La convergence entre actifs cotés et non cotés est « un enjeu fort pour les sociétés de gestion »
information fournie par Agefi Asset Management  04/09/2025 à 08:00

La convergence des actifs cotés et non cotés était au cœur des discussions de la douzième édition de l’Université d’été de l’Asset Management, qui se tenait jeudi 28 août à Dauphine.

En conclusion de l’après-midi, Philippe Setbon, qui s’exprimait en tant que président de l’AFG, l’association française de la gestion financière (il est aussi directeur général de Natixis Investment Managers), a observé qu’il y avait une « volonté forte des pouvoirs publics pour favoriser l’émergence des actifs non cotés pour le financement des entreprises », en relais du financement bancaire. Cela s’accompagne de l’émergence d’un esprit entrepreneurial : « la start-up generation est très forte », se réjouit-il.

Face à ce constat, Philippe Setbon a reconnu la responsabilité des financiers dans certaines dérives. « Nous avons déformé les marchés financiers et leur rôle. Le rôle des marchés est de financer les entreprises, pas de se concentrer sur des stratégies de vente à découvert pour dégager un rendement supplémentaire. Ce n’est pas non plus de reporter des résultats chaque trimestre ». Pour lui, ces pratiques accentuent la volatilité, détournent les épargnants et les entreprises des marchés. « Il faut revoir la façon dont fonctionnent les marchés financiers. Sinon cela donnera lieu à une gestion systématique indicielle, qui a certes de la valeur dans une allocation d’actifs, mais ne répond pas aux besoins de financement des entreprises ». Il regrette aussi que les règles prudentielles aient pour certaines provoqué des comportements procycliques des investisseurs, « alors que c’est la contracyclicité qui doit être pratiquée pour gérer les risques et rendements sur la durée ».

La tokenisation, un « progrès fabuleux »

Sur la convergence, Philippe Setbon observe que les sociétés de gestion sont très segmentées « parce que les services financiers ont été très segmentés dans les années 1990-2000 ». Mais la tendance s’inverse. On assiste à une « convergence entre les propriétaires d’actifs, les sociétés de gestion et les sociétés bancaires ». On le retrouve déjà dans les produits hybrides. « Cela amène les sociétés de gestion à converger pour faire du coté et du non coté. Il y aura bien sûr toujours des sociétés spécialisées et tant mieux. Mais la convergence est un enjeu fort pour les sociétés de gestion. Elles doivent s’y préparer ».

Le président de l’AFG, nouvellement réélu, ajoute qu’il ne faut pas opposer coté et non-coté. « Ce sont des stades différents de développement et de maturité des entreprises ».

A cet égard, la technologie apparaît comme un levier majeur de diffusion des actifs non cotés. « La tech sous l’angle tokenisation est un phénomène fondamental de changement de la gestion des actifs et de l’allocation d’actifs à venir. La tokenisation est potentiellement le chainon manquant entre les actifs cotés et non cotés, car il permet d’organiser un marché secondaire sur des actifs totalement illiquides. C’est sans doute un progrès fabuleux. Les sociétés de gestion doivent aussi s’y préparer », prévient-il.

In fine, pour Philippe Setbon, cette convergence bénéficie aux épargnants, qui se voient proposer une offre de plus en plus large. Cela suppose qu’ils soient bien accompagnés, avec une éducation financière forte. « Il faut souligner que transformer un épargnant en investisseur est le contraire de transformer un épargnant en joueur », met en garde le président de l’AFG.

Enfin, pour Philippe Setbon, si on veut continuer à développer le non coté, le financement des entreprises, « on doit mettre le focus fort sur le recyclage de l’épargne dans ce financement des entreprises ». Cela passe par la création de produits qui correspondent vraiment aux besoins des épargnants. La gestion actif/passif doit aussi leur être proposée.

Laurence Marchal