Le FMI met en garde contre le risque d'une correction "désordonnée" des marchés mondiaux information fournie par Reuters 14/10/2025 à 17:54
Les marchés financiers mondiaux s'accommodent trop facilement des guerres commerciales, tensions géopolitiques et des déficits publics élevés, des risques qui, combinés à des actifs déjà surévalués, augmentent le risque d'une correction "désordonnée" des marchés, a déclaré mardi le Fonds monétaire international (FMI).
L'avertissement lancé par l'institution survient dans un contexte d'escalade de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, après les déclarations vendredi du président américain Donald Trump menaçant d'une "augmentation massive" des droits de douane sur les importations de biens chinois.
Les marchés financiers ont cependant montré une bonne résistance aux turbulences depuis avril et l'ouverture des hostilités américaines, soutenus par les attentes d'un assouplissement monétaire dans la plupart des grandes économies.
Mais cet optimisme masque les dégâts potentiels des droits de douane et le niveau élevé de la dette publique. Le FMI a averti que les liens étroits entre les banques et les sociétés financières moins réglementées pourraient amplifier ces risques.
"Sous une surface calme, le sol bouge dans plusieurs parties du système financier, ce qui crée des vulnérabilités", écrit l'institution dans son rapport semestriel sur la stabilité financière mondiale.
"Les modèles d'évaluation indiquent que les prix des actifs à risque sont bien supérieurs aux fondamentaux, ce qui augmente la probabilité de corrections désordonnées en cas de chocs défavorables", ajoute le FMI.
RISQUE DE CORRECTION "SOUDAINE ET BRUTALE"
Malgré certaines données économiques négatives, les valorisations des actions et des crédits d'entreprise sont "assez tendues", l'enthousiasme les mégacapitalisations du secteur de l'IA entraînant une concentration historique.
Cela crée un risque de "correction soudaine et brutale" si les rendements attendus ne justifient pas les valorisations élevées, selon le FMI.
L'analyse des marchés obligataires révèle également une pression croissante exercée sur le fonctionnement des marchés par l'aggravation des déficits budgétaires.
Des hausses soudaines des rendements pourraient peser sur les bilans des banques et exercer une pression sur les fonds ouverts tels que les fonds communs de placement, explique le FMI.
Les banques centrales doivent rester vigilantes face aux risques d'inflation liés aux droits de douane et adopter une attitude prudente en matière d'assouplissement monétaire afin de minimiser les nouvelles flambées des valorisations des actifs à risque, ajoute le FMI.
L'indépendance des banques centrales est "essentielle" pour ancrer les anticipations du marché et permettre à ces institutions de remplir leur mandat, précise le FMI, sans faire référence à une institution en particulier.
LE NON BANCAIRE CRÉE UN RISQUE DE CONTAGION
Le FMI a également souligné mardi que le secteur financier non bancaire, qui comprend les assureurs, les fonds de pension et les fonds spéculatifs, continue de croître et détient désormais environ la moitié des actifs financiers mondiaux.
Aux États-Unis et en Europe, de nombreuses banques ont des expositions non bancaires qui dépassent leur capital de haute qualité capable d'absorber les pertes, ajoute l'institution.
"Les vulnérabilités du secteur non bancaire sont interdépendantes", explique le rapport. "Elles peuvent rapidement se propager au système bancaire traditionnel, amplifiant les chocs et compliquant la gestion de crise."
(Rédigé par Pete Schroeder; version française Augustin Turpin, édité par Kate Entringer)