La valeur du jour à Paris - Groupe ADP dans le brouillard après la décision de l'ART
information fournie par AOF 18/12/2025 à 10:31

(AOF) - ADP (-8,07% à 118,40 euros) pointe à la dernière place de l'indice SBF 120 et se dirige tout droit vers une quatrième séance de suite dans le rouge. Cette forte baisse intervient alors que l'Autorité de régulation des transports (ART) a fait savoir qu'elle refusait d'approuver la hausse de 1,5% des redevances aéroportuaires demandées par le groupe. L’autorité a, en revanche, homologué l’augmentation de 15% des tarifs de la redevance d’assistance aux personnes handicapées et à mobilité réduite.

Groupe ADP a d'ores et déjà annoncé qu'il préparait une nouvelle proposition tarifaire qu'il soumettra au régulateur dans le délai d'un mois prévu par les textes, soit au plus tard le 16 janvier prochain.

En réaction à ces annonces, les analystes de Jefferies ne se sont pas trompés en prévoyant une réaction négative du titre. La banque d'investissement américaine indique que le régulateur invoque un risque de " sur-rémunération " par rapport au coût du capital réglementé, ainsi qu'une non-conformité dans l'allocation des coûts. Jefferies continue en précisant qu'au-delà de l'année 2026, pour laquelle l'ART pointe un potentiel profit excessif ayant conduit au rejet de la hausse moyenne de 1,5%, les commentaires sur la mauvaise allocation des coûts et des actifs jettent un doute sur le projet d'ERA (Accord de régulation économique) d'ADP sur la période 2027-2034, qui aurait dû reposer sur ces mêmes allocations.

L'exploitant d'aéroports doit soumettre une nouvelle proposition, mais la visibilité sur les perspectives après 2027 est réduite car ADP doit revoir ses prévisions à la baisse pour intégrer une nouvelle allocation des coûts et des actifs.

Partant, Jefferies préfère rester prudent et a maintenu sa recommandation à Conserver sur le titre Aéroports de Paris, assorti d'un objectif de cours de 134 euros.

Groupe ADP livrera le 18 février prochain, après Bourse, ses résultats annuels.

AOF - EN SAVOIR PLUS

Points-clé

- Numéro 1 mondial de la gestion aéroportuaire avec 365 millions de passagers dont 103 à Paris et 26 plateformes, né en 1945 ;

- Chiffre d’affaires record de 6,2 Mds€ réparti en 4 pôles – les activités aéronautiques pour 33 %, l’international & développements aéroportuaires pour 32 %, dont le turc TAV pour 27 %, les commerces et services pour 31 %, dont Extime Duty Free Paris (13 %) et Extime Travel Paris (3 %) puis l’activité immobilière des terminaux (ADP étant l’un des plus grands propriétaires fonciers d’Ile-de-France) pour 5 % ;

- Ambition : consolidation de la place de numéro 1 mondial dans la conception, la construction et l’exploitation d’aéroports, s’appuyant sur les accords avec les compagnies aériennes et sur une stratégie environnementale volontariste ;

- Capital détenu à 50,6 % par l’État français (60,3 % des droits de vote), le groupe Vinci (8 % et 9,7 %) et Crédit agricole assurances (7,7 %), Philippe Pascal étant président-directeur général du conseil de 18 administrateurs assisté de Justine Coutard à la direction générale déléguée.

Enjeux

- Agilité d’un modèle d’affaires décloisonné et mené par une direction exécutive remaniée en 5 pôles -aménagement & parties prenantes, innovation, finances & stratégie, distribution & hôtellerie, ressources humaines :

- focus sur les services aux clients visant pour 2025 au moins 65 % des vols partant à l’heure, une offre à 50 % des passagers d’un parcours biométrique (8 aéroports du groupe parmi les 100 meilleurs, Roissy étant au 7 ème rang),

- partenariat avec Air France « Connect France » pour les aéroports parisiens : concentration des investissements, amélioration des correspondances avion-train-RER, refonte des terminaux…,

- stabilisation à 28 ans de la maturité moyenne du portefeuille de concessions,

- exploitation du parc immobilier avec l’extension de l’offre d’hospitalité Extime, à Paris et à l’international,

- gestion dynamique de la dette,

- écosystème digital global centré sur la donnée, via 100 routes internationales et la smartisation des aéroports, l’innovation étant focalisée sur les prestations télécom & mobilités via le Hub One ;

- Stratégie environnementale de neutralité carbone en 2050 :

- 2030 : réduction de 68 %, vs 2019, des émissions directes de CO2 à Paris,

- 2035 : réduction de 90 % à Paris,

- amélioration de la qualité de l’air, valorisation des déchets, usage de 10 % d’énergies bas carbone, électrification de la flotte de roulage et préservation de la biodiversité,

- budget carbone pour les cycles de vie des investissements de + 5 M€,

- partenariat avec Saclay dans les projets durables suivis dans le nouveau Green Hub d’innovation dans l’aéroport de Roissy,

- en 2025, intégration de critères RSE dans la rémunération de tous les salariés ;

- Situation financière encore tendue : à fin juin, dette de 8,7 Mds€ supérieure aux fonds propres (5,1 mMds€) avec un effet de levier de 4,1 mais garantie de la dette par l’État et trésorerie de 1,7 Md€.

Défis

- Forte corrélation à la santé financière des compagnies aériennes, notamment EasyJet et AirFrance-KLM, 1er et 2ème opérateurs à Paris ;

- Évolution du taux de dépense par passager à Paris (niveau record de 32,1 €) ;

- Après la liaison Paris-Orly en 2024, attente de la livraison du Paris-Roissy-CDG Express ;

- Préparation pour 2027 du CRE ou contrat de régulation économique de l’aéroport de Roissy, fondé sur une hypothèse de croissance annuelle de 1,5 % du trafic passagers, avec attente du vote prochain d’une loi portant à dix ans la durée d’un CRE ;

- Poursuite du déploiement de l’indien GMR Airports, détenu à 45,7 % et gérant 7 aéroports, en Inde, Indonésie et Grèce (110 M de passagers) ;

- Après une hausse de 9,6% du chiffre d’affaires et une chute de 72 % du résultat net, affecté par les dépréciations de la livre turque et de la roupie indienne et par la contribution fiscale exceptionnelle, objectifs 2025 confirmés : trafic en hausse de 2,5 % à + 4 % pour Paris Aéroports, investissements de 1,4 Md€ et hausse de + 7 % du bénéfice opérationnel, levier de la dette de 3,5 à 4.

- Dividende 2024 de 3 €, soit le bas du plancher cible d’une politique de distribution à 60%, et engagement sur ce plancher pour 2025.