La Pologne soupçonne une tentative d'ingérence dans sa présidentielle information fournie par Reuters 14/05/2025 à 17:07
La Pologne a déclaré mercredi avoir identifié une possible tentative d'ingérence dans sa campagne électorale présidentielle par le biais de publicités diffusées sur Facebook, des accusations réfutées par Meta
META.O , maison mère du réseau social américain.
Les gouvernements européens sont en alerte sur d'éventuels signes d'ingérence électorale depuis que la Roumanie a dû annuler sa présidentielle en décembre et organiser un nouveau scrutin - en cours - en raison de soupçons d'ingérence russe que Moscou a niés.
Le premier tour de l'élection polonaise aura lieu dimanche et opposera notamment le maire libéral de Varsovie, Rafal Trzaskowski, membre du parti au pouvoir la Plateforme civique, à l'historien Karol Nawrocki, qui dirige l'Institut de la mémoire nationale et qui est soutenu par les conservateurs nationalistes du Parti droit et justice (PiS), ainsi qu'à Slawomir Mentzen, coprésident de l’alliance d’extrême droite Konfederacja (Confédération).
"Le Centre d'analyse de la désinformation de NASK a identifié des publicités politiques sur la plateforme Facebook susceptibles d'être financées depuis l'étranger. Ces contenus ont été diffusés en Pologne", a déclaré le NASK, l'institut national de recherche sur la cybersécurité.
"Les comptes publicitaires impliqués dans la campagne davantage dépensé en contenus politiques au cours des sept derniers jours qu'aucun comité électoral", a ajouté le NASK dans un communiqué, sans préciser le pays dont pourrait provenir le financement des publicités.
L'institut a précisé que les publicités en question soutenaient ostensiblement l'un des candidats à l'élection tout en prévenant qu'elles pourraient également viser à lui nuire et à perturber la situation dans le pays.
Andrzej Kozlowski, responsable de l'équipe d'Analyse des tendances narratives et de vérification des faits de la NASK, a précisé à la chaîne d'information publique TVP Info que les publicités soutenaient Rafal Trzaskowski et tentaient de discréditer Karol Nawrocki et Slawomir Mentzen, soulignant qu'il pourrait s'agir d'une provocation.
La NASK a également indiqué avoir signalé les comptes concernés à Meta META.O , la société mère de Facebook, afin qu'ils soient bloqués. L'institut a également informé l'agence de sécurité intérieure polonaise et des travaux sont en cours pour déterminer l'origine et le financement des publicités.
Un porte-parole de Meta a réfuté ces accusations.
"Quiconque souhaite diffuser sur nos plateformes des publicités liés à des questions sociétales, électorales ou politiques doit prouver son identité et prouver qu'il vit dans le pays où sont diffusées les publicités", a-t-il assuré.
"Nos investigations ont confirmé que l'administrateur associé à ces pages existe vraiment et qu'il vit en Pologne. Nous n'avons pas constaté d'interférence étrangère."
La Pologne a déclaré par le passé que sa position stratégique dans le soutien à l'Ukraine, qui est en proie à une invasion lancée par Moscou début 2022, en faisait une cible privilégiée d'opérations d'espionnage, de sabotage et de cyberattaques russes.
Le ministre des Affaires numériques, Krzysztof Gawkowski, a récemment dit que la Pologne était confrontée à une "tentative sans précédent d'ingérence dans le processus électoral de la part de la Russie".
Il a déclaré mercredi que des "centaines de milliers de zlotys" avaient été dépensés pour les publicités, mais qu'il ne savait pas si la Russie était responsable de la campagne.
La Russie a nié les précédentes accusations d'ingérence dans des élections étrangères.
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AVANT-PAPIER-La Pologne va élire son président, pro-UE et nationalistes s'affrontent
(Reportage de Karol Badohal, Pawel Florkiewicz et Alan Charlish, version française Benjamin Mallet, édité par Blandine Hénault)