Le cash ne paie plus. Seule la Bourse sourit aux audacieux information fournie par Les sélections de Roland LASKINE 19/09/2025 à 11:56
Le 19 septembre 2025
Les livrets bancaires ne rapportent plus grand-chose et l'assurance-vie désespère plus d'un épargnant avec un rendement net de frais souvent inférieur à 2%. Le climat de désordre politique qui règne dans notre pays incite pourtant nos concitoyens à remplir leur bas de laine. L'Insee nous informe, en effet, que le taux d'épargne des Français a atteint le niveau historique de 19% de leur revenu disponible. Il s'agit du niveau le plus élevé depuis 45 ans, à l'exception de la brève période du Covid. A titre de comparaison, le taux d'épargne moyen aux Etats-Unis n'excède pas 4,4% du revenu disponible. Le niveau de précaution financière auquel nous sommes arrivés en France en dit long sur l'état d'esprit de nos concitoyens. Les Français ont bien compris que le cash ne paie plus, mais ils ont du mal à reprendre le chemin de la Bourse. La plupart d'entre eux assistent effarés à la hausse des actions sur toutes les places boursières et se demandent comment le CAC 40 peut encore monter, alors que nous n'avons ni gouvernement, ni budget, et que la note financière de la France a été récemment rétrogradée.
En réalité, si la Bourse de Paris tient aussi bien le coup, c'est parce que nous ne sommes heureusement pas coupés du monde et que nous profitons d'un contexte général plus favorable aux placements en actions qu'il y paraît. L'entrée de la Fed dans un nouveau cycle de baisse de ses taux directeurs a des répercussions positives sur toutes les places financières mondiales. En baissant ses taux directeurs de 25 points de base en début de semaine, alors que les menaces inflationnistes restent fortes et que l'activité est loin de s'effondrer outre-Atlantique, la Fed a montré qu'elle se préoccupe avant tout de la préservation de l'emploi. Pour les marchés, il s'agit d'un signal fort qui contribue à soutenir la croissance qui repose, aux Etats-Unis, à plus des deux tiers sur la consommation des ménages. La majorité des experts anticipent une réduction des taux directeurs sous le seuil des 3% d'ici à fin 2026, mais certains d'entre eux n'excluent pas de les voir se diriger vers 2%.
Dans le jargon militaire, les investisseurs ont reçu le message « fort et clair ». En Bourse, tout le monde sait qu'en dehors des périodes de récession, toutes les baisses de taux directeurs de la Fed intervenues aux Etats-Unis ont été suivies d'une hausse des marchés. Ce qui est vrai pour Wall Street l'est aussi pour l'Europe, alors même que la faiblesse du dollar défavorise les grands exportateurs de la zone euro. Les valeurs françaises n'ont pas fini de porter le boulet de nos déficits et l'inefficacité de nos politiques publiques, elles profitent comme les autres de ce contexte favorable. Surtout, avec le vote cette semaine du budget allemand qui prévoit d'engager cette année un plan de dépenses de 502,5 milliards d'euros, ainsi que la mise en place d'un fonds spécial pour la rénovation des infrastructures de 500 milliards sur 12 ans. Ce plan devrait profiter aux entreprises françaises qui restent le premier partenaire commercial de l'Allemagne.
Quelle stratégie pour les semaines à venir ? Nous le pensions, la France n'a pas été frappée par le tsunami financier que certains experts redoutaient le lendemain de la dégradation de sa note financière. Notre pays reste frappé par une décote de défiance, mais nous profitons par capillarité, serait-on tenté de dire, des bonnes nouvelles qui nous entourent. D'une certaine manière, la piètre performance boursière du CAC 40, en progression de seulement 4% sur un an, comparé à un gain de 25% du Dax 40 sur la même période, joue en notre faveur. Comme nous l'écrivions la semaine dernière, nos grandes entreprises sont très internationalisées, avec seulement 15% de leur chiffre d'affaires réalisé dans l'Hexagone. Le reste est composé de 25% en Europe hors de nos frontières et de 60% dans le reste du monde. En se fiant au célèbre adage de Sir John Templeton, selon lequel « les marchés haussiers naissent dans le pessimisme, grandissent dans le scepticisme, mûrissent dans l'optimisme et meurent dans l'euphorie », il ne faut pas négliger les marchés en difficulté.
Par précaution, nous avons préféré poursuivre nos efforts de diversification en renforçant les positions sur notre sélection d'ETF Monde en direction de Wall Street, du marché chinois et les valeurs présentes dans l'indice européen Eurostoxx 50. Mais nous avons cependant repris quelques positions sur la Bourse de Paris au travers du tracker Amundi CAC 40 ETF. Dans le portefeuille Offensif, nous avons en revanche commencé à renforcer plus nettement les positions sur certaines valeurs françaises massacrées, comme Kering dans le secteur du luxe (50 actions acquises), le distributeur de matériel électrique Rexel (400 titres achetés), le distributeur d'énergie Rubis qui bénéficie de rumeurs d'OPA, mais aussi d'Emeis (ex-Orpea), le spécialiste des maisons de retraite et des soins médicaux qui commence à redresser la tête après plusieurs années de descente aux enfers ( 800 titres achetés). Après Valeo, entré en portefeuille début juillet, nous avons acquis 100 actions de l'équipementier automobile Forvia. Dans le Défensif, nous restons plus prudents, mais nous avons acheté 50 actions Sartorius Stedim Biotech, spécialisé dans la fourniture d'équipements et de matériel destiné au secteur biopharmaceutique. Comme le montrent les graphiques ci-joints réalisés sur les six derniers mois correspondant à la forte baisse du CAC 40 intervenue à partir de la mi-mars, tous nos portefeuilles PEA affichent sur la même période des performances positives. Celles-ci sont plus conséquentes sur notre sélection de fonds ISR qui poursuit son chemin vertueux, ainsi que sur la sélection de tracker Monde PEA ayant pleinement bénéficié de notre présence sur le marché américain et du renforcement de nos positions sur la Bourse chinoise. Nos portefeuilles de détention d'actions en direct ont, eux aussi, largement surperformé le CAC 40. C'est le cas du Défensif, géré de façon prudente en recherchant des valeurs résilientes, tout en conservant un important volant de liquidités. Mais, aussi, du portefeuille Offensif, qui après avoir subi de plein fouet la baisse du marché, redresse la tête depuis plusieurs semaines grâce à des achats ciblés de valeurs très en retard par rapport à la moyenne du marché.
Bonne lecture et bon week-end à tous,
Roland Laskine