La BCE maintient ses taux directeurs inchangés, l'économie reste solide malgré les tensions commerciales information fournie par Reuters 30/10/2025 à 17:37
FRANCFORT/FLORENCE (Reuters) -La Banque centrale européenne (BCE) a, comme prévu, laissé jeudi ses taux directeurs à leur niveau actuel, sans donner d'indications sur sa prochaine décision, alors même que les investisseurs continuent de parier sur une dernière réduction dans les mois à venir.
Le taux de dépôt reste à 2,0% et celui du refinancement à 2,15%, Francfort marquant ainsi sa troisième pause dans son cycle d'assouplissement monétaire après des décisions similaires en juillet et septembre.
La décision a été prise à l'unanimité.
La BCE a maintenu ses taux inchangés depuis juin et a déclaré se trouver dans une "bonne position" avec une inflation conforme à l'objectif et une croissance économique proche de son potentiel.
Les derniers chiffres sur l'inflation dans le bloc monétaire montrent un indice des prix à la consommation à 2,2% sur un an, contre un objectif à moyen de 2% fixé par l'institution de Francfort.
Si les prix de la zone euro ont légèrement accéléré, la BCE a estimé dans son compte rendu de la réunion des 10 et 11 septembre que sa politique était "suffisamment solide" pour faire face à d'éventuels chocs inflationnistes.
La banque centrale a également réitéré son engagement de longue date selon lequel les données disponibles guideront ses décisions et qu'elle ne prendra pas d'engagement préalable, gardant toutes les options ouvertes.
"L'inflation reste proche de l'objectif à moyen terme de 2% et l'évaluation du Conseil des gouverneurs concernant les perspectives d'inflation reste globalement inchangée", a déclaré la BCE dans un communiqué.
"L'économie a continué de croître malgré un environnement mondial difficile", a-t-elle souligné.
PERSPECTIVES D'INFLATION PLUS INCERTAINES
Lors de sa traditionnelle conférence de presse, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a évoqué les incertitudes qui pèsent sur l'économie, tout en soulignant que les risques sur la croissance, contrairement à ceux concernant les prix, s'étaient atténués, notamment après une série d'accords commerciaux conclus ces derniers mois entre les États-Unis et leurs principaux partenaires, dont l'Union européenne.
"L'accord commercial conclu cet été entre l'Union européenne et les États-Unis, le cessez-le-feu récemment annoncé au Moyen-Orient et l'annonce faite aujourd'hui concernant les progrès réalisés dans les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine ont atténué certains des risques pesant sur la croissance économique", a souligné Christine Lagarde.
"Je ne tirerais pas nécessairement la même conclusion pour l'inflation", a-t-elle précisé, ajoutant que sur ce front, la situation était "plus équilibrée".
Les perspectives en matière d'inflation restent plus incertaines, principalement en raison de la volatilité de l'environnement commercial mondial, tandis que l'augmentation des dépenses dans les domaines de la défense et des infrastructures pourrait également entraîner une hausse de l'inflation à moyen terme, a-t-elle souligné.
Christine Lagarde a toutefois déclaré que les indicateurs de l'inflation sous-jacente restaient conformes à l'objectif à moyen terme de 2% fixé par la banque centrale et que la plupart des mesures des anticipations d'inflation à long terme continuent de se situer autour de 2%.
"UNE BONNE POSITION"
Alors que certains décideurs de Francfort ont mis en garde à plusieurs reprises contre les risques de ralentissement économique, certaines données ont surpris à la hausse ces dernières semaines, laissant entrevoir des perspectives plus équilibrées.
L'économie de la zone euro a augmenté plus que prévu au troisième trimestre, selon la première estimation du produit intérieur brut (PIB) publiée jeudi par Eurostat, des chiffres qui allègent la pression sur la BCE pour qu'elle réduise davantage ses taux d'intérêt.
"Où sont les preuves irréfutables justifiant une baisse des taux ? Malgré les droits de douane américains et toutes les sources d'incertitude, l'économie européenne continue d'afficher une légère croissance. La 'résilience' économique tient en échec les partisans d'une politique accommodante au sein de la BCE et maintient la pause politique sur les rails", a déclaré Mark Wall, économiste en chef pour l'Europe chez Deutsche Bank.
Guy Stear, responsable stratégie marchés développés de Amundi Investment Institute, souligne toutefois que la BCE pourrait être trop optimiste.
"La présidente Christine Lagarde sait que les exportations ne contribueront pas à la croissance, mais elle est peut-être trop optimiste quant aux dépenses de consommation européennes", dit-il, ajoutant que chiffres du PIB européen au troisième trimestre montrent également que la croissance allemande reste stagnante et que les bonnes nouvelles en provenance de France et d'Espagne pourraient ne pas durer.
Une majorité d'économistes interrogés par Reuters a estimé la semaine dernière que la BCE maintiendrait son taux de dépôt inchangé cette année, tandis que 57% ne prévoient aucun changement avant fin 2026.
"Du point de vue de la politique monétaire, nous sommes dans une bonne position. Est-ce une position fixe ? Non, mais nous ferons tout ce qui est nécessaire pour nous assurer de rester dans une bonne position", a déclaré Christine Lagarde.
Les actifs européens varient peu après les décisions de la BCE, qui étaient largement anticipées.
(Reportage Balazs Koranyi, Rédigé par Diana Mandiá, édité par Kate Entringer et Augustin Turpin)