La BCE devrait prolonger la pause sur les taux
information fournie par AFP 30/10/2025 à 11:51

La Banque centrale européenne (BCE) devrait maintenir ses taux inchangés jeudi, lors d'une réunion attendue sans surprise, estimant être en "bonne position" alors que l'inflation de la zone euro navigue autour de la cible de 2% ( AFP / Kirill KUDRYAVTSEV )

La Banque centrale européenne (BCE) devrait maintenir ses taux inchangés jeudi, lors d'une réunion attendue sans surprise, estimant être en "bonne position" avec une inflation autour de la cible de 2% et une économie résiliente.

Le taux de dépôt, référence de la politique monétaire, sera maintenu à 2%, comme depuis juillet, selon les attentes.

"A ce stade, nous sommes dans une bonne position et bien préparés pour faire face aux chocs futurs", a déclaré la présidente de l'institution, Christine Lagarde, à la mi-octobre lors de la réunion annuelle du FMI à Washington.

Ce message devrait être réitéré jeudi à Florence, en Italie, où se tient une réunion délocalisée de la BCE.

- La Fed agit -

La Réserve fédérale américaine (Fed) a, de son côté, décidé mercredi une baisse d'un quart de point de pourcentage, ramenant ses taux dans une fourchette de 3,75% et 4%.

Il s'agit de la deuxième détente de l'année, après celle de septembre, afin de soutenir une économie où le marché du travail montre des signes de faiblesse.

La BCE, elle, reste prudente, confrontée à des incertitudes pouvant influencer l'inflation, à la hausse comme à la baisse.

L'agrégat qui avait culminé à 10,6% en 2022, dans le sillage de la flambée des prix de l'énergie liée à la guerre en Ukraine, est revenu autour de l'objectif de 2% ces derniers mois.

Le président américain Donald Trump (g) et son homologue chinois Xi Jinping se serrent la main avant des discussions à la base aérienne de Gimhae, située à côté de l'aéroport international de Gimhae à Busan, en Corée du Sud, le 30 octobre 2025 ( AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS )

La zone euro doit cependant affronter plusieurs défis: les droits de douane imposés par Washington, le conflit commercial sino-américain, et les tensions sur les approvisionnements en semi-conducteurs, susceptibles d'affecter l'industrie européenne.

Une embellie toutefois : Donald Trump a annoncé jeudi à l'issue d'entretiens avec son homologue chinois Xi Jinping en Corée du Sud qu'un accord avait été conclu pour une suspension d'un an par Pékin de restrictions sur les terres rares, matériaux cruciaux pour l'industrie mondiale.

La croissance du PIB de la zone euro a quant à elle surpris à la hausse au troisième trimestre, à 0,2%, malgré l'effet des chocs tarifaires, a indiqué Eurostat jeudi. Malgré l'incertitude politique en France, la croissance y a même atteint 0,5% sur la période.

L'Allemagne a quant à elle échappé d'un cheveu à la récession, son économie stagnant (0,0%) de juillet à septembre, en attendant les impulsions venant de l'investissement public.

- Débat sur un assouplissement -

Le statu quo monétaire devrait perdurer, mais la BCE pourrait ouvrir en décembre un débat sur une future baisse des taux, lorsque seront publiées ses projections d'inflation jusqu'en 2028.

Michel Martinez, chef économiste Europe à la Société Générale , a déclaré à l'AFP anticiper une nouvelle baisse, mais seulement en mars 2026, lorsque l'inflation devrait " nettement passer sous les 2%, tirée vers le bas par la chute retardée des prix de l'énergie et la fermeté de l'euro ".

Cette situation se reflète déjà au niveau national.

"Après Chypre, la France a eu la moins forte inflation de tous les pays de la zone euro en septembre, à 1,07%", relève Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management.

Or, Allianz prévient: "Si la banque centrale tolère trop longtemps de légers écarts négatifs" de l'inflation par rapport à l'objectif, "elle risque d'être contrainte plus tard d'assouplir plus fortement sa politique ou de maintenir les taux bas plus longtemps".

La présidente de la Banque centrale européenne (BCE) participe à un débat à Washington, le 16 octobre 2025 ( AFP / Brendan SMIALOWSKI )

La BCE devrait de nouveau souligner que sa politique monétaire restera guidée par les "données" disponibles et que ses décisions continueront d'être prises "réunion par réunion".

La conférence de presse de Mme Lagarde pourrait toutefois livrer quelques signaux accommodants, selon les observateurs.

Les tensions sur la dette en France planeront par ailleurs sur la réunion, tandis que l'écart entre les taux d'emprunt français et allemands est au plus haut depuis plusieurs années.

M. Martinez estime cependant que Christine Lagarde "devrait éviter de commenter le cas individuel de la France", afin de prévenir toute spéculation sur une intervention de la BCE.