Le CAC 40 dans la roue de Wall Street, pas dans celle de l’Assemblée ! information fournie par Les sélections de Roland LASKINE 12/12/2025 à 15:00
Le 12 décembre 2025
Les boursiers, nous l'avons assez répété, n'aiment pas l'incertitude, mais lorsqu'un événement est trop téléphoné, il donne rarement lieu à l'explosion de joie qu'on aurait pu espérer. La baisse d'un quart de point du taux directeur de la Fed a surtout profité à ceux qui sont confrontés à la vraie vie, c'est-à-dire les entreprises industrielles et commerciales très sensibles au coût du crédit largement, présentes dans le Dow Jones, et les valeurs moyennes de l'indice Russel 2000 qui ont besoin d'un coup de pouce de la part des autorités monétaires pour repartir de l'avant. Hier ces deux indices ont battu un double record, un plus haut historique à la fois en clôture et en séance. L'indice large S&P 500 a clôturé au plus haut à la cloche (22h00 heure européenne), mais le plus haut en séance qui remonte au 29 octobre dernier tient toujours. Pas de record en revanche pour le Nasdaq 100, l'indice représentatif des cent plus grosses des valeurs technologiques américaines, qui a légèrement reculé jeudi soir.
Le fait que les économistes n'anticipent désormais qu'un seul geste de la Fed en 2026 a contribué à refroidir le compartiment de la « tech ». La déception créée par les résultats mitigés des activités « cloud » du géant des services informatiques Oracle, n'a rien arrangé. Le spécialiste des composants électroniques Broadcom a publié des résultats solides, mais le poids des investissements nécessaires pour rester dans la course de l'IA continue de préoccuper le marché. La Fed a fait le « job » ouvrant la voie à un possible rallye de Noël, sans toutefois apporter l'éclairage que tout le monde attendait, notamment sur la poursuite de sa politique d'assouplissement. Mais était-il vraiment raisonnable de ne s'en remettre qu'à Jerome Powell, désormais sur le départ, pour résoudre tous les problèmes auxquels l'Amérique est confrontée ?
Cette longue digression consacrée aux valeurs américaines dans notre point hebdomadaire consacré à nos portefeuilles PEA peut paraître déplacée mais, au cours de ces dernières années, Wall Street n'a cessé de renforcer son emprise sur toutes les autres places financières. Les traders et les gérants de fonds européens sont aujourd'hui totalement incapables de prendre la moindre décision sans quitter du regard ce qui se passe de l'autre côté de l'Atlantique. Le travail habituel d'analyse des données économiques et des valeurs cotées en Europe reste important, mais rien n'est fait sans tenir compte de la tendance à la Bourse de New York. Le matin, l'œil est rivé sur les futures S&P 500 et Nasdaq, l'après-midi tout dépend de la direction que prend le marché après l'ouverture des cotations à Wall Street à 15h30 chez nous (heure d'hiver). De ce point de vue, comme le chante Abba, « the winner takes it all » : Donald Trump rafle la mise en Bourse, comme il le fait sans complexe sur le plan militaire, diplomatique et technologique…
Après plusieurs séances sans relief, les valeurs européennes se sont ainsi mises dans la roue de leurs grandes sœurs dès jeudi matin. L'indice Eurostoxx 50 n'a pas tout à fait retrouvé ses meilleurs niveaux de la mi-novembre mais, nous nous en rapprochons, avec en ligne de mire la ferme intention de finir l'année en beauté. Du côté de notre CAC 40, les choses se passent également étonnamment bien. Alors qu'une immense majorité de Français est effondrée par la tournure qu'ont pris les débats sur le vote du budget (en gros plus d'impôts et aucune économie substantielle réalisée sur le train de vie de l'État), les investisseurs nous observent avec une bienveillance. Les actions françaises continuent de légèrement sous-performer l'indice Eurostoxx 50, sans véritablement décrocher. Nos conditions d'emprunt à 10 ans se sont même détendues à 3,57%. Nos créanciers peuvent dormir sur leurs deux oreilles : après tout, se disent-ils, si le pays le plus taxé du monde accepte de payer toujours plus, c'est son affaire ! Pourvu que ça dure, comme le disait si bien la mère de Napoléon Bonaparte…
Dans ce contexte, nos portefeuilles continuent de bien se comporter. Sur un mois glissant, les graphiques ci-joints montrent que trois d'entre eux font un mieux que le CAC 40. L'Offensif se démène comme un bon diable, mais il n'est pas parvenu à clairement trouver sa place. Sur un mois, il parvient à rester dans la course mais, depuis le début de l'année, il affiche un retard de plus de huit points de pourcentage sur notre indice de référence. Un retard, qu'il a peu de chances de combler avant la saint Sylvestre. Nos initiatives lancées en direction des valeurs moyennes ont fait pschitt. Vallourec pique du nez de 10% et Aixtron de 7%, Exosens est repassé dans le rouge et Rubis se maintient difficilement hors de l'eau. Seule la biotech Medincell et le spécialiste français des maisons de retraite Emeis (ex Orpea) nous donnent pleine satisfaction. Ce dernier poursuit son désendettement avec la cession cette semaine de ses activités en Suisse pour un montant de près de 270 millions d'euros. Le rééquilibrage des comptes constitue un élément essentiel de la valorisation du titre. Cette opération porte à 2,4 milliards d'euros le montant des cessions réalisées depuis la présentation du plan de redressement du groupe à la mi-2022, avec une avance significative par rapport au 1,5 milliard initialement annoncé.
Quelle stratégie d'ici à la fin de l'année ? Ce n'est pas parce que nous nous rapprochons du 31 décembre que nous allons rester les bras croisés. Si, comme on peut l'espérer, si Wall Street trouve l'énergie de pousser son avantage au cours des dernières séances de l'année, il importe de rester dans sa roue. L'expérience montre, en effet, que tout regain d'optimisme de fin d'année a de fortes chances de se poursuivre durant les premières séances de janvier. Sur la sélection d'ETF Monde, la stratégie va naturellement nous conduire à renforcer une nouvelle fois la part des trackers éligibles au PEA orientés vers les valeurs technologiques et aussi sur le reste de la cote. Au-delà de la baisse des taux directeurs, celle-ci est portée par la révision significative à la hausse des perspectives de croissance du PIB des Etats-Unis de 1,8% à 2,3% pour 2026. Sur les portefeuilles Défensif et Offensif, la stratégie va plutôt consister à renforcer la part des valeurs existantes, qu'à ouvrir de nouvelles lignes. Ceci, en privilégiant de préférence les grandes valeurs les plus liquides et les plus performantes se prêtant mieux aux opérations d'habillage des portefeuilles réalisées au cours des derniers jours de décembre par les gérants professionnels. Les valeurs moyennes se prêtent moins à ce type d'exercice.
Bonne lecture et bon week-end à tous,
Roland Laskine