La guerre commerciale de Trump bouscule les marchés information fournie par Le Revenu 11/04/2025 à 07:00
L′annonce des relèvements de droits de douane aux États-Unis pour 185 pays a fait chuter les Bourses mondiales.
Donald Trump a semé un vent de panique début avril sur les Bourses mondiales, en annonçant sa liste universelle de hausse des droits de douane dans le monde.
Les grands indices mondiaux ont cédé de 15 à 20% en trois séances (les 3, 4 et 7 avril) - leur plus forte correction depuis 2008.
À Wall Street, au 7 avril en clôture, l'indice SetP 500 cédait 14% depuis le 1 er janvier, et le Nasdaq 19,2%. En Europe, le CAC 40 et l'Euro Stoxx perdaient tous deux 5%.
Seul l'indice allemand DAX résistait un peu mieux, en ne cédant que 0,5% sur la même période.
La séance du 8 avril a ensuite apporté un rebond technique prononcé, offrant une respiration aux investisseurs qui tablent sur des négociations bilatérales... mais chaque annonce de Donald Trump peut provoquer un nouveau repli.
Idéologie protectionniste
La «réciprocité» des droits de douane annoncée par l'administration américaine est très pénalisante pour la Chine et l'Asie du Sud-Est, ainsi que pour l'Europe.
Certains taux, dont la liste concerne au total 185 pays, sont astronomiques : 49% pour le Cambodge, 48% pour le Laos, 46% pour le Vietnam.
«L'idéologie protectionniste est plus élaborée que sous le premier mandat Trump», indique Éric Bertrand, directeur de gestions d'Ofi Invest AM.
L'actuel locataire de la Maison Blanche fait explicitement référence à William McKinley, 25 e président des États-Unis, de 1897 à 1901, qui prônait déjà à l'époque une hausse des droits de douane pour financer une baisse des impôts.
«McKinley souhaitait aussi affamer le Canada pour l'annexer», précise Christopher Dembik , conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.
Risque de récession
Le risque de récession sur fond de ralentissement des échanges commerciaux et de hausse des prix des produits importés inquiète les investisseurs.
Les grands bureaux d'analyse ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance du PIB dans toutes les zones, à commencer par les États-Unis, où la banque JPMorgan évalue désormais à 60% la probabilité d'une récession.
«Pictet a révisé sa prévision de croissance du PIB des États-Unis de 2,5 à 2% puis à 1,7%, avant de la situer plutôt entre 1,2 et 1,7% après les annonces de Trump du 2 avril», indique Christopher Dembik.
Les ménages américains souffriront du retour de la hausse des prix, mais seront aussi touchés par la perte de richesse liée à la chute des marchés actions, dans lesquels plus de 60% d'entre eux ont investi leur épargne.
Impact sur les résultats
Avec un rebond de 2,5%, le 8 avril, le CAC 40 a repris son souffle, en affichant toutefois de lourdes cicatrices. À cette date, le recul depuis le 1 er janvier était prononcé pour certains fleurons de l'indice parisien : -33% pour Stellantis , - 31% pour Kering , -29% pour STMicroelectronics .
Si cette guerre commerciale s'enlise, les résultats d'entreprise vont en subir les conséquences dans la plupart des secteurs.
«Il est difficile d'imaginer des discours très positifs de la part des dirigeants d'entreprises lors des prochaines publications de résultats, et encore moins des révisions à la hausse des perspectives bénéficiaires à ce stade de l'année», concède Éric Bertrand.
«La liquidité mondiale soutient les actions, mais elle a été faite au profit d'un rééquilibrage boursier qui, en relatif, bénéficie pour le moment à l'Europe et à la Chine», ajoute Christopher Dembik.
Les grandes valeurs technologiques internationales, incontournables dans un portefeuille de long terme, ont chuté lourdement, mais cette baisse a été accélérée par les ventes d'actions par les fonds spéculatifs. Secteurs résistants
Dans ce contexte, quelques secteurs peuvent toutefois résister en Bourse, du fait de leurs qualités défensives, comme les opérateurs télécoms ( Orange , Deutsche Telekom), l'agroalimentaire ( Danone ), la distribution ( Carrefour ) ou certains services aux collectivités ( Engie ).
Au 8 avril, le spécialiste allemand de l'armement Rheinmetall gagnait encore 110% depuis le début de l'année. Parmi les groupes français du secteur de la défense, Thales progressait de 70% et Dassault Aviation de 40%.
Dans le secteur des satellites, Eutelsat (+70%) et SES (+66%) maintenaient des progressions solides depuis le 1 er janvier.
Rôle des banques centrales
Les déclarations des banques centrales seront aussi le prochain point d'attention des investisseurs. Les prises de position à venir de la Réserve fédérale américaine (Fed) sont très attendues , surtout si l'institution se retrouve tiraillée entre des prix qui repartent à la hausse et une croissance du PIB qui repart à la baisse.
En Europe, la Banque centrale européenne (BCE) a fait passer, en moins d'un an, depuis sa première baisse de juin 2024, son taux directeur de dépôt de 4 à 2,5%.
L'inflation est toujours en net repli, notamment en France où elle se maintient en dessous de 1% en rythme annuel, son plus bas niveau sur quatre ans.
En zone euro, les prévisions d'inflation restent pour le moment plutôt stables pour 2025, à 2,2%. Mais le risque de récession aux États-Unis et la reprise de l'inflation outre-Atlantique pourraient modérer la croissance du PIB européen, malgré la relance budgétaire allemande, et alimenter une légère hausse des prix.
Nervosité ambiante
Signe de la nervosité du marché, le cours de l'or a atteint un record historique à 3.130 dollars l'once le 2 avril dernier. Si le métal jaune progresse autant, c'est avant tout parce qu'il est considéré comme la valeur refuge par excellence.
En vingt-cinq ans, son cours a été multiplié par dix. Et sur dix ans, il a été multiplié par trois.
L'or profite des incertitudes économiques et géopolitiques alimentées par Donald Trump , mais aussi, de façon plus structurelle, du renforcement progressif des stocks d'or des banques centrales émergentes ( Chine , Inde, etc.) qui cherchent ainsi à réduire leur exposition au dollar.
Mais il ne génère aucun rendement, aucune distribution de revenus. Les seuls gains financiers sont les plus-values nettes lors des cessions.
Du fait de l'insistance du président des États-Unis à déclencher une guerre commerciale et de la riposte probable des autres pays, cette phase de volatilité boursière alimente l'incertitude de façon durable.
Mais elle devrait créer des opportunités d'achat dans les prochaines semaines.
«Il faut savoir faire le dos rond en attendant de voir ce que va vraiment faire Donald Trump», indique Eric Bertrand.
Une occasion de revenir sur des titres en repli qui avaient atteint des plus hauts niveaux historiques. La diversification de votre portefeuille doit en tout cas rester prioritaire.
Dix actions qui résistent
Nom [code] | Cours (1) | Variation depuis le 1 er janvier | Conseil |
---|---|---|---|
Thales [HO] | 236,40 euros | +70% | Conservez. |
SES [SESG] | 5,04 euros | +65% | Vendez. |
Exosens [EXENS] | 30,95 euros | +59% | Conservez. |
Dassault Aviation [AM] | 277,6 euros | +40% | Conservez. |
Vicat [VCT] | 48 euros | +31% | Achetez. |
Société Générale [GLE] | 34,61 euros | +28% | Conservez. |
Spie [SPIE] | 36,90 euros | +23% | Achetez. |
Orange [ORA] | 11,73 euros | +22% | Achetez. |
Bouygues [EN] | 34,84 euros | +22% | Achetez. |
Euronext [ENX] | 130,10 euros | +20% | Conservez. |
(1) Cours et variation au 8 avril.
Dix actions qui souffrent
Nom [code] | Cours (1) | Variation depuis le 1 er janvier | Conseil |
---|---|---|---|
Soitec [SOI] | 44,72 euros | -49% | Vendez. |
Stellantis [STLAP] | 8,42 euros | -33% | Conservez. |
Forvia [FRVIA] | 5,95 euros | -31% | Conservez. |
Nexity [NXI] | 8,89 euros | -31% | Vendez. |
STMicroelectronics [STM] | 17,13 euros | -29% | Vendez. |
Sodexo [SW] | 55,55 euros | -30% | Vendez. |
Kering [KER] | 166,10 euros | -31% | Vendez. |
Rémy Cointreau [RCO] | 42,38 euros | -28% | Conservez. |
Publicis Groupe [PUB] | 76,88 euros | -25% | Achetez. |
Capgemini [CAP] | 123,30 euros | -22% | Vendez. |
(1) Cours et variation au 8 avril.
Source LeRevenu.com