale italienne a procédé à des
perquisitions mardi au siège de l'établissement dans le cadre de
l'enquête sur les soupçons de manipulation de cours et de
tromperie.
En dépit des obstacles, Atlante semble pressé de faire
avancer le dossier car il doit libérer des capitaux s'il entend
mener à bien sa mission d'assainissement du secteur bancaire
italien, plombé par 360 milliards d'euros de créances douteuses,
et tenir la promesse faite aux investisseurs d'un rendement
annuel de 6%.
Rothschild cherche le moyen d'isoler 1,9 milliard d'euros de
créances de Popolare di Vicenza considérées comme à risque, une
première étape incontournable avant une cession, ont dit les
sources. Les créances douteuses seraient cédées séparément du
coeur des activités de la banque.
Parmi les repreneurs potentiels figurent les fonds de
capital-investissement Apollo, Cerberus et Lone Star, ont ajouté
les sources.
Atlante, Rothschild et Cerberus ont refusé de commenter ces
informations. Popolare di Vicenza, Apollo et Lone Star n'ont pas
répondu dans l'immédiat à des demandes de commentaires.
Le 3 juin, Alessandro Penati, le principal dirigeant
d'Atlante, avait déclaré se fixer pour objectif de restructurer
et de vendre Popolare di Vicenza dans un délai de 18 à 24 mois,
ajoutant qu'une cession partielle était envisageable cette
année.
Doté à sa création de 4,25 milliards d'euros, Atlante a déjà
investi 1,5 milliard dans Popolare di Vicenza et devrait
consacrer un milliard supplémentaire au renflouement d'une autre
banque régionale, Veneto Banca IPO-VENE.MI .
(avec Paola Arosio et Valentina Za à Milan; Marc Angrand pour
le service français)