La BCE défend le système de paiements Target 2, jugé trop cher
information fournie par Reuters 08/05/2019 à 17:26

LA BCE DÉFEND LE SYSTÈME DE PAIEMENTS TARGET 2, JUGÉ TROP CHER

LONDRES (Reuters) - Les marchés financiers doivent utiliser davantage le système de règlement Target 2 de la Banque centrale européenne pour en amortir le coût, a estimé mercredi un responsable de la BCE en réponse aux critiques sur le nouveau système.

Target2, ou T2S, acronyme en anglais du "Système de transferts express automatisés transeuropéens à règlement brut en temps réel", est la plate-forme développée et gérée par la BCE pour permettre au marché des capitaux de l'Union européenne de mieux concurrencer les Etats-Unis - et le Royaume-Uni après son départ de l'UE.

Ouvert en juin 2015, T2S fonctionne à plein régime depuis environ 18 mois mais a dû augmenter ses commissions en début d'année.

Avec la concurrence de Clearstream et d'Euroclear, les deux grandes chambres de compensation internationales, les volumes restent trop faibles pour permettre à la BCE d'amortir son investissement et de réduire les tarifs. De plus, certains systèmes de règlement nationaux perdurent dans l'UE alors que TS2 était censé les remplacer.

"Le coût reste trop élevé", a déploré Cécile Nagel, directrice générale de la société de compensation EuroCCP, lors d'une conférence qui s'est tenue mercredi à Londres sous l'égide du lobby bancaire AFME (Association of Financial Markets in Europe).

Guido Wille, membre du directoire de Clearstream, filiale de Deutsche Börse,, a estimé que T2S n'avait ni permis de réduire les coûts ni facilité l'accès à un règlement pan-européen. "Cela a ajouté une nouvelle couche", a-t-il dit.

Andrew Douglas, au nom de DTCC, société qui assure le règlement de transactions avec les Etats-Unis, a assuré que les coûts de compensation aux Etats-Unis étaient nettement inférieurs à ce qui prévaut en Europe.

T2S a subi des retards et dépassements de coûts depuis son lancement en 2008. L'investissement, alors estimé à 203 millions d'euros, avait atteint 256,4 millions deux ans plus tard.

Marc Bayle, directeur général de la BCE pour les infrastructures de marché et les paiements, a défendu le système qui, a-t-il dit, a tenu toutes ses promesses.

"Le prix que nous facturons aujourd'hui a augmenté cette année car les volumes étaient inférieurs à nos prévisions", a-t-il dit à Reuters en marge de la conférence.

Sans T2S, les coûts de compensation serait plus élevés en Europe car les systèmes nationaux devraient investir dans leur cybersécurité, a-t-il ajouté. "C'est au marché de faire (...) Si le volume augmentait, on serait en mesure de baisser le prix."

(Huw Jones, Véronique Tison pour le service français, édité par Patrick Vignal)