L'UE et le Mercosur finalisent leur accord de libre-échange, Paris inflexible information fournie par Reuters 06/12/2024 à 15:53
(Actualisé avec précisions)
Les négociations sur un projet d'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, zone de libre-échange regroupant plusieurs pays d'Amérique du Sud, ont été finalisées, a annoncé vendredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen à Montevideo.
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, s'est félicité sur X d'une étape importante vers "un libre marché, plus de croissance et de compétitivité pour plus de 700 millions de personnes".
Après plus de vingt ans de négociations, Ursula von der Leyen et les dirigeants du Mercosur - qui comprend l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay - ont annoncé un accord à Montevideo, la capitale uruguayenne.
"Il s'agit d'un accord gagnant-gagnant", a déclaré la présidente de la Commission européenne lors d'une conférence de presse aux côtés des présidents des principales nations du Mercosur, dont l'Argentine et le Brésil.
"Cet accord n'est pas seulement une opportunité économique, c'est une nécessité politique", a-t-elle ajouté.
"Je sais que des vents violents soufflent dans la direction opposée, vers l'isolement et la fragmentation, mais cet accord est notre réponse immédiate", a-t-elle déclaré à propos des détracteurs de l'accord.
La ratification du texte au sein de l'UE est toutefois loin d'être acquise, en raison notamment de l'opposition de la France qui juge le texte "inacceptable".
Les députés français ont voté le mois dernier à une large majorité contre le texte et le président Emmanuel Macron a dit à la présidente de la Commission que le projet d'accord était "inacceptable en l'état".
La ministre française chargée du Commerce extérieur, Sophie Primas, s'est engagée à s'opposer aux prochaines étapes de la procédure, invoquant des préoccupations d'ordre environnemental et agricole.
"La Commission prend ses responsabilités de négociatrice, mais cela n’engage qu’elle. La France n'a pas changé sa position. Je le répète : Aujourd’hui n’est clairement pas la fin de l’histoire", a-t-elle déclaré.
"CONCLUSION POLITIQUE"
"Ce qu'il se passe à Montevideo n’est pas une signature de l’accord mais simplement la conclusion politique de la négociation. Celle-ci n'engage que la Commission, pas les états membres", a-t-elle ajouté.
Les ONG environnementales européennes dénoncent également l'accord, qualifié de "destructeur de climat" par Les Amis de la Terre, notamment.
Les agriculteurs européens sont eux aussi opposés à ce texte qui, selon eux, conduira à des importations bon marché de produits sud-américains, en particulier de viande bovine, qui ne respectent pas les normes européennes en matière de sécurité alimentaire et de protection de l'environnement.
L'Italie a déclaré jeudi que la signature ne pourrait avoir lieu qu'à condition d'obtenir des garanties et des compensations, et la Pologne a dit la semaine dernière s'opposer au texte dans sa forme actuelle.
À l'inverse, certains pays tels que l'Allemagne et l'Espagne estiment que l'accord est vital pour l'UE, notamment pour diversifier ses échanges commerciaux après la quasi-fermeture du marché russe et la dépendance à l'égard de la Chine.
Ces pays considèrent le Mercosur comme un marché potentiel pour le secteur automobile ou pour les produits chimiques et le perçoivent comme une source fiable pour l'importation de minéraux tels que le lithium, nécessaire à la production de batteries.
Ils soulignent également les avantages pour l'agriculture avec des droits de douane moins élevés pour les fromages, le jambon et le vin de l'UE.
Pour être effectif, l'accord commercial devra être approuvé par 15 des 27 États membres de l'UE, représentant 65% de la population du bloc, et par le Parlement européen à la majorité simple.
Les négociateurs sud-américains restent optimistes et estiment que l'UE finira par donner son accord et que la France ne sera pas en mesure de rallier une minorité de blocage.
(Reportage Philip Blenkinsop, Lucinda Elliott et Lisandra Paraguassu, version française Diana Mandiá et Etienne Breban)