La surperformance des actions européennes cette année s'estompe, l'euro sauve la mise
information fournie par Reuters 07/07/2025 à 11:51

La surperformance des actions européennes depuis le début de l'année 2025, portée par la nouvelle politique budgétaire allemande et les politiques commerciales erratiques américaines qui pénalisent les marchés actions locaux, touche à sa fin avec le rebond des indices outre-Atlantique.

A la clôture vendredi, l'indice européen STOXX 600 .STOXX enregistrait une hausse de 6,6% depuis le début de l'année contre 6,8% pour le S&P 500 .SPX .

En mars, le Stoxx 600 devançait pourtant le S&P 500 de 10 points de pourcentage, alimentant les espoirs de réveil du Vieux continent après des années de sous-performance par rapport à Wall Street.

La hausse de l'euro par rapport au dollar, la devise commune s'appréciant de 14% par rapport au billet vert, permet toutefois aux investisseurs de continuer à voir les marchés actions européens comme attrayants.

Selon Max Castelli, responsable de la stratégie marchés souverains chez UBS Asset Management, les négociations autour des droits de douane instaurés par Donald Trump et la loi budgétaire promulguée par le président américain pourraient changer la donne dans cette grande rotation des actifs vers l'Europe.

"Je ne pense pas que l'exceptionnalisme américain reviendra avec la même force et la même intensité. Mais je n'exclurais pas que la grande période de surperformance des actifs européens par rapport aux actifs américains soit terminée" a-t-il déclaré.

LES GRANDES ENTREPRISES TECHNOLOGIQUES SONT DE RETOUR

Si le rebond des indices américains s'est concrétisé à partir de mi-avril et des négociations commerciales, le "véritable tournant" est arrivé avec les publications des résultats des entreprises et les prises de parole des dirigeants des grandes entreprises technologiques annonçant des prévisions de bénéfices élevées, selon Marija Veitmane, responsable de la recherche actions chez State Street Global Markets.

Le secteur de la tech .SPLRCT pèse environ un tiers du poids du S&P 500 .SPX et enregistre une hausse de 24% depuis le début du mois d'avril, malgré les politiques de l'administration Trump.

Nvidia VNDA.O , devenue la société cotée la mieux valorisée de l'histoire, affiche même une hausse de 45% sur la période.

VALORISATIONS

Les investisseurs restent cependant prudents en dépit des sommets atteints par le S&P 500 avec les tensions sur les valorisations qui perdurent.

"L'annonce des droits de douane a montré à quel point le sentiment peut changer rapidement et à quel point ces valorisations élevées (américaines) sont risquées", a déclaré Madeleine Ronner, gestionnaire de portefeuille d'actions chez DWS, pour qui "les valorisations européennes sont plus raisonnables".

Selon DWS, la croissance du produit intérieur brut (PIB) des États-Unis et de l'Europe sera à peu près similaire en 2025 et 2026, ce qui donnera un coup de pouce supplémentaire et durable aux bénéfices des entreprises européennes.

DÉFENSE ET BANCAIRES TIENNENT LA BARRE

Plus que sur les titres européens, les investisseurs se sont surtout rués sur les valeurs de la défense européennes

.SXPARO , en hausse de 50% cette année, et les valeurs bancaires .SX7P , en hausse de 28%.

Ces deux secteurs représentent plus de 50% du rendement du STOXX 600 contre 16% de l'indice, selon les estimations de BNP Paribas Exane.

La hausse des dépenses de défense actée par les membres de l'Otan explique notamment cet attrait pour les valeurs du secteur. Mais les valorisations commencent déjà à se tendre : Rheinmetall RHMG.DE se négocie par exemple sur la base d'un ratio cours/bénéfice prévisionnel de plus de 50, loin devant Apple AAPL.O et Microsoft MSFT.O qui se négocient autour de 30.

L'EURO S'APPRÉCIE PAR RAPPORT AU DOLLAR

La situation est plus claire en ce qui concerne les devises où l'euro est à son plus haut niveau depuis près de quatre ans et se rapproche de 1,20 dollar. EUR=EBS La monnaie commune pourrait même continuer sa dynamique en cas de baisse d'attrait pour les actifs européens.

"Les étrangers n'ont pas besoin de vendre des actifs américains pour affaiblir le dollar, mais simplement de dire 'non merci' à l'achat d'autres actifs", a résumé George Saravelos, responsable de la stratégie de change de la Deutsche Bank, dans une note.

L'IMPORTANCE DES DEVISES

Cette évolution des devises affecte également les investisseurs en actions, rendant les actions européennes moins chères pour les investisseurs américains et Wall Street mécaniquement plus chère depuis l'Europe.

Le S&P 500 a peut-être atteint un niveau record pour les investisseurs nationaux, mais, exprimé en euros, il est à 9% de son sommet de février.

"Pour les investisseurs en euros, la monnaie a absorbé une grande partie des rendements des actifs américains cette année", a rappelé Madeleine Ronner, prévenant : "S'il y a une nouvelle baisse, en euros, c'est encore pire."

Au contraire, le Stoxx 600 exprimé en dollars a atteint un record historique à la fin du mois de juin même s'il reste loin de son record de mars en euros.

(Rédigé par Alun John, version française Bertrand De Meyer, édité par Kate Entringer)