La valeur du jour à Paris - Veolia rachète l'américain Clean Earth pour 3 milliards de dollars
information fournie par AOF 21/11/2025 à 11:26

(AOF) - Veolia (-1,41% à 28 euros) a officialisé ce matin son accord pour l'acquisition de Clean Earth auprès du groupe américain Enviri, pour une valeur d'entreprise de 3 milliards de dollars (2,6 milliards d'euros environ), soit 9,8 fois l’Ebitda estimé pour 2026 après synergies normatives. Cette opération permettra au spécialiste français de la gestion de l'eau, des déchets et de l'énergie de doubler son empreinte dans le domaine des déchets dangereux aux États-Unis. La finalisation de l'acquisition est prévue d'ici 2026, sous réserve de conditions suspensives usuelles.

Veolia fait savoir que le financement de l'opération sera conforme à sa politique de financement rigoureuse et sera assuré par ses ressources financières existantes ainsi que par l'endettement.

120 millions de dollars de synergies

A l'issue de l'acquisition, le chiffre d'affaires de Veolia dans les déchets dangereux atteindra 5,2 milliards d'euros, avec une marge d'Ebitda de 17%. Cette transaction offre une forte création de valeur pour les actionnaires avec des synergies de 120 millions de dollars à l'horizon de la quatrième année et une relution du bénéfice par action courant dès la deuxième année.

En outre, grâce à cette opération, le numéro 1 mondial des prestations de services à l'environnement annonce le relèvement de ses ambitions financières pour ses activités de déchets dangereux. Il vise désormais une croissance de l'Ebitda d'au moins 10% à taux de change constant sur la période 2024-2027.

"Nous allons accélérer notre stratégie de rotation d'actifs et d'optimisation de portefeuille avec des cessions d'actifs supplémentaires d'environ plus de 2 milliards d'euros dans des activités matures, portant le total à 8,5 milliards d'euros de rotation d'actifs depuis le lancement de GreenUp. Cette transformation continue de notre portefeuille améliore le profil de croissance et la solidité de notre groupe, positionné de manière unique pour répondre à la demande soutenue en matière de sécurité écologique", souligne particulièrement Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia.

Le spécialiste mondial des services à l'environnement explique qu'il s'agit de "sa plus importante et structurante acquisition depuis la fusion avec Suez, tant pour l'accélération de sa croissance aux Etats-Unis que dans le secteur des déchets dangereux américain".

Un chiffre d'affaires attendu à plus de 6 milliards de dollars aux Etats-Unis

Clean Earth est un acteur de premier plan dans les déchets dangereux aux États-Unis. Cette opération va permettre à Veolia de créer le numéro deux d'un secteur en forte croissance, avec une plateforme opérationnelle à l'échelle nationale, une couverture de marché élargie et un portefeuille avancé de compétences techniques. Elle permettra également au groupe de renforcer sa présence dans des industries en pleine expansion tels que la distribution et la santé, lui offrant ainsi la possibilité de proposer une gamme complète de services environnementaux sur l'ensemble du territoire américain.

Parfaitement alignée avec le programme stratégique GreenUp, l'acquisition de Clean Earth illustre les ambitions de croissance de Veolia aux États-Unis ainsi que dans le secteur des déchets dangereux, où le groupe s'est développé grâce à une série d'acquisitions récentes. Au total, le chiffre d'affaires de Veolia dans ce pays atteindra 6,3 milliards de dollars, renforçant ainsi son empreinte internationale.

"La poursuite de l'expansion dans le segment américain des déchets dangereux n'est pas une surprise, la direction ayant clairement exprimé l'attrait relatif de ce marché, qui a été au centre des récentes acquisitions complémentaires réalisées cette année," observe RBC. "Toutefois, cette transaction est nettement plus importante que ce que nous avions prévu. Nous nous attendons à ce que les investisseurs se focalisent particulièrement sur la concrétisation des cessions supplémentaires de 2 milliards d'euros, nécessaires pour réduire l'endettement. La direction vise un ratio dette nette sur Ebitda abaissé à 3 pour l'exercice 2026 et à moins de 3 pour l'exercice 2027".

AOF - EN SAVOIR PLUS

En savoir plus sur Veolia

Points-clés

- Leader mondial des services à l’environnement, né en 1850, n°1 mondial dans les services et technologies de l’eau et les déchets dangereux, n°1 européen dans l’économie circulaire et 2ème européen dans la distribution de chauffage collectif et l’efficacité de l’énergie ;

- Activité de 44,7 Mds€, répartie entre 2 grands domaines : les activités " bastion " -eau, déchets solides et énergie- pour 72% et les activités à forte croissance pour 28% -technologies de l’eau, déchets dangereux, bioénergie puis flexibilité et efficacité de l’énergie ;

- Montée de l’international : 20% en France, 42% en Europe hors France et 38% dans le reste du monde dont technologies de l’eau (11%), es Amérique (12%), l’Asie (6%) et l’Océanie (5%) ;

- Ambition de devenir le leader de référence de la transformation écologique, en se fondant sur 3 métiers à croissance rapide : production d’énergie locale décarbonante, solutions innovantes dans le secteur de l’eau et accélération des offres de traitement de déchets dangereux ;

- Capital ouvert non " opéable " : 8,9% des titres pour les salariés, 5,8% pour le Crédit agricole, 4,7% pour la Caisse des Dépôts et, à compter du printemps, 5% pour CriteriaCaixa, considéré comme investisseur stratégique ;

- Conseil de 15 administrateurs présidé par Antoine Frérot, Estelle Brachlianoff étant directrice générale.

Enjeux

- Agilité du modèle d’affaires " Green UP " visant, pour la période 2024-2027, 10% de croissance annuelle du résultat courant :

- identification des activités boosters -technologies de l’eau, traitement des déchets dangereux, bioénergies, flexibilité et efficacité énergétique,

- plan d’investissements industriels de 4 Mds€ (2,2 Mds€ au premier semestre) dont la moitié pour l’énergie, l’eau (prise de contrôle total de WTS) avec focus sur le traitement des eaux pour semi-conducteurs, pour les déchets dangereux à très forte marge (acquisitions aux Etats-Unis, Brésil et Japon) qui apporteront 70% de la croissance des revenus

- plans d’efficacité (Chine, France et Espagne) et synergies avec Suez en avance sur les objectifs, , relevés à 530 M€ pour les synergies et 350 M€ pour les coûts en 2025,

- accélération du travail sur la dette via rachat d’emprunts ou Oceane et cessions,

- système d’innovation riche de + 5 000 brevets environ (1er dépositaire européen), investissant dans les projets pilotes industriels, structuré entre 7 hubs innovation, 14 centres de recherche, 600 ETP spécialisés et un réseau de 7 plateformes mondiales (décarbonation, nouvelles boucles de matières, dépollution, bioconversion…) ;

- Stratégie environnementale visant le net zéro en 2050 :

- d’ici 2025, en France, autonomie en énergie des services d’eau et de déchets ;

- d’ici 2027, effacement de 18 mt de CO2, économies de 1,5 m3 d’eau douce et traitement de 10 mt de déchets dangereux et polluants,

- d’ici 2030, sortie du charbon en Europe via 1,5Md€ d’investissements,

- hausse du rendement des réseaux d’eau potable ;

- Visibilité de l’activité : 11 ans de durée moyenne des contrats et revenus déconnectés à 85% de l’économie et capacité à résister aux trous d’air économiques en respectant le rythme de Green-up ;

- Bilan solide : dette nette de 20,8 Mds€ donnant un levier de 3 à fin juin, autofinancement libre de 1,16 Md€ et liquidités de 8,4 Mds€.

Défis

- Impact favorable de l’inflation à la distribution de l’eau via les indexations des contrats municipaux ;

- Ambition de l’offre BeyondPFAS, soutenue par la technologie DROP et visant 1 Md€ de revenus,

- Après un gain de 3,8 % du chiffre d’affaires et de 12,5 % du bénéfice net courant (hors cession de Sade), objectifs 2025 confirmés : croissance des ventes, résultat net courant en hausse de + 9 % et levier de la dette inférieur à 3 ;

- Plan Green-up 2030 : 8 GW de bioénergies, capacité installée flexible de 3 GW, hausse de 50 % des solutions pour l’eau, 27 Mds€ de revenus et essor des activités de traitement des déchets dangereux ;

- Dividende 2024 en hausse à 1,4 € (distribution en ligne avec l’évolution du résultat net) et 1er programme de rachat d’actions.