* Le barème de février prochain présenté le 11 décembre
* La formule donnerait 1,8% d'augmentation, après +1,55% en
2018
* Une estimation moyenne et provisoire-sources
* Le gel des péages par Royal repercuté quatre ans plus tard
par Gilles Guillaume
PARIS, 29 novembre (Reuters) - La hausse des péages
autoroutiers prévue pour 2019, qui s'annonce plus forte que
cette année, risque de susciter une controverse plus animée que
d'habitude dans le contexte actuel du mouvement des Gilets
jaunes contre la vie chère.
La présentation des nouveaux tarifs, qui devait être faite
devant le Comité des usagers le 26 novembre, a été repoussée au
11 décembre.
Trois sources proches du dossier ont déclaré à Reuters que
l'application de la formule pourrait déboucher sur une
augmentation d'environ 1,8%, contre +1,55% en 2018.
Deux de ces sources ont souligné qu'il ne s'agissait que
d'une estimation provisoire et moyenne, et que sur certains
réseaux d'autoroutes, l'augmentation pourrait être sensiblement
moindre.
En août, Capital.fr avait calculé une fourchette allant de
+1,08% à +2,19%.
"La hausse qui se profile est totalement inacceptable", a
déclaré Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40
Millions d'automobilistes. "Chaque nouvelle mesure de fiscalité
excessive qui pèse sur la voiture, essentielle à la vie des
Français, ajoute de l'essence sur le feu."
Année après année, la hausse contractuelle des tarifs de
péages du 1er février alimente les critiques contre les
conditions de la privatisation des autoroutes françaises en
2006.
Ces critiques, relayées par l'Autorité de la Concurrence en
2013, avaient même déclenché les deux années suivantes une grave
crise entre l'Etat et les concessionnaires, accusés de
bénéficier d'une rente juteuse. La crise s'était soldée par un
accord visant notamment à améliorer la transparence et la
régulation du secteur.
INFLATION MULTIPLIEE PAR DEUX
Ironie de l'histoire, c'est un épisode de ce bras-de-fer qui
contribuera à gonfler l'an prochain les péages sur les plus de
9.000 kilomètres concédés principalement aux sociétés privées
APRR et Vinci Autoroutes - respectivement filiales des groupes
de BTP Eiffage FOUG.PA et Vinci SGEF.PA - ou Sanef, filiale
de l'espagnol Abertis, tombé récemment dans l'escarcelle
italo-espagnole d'Atlantia ATL.MI et ACS ACS.MC .
La formule des péages s'applique aussi aux sociétés
d'autoroutes toujours détenues par l'Etat et les collectivités
territoriales, comme ATMB (Autoroutes et Tunnel du Mont Blanc).
Ségolène Royal, alors ministre de l'Ecologie, avait imposé
aux concessionnaires un gel des péages en 2015. Mais ce cadeau
aux automobilistes sera récupéré à partir de 2019, comme le
prévoyait l'accord de sortie de crise présenté par Emmanuel
Macron, alors ministre de l'Economie.
Le mille-feuilles tarifaire des péages se décomposerait
ainsi l'an prochain en: 0,23% de hausse pour le rattrapage du
gel, au moins 0,2% au titre du financement du plan
d'investissement autoroutier de 700 millions d'euros, dernier en
date, et environ 1,33% correspondant à la répercussion de 70% de
l'inflation hors tabac.
Cette dernière composante contribue aussi à l'accélération
des tarifs car elle a quasiment doublé en un an (impact de 0,72%
dans la hausse des péages de 2018).
Rien n'indique que le gouvernement a déjà réfléchi à un
moyen de rendre l'application de la formule tarifaire plus
acceptable aux yeux de l'opinion, mais dans le contexte social
actuel, des discussions avec les concessionnaires ne sont pas
exclues.
La partie des péages correspondant au dernier plan
autoroutier pourrait par exemple se transformer en une
prolongation des concessions. Bien qu'également politiquement
sensible, elle présente l'avantage immédiat de minimiser la
valeur nominale des augmentations.
Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès
des ministères de l'Economie et des Transports.
Le plan de relance autoroutier de 2015 prévoyait ainsi 3,3
milliards d'euros d'investissements financés par les sociétés
d'autoroute en échange cette fois d'un allongement moyen de deux
ans et demi des concessions. Les principales expirent désormais
entre 2031 et 2036.
(Avec Simon Carraud et Myriam Rivet, édité par Jean-Michel
Bélot)