La Chine demande à la France de ne pas discriminer Huawei

information fournie par Reuters 09/02/2020 à 19:15
    PARIS, 9 février (Reuters) - La Chine a demandé dimanche à
la France de ne pas discriminer Huawei  HWT.UL  dans le
déploiement de la 5G en France et s'est inquiétée de mesures
potentiellement désavantageuses pour l'équipementier asiatique
par rapport à ses concurrents. 
    Le déploiement de la 5G est devenu un enjeu géopolitique
international, les Etats-Unis poussant leurs alliés à exclure de
ce marché Huawei, qu'ils accusent d'espionnage pour le compte de
Pékin.
   Dans un communiqué, le porte-parole de l'ambassade de Chine
en France s'inquiète de "reportages récents dans plusieurs
médias français selon lesquels les autorités compétentes
françaises envisageraient de prendre des mesures restrictives
contre Huawei dans le déploiement de la 5G en France."
    Il se dit "choqué et inquiet" par ces reportages et rappelle
que le président Emmanuel Macron et de hauts responsables
français ont affirmé qu'en matière de 5G, "la France ne
prendrait pas de mesures discriminatoires contre un pays ou une
entreprise spécifique, ni n’exclurait pas Huawei".
    Pour la Chine, les craintes d'espionnage sont infondées.  
    "En réalité, les équipements 5G de Huawei sont totalement
fiables et n’ont jamais présenté aucun risque technique ou
sécuritaire, ni laissé aucune 'porte dérobée'", dit le
porte-parole.
    Evoquant une nécessaire "confiance mutuelle" entre les deux
pays, liés par un partenariat stratégique, la Chine dit compter
sur la France "pour prendre des actions concrètes et créer un
environnement d’affaires ouvert, transparent et non
discriminatoire à l’égard des entreprises de tous les pays, y
compris de la Chine." 
    Sollicités par Reuters, Huaweï France n'a pas réagi dans
l'immédiat et le ministère de l'Economie français a fait savoir
qu'il ne ferait pas de commentaire ce dimanche soir. 
    Orange ORAN.PA a annoncé vendredi avoir sélectionné les
groupes européens Nokia  NOKIA.HE  et Ericsson  ERICb.ST  plutôt
que Huawei comme équipementiers pour le déploiement d'un réseau
mobile de cinquième génération (5G) en France métropolitaine.
 
    Le sentiment qui prévaut au sein du secteur français des
télécoms est que les autorités françaises souhaitent de fait
bannir Huawei du marché de la 5G mais ne le diront pas
publiquement.
    La Commission européenne a publié mercredi ses directives à
ce sujet en refusant d'exclure a priori le groupe chinois, tout
en autorisant les pays membres à interdire les équipementiers
qu'ils jugeraient à "haut risque".
    Plusieurs opérateurs disent redouter que l'exclusion de
Huawei entraîne des retards et surcoûts dans le déploiement de
la 5G.

 (Mathieu Rosemain, Elizabeth Pineau et Sarah White)