L’or est de retour vers les sommets, est-ce le moment d’y investir ?

information fournie par H24 Finance pour Boursorama 17/07/2019 à 15:05

Crédit : Pixabay

Cette fois c'est la bonne ! Après l'avoir approché en 2014, en 2016 puis en 2018, le cours de l'or enfonce la barre des 1400$. Un niveau qu'il n'a plus connu depuis juin 2013.

L'or retrouve un niveau jamais atteint depuis 6 ans

Cela représente plus de 10% de hausse depuis le début de l'année et même près de 20% d'augmentation par rapport à août 2018. Dans l'intervalle, le contexte a fortement changé et un cumul d'éléments favorables ont permis cette rapide progression. « La recette est simple pour booster le prix de l'or : vous prenez une politique de baisse de taux, y ajoutez une anticipation de recul du dollar, accompagnée de tensions géopolitiques récurrentes, sans oublier un taux négatif devenant monnaie courante sur de nombreuses dettes souveraines » détaillent les gérants de Sycomore AM.

L'or bénéficie ainsi d'un ensemble de catalyseurs avec en point d'orgue l'intervention fin juin de Jerome Powell, président du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale américaine, ouvrant la voie à une inversion imminente et durable de la politique monétaire de la Fed.

Un environnement toujours favorable

Le franchissement de cette zone de résistance sera-t-elle un nouveau seuil permettant la poursuite d'un rallye haussier ?

Les chartistes anticipent un niveau de 1700$, soit encore 20% d'augmentation supplémentaire. Le cadre macroéconomique reste d'ailleurs favorable et continue d'offrir de solides arguments pour l'or.

« Le dollar US semble avoir marqué un point d'inflexion et son accélération à la baisse donnerait une indication très positive pour le marché de l'or (dont les cours sont inversement corrélés dans les 2/3 des cas). Bien que n'offrant pas de rendement, l'or profite de la très nette détente des emprunts d'état observée de par le monde, avec plus de 12,5 trillons de $ offrant même des rendements négatifs ! » indique Arnaud du Plessis, Gérant actions thématiques spécialisé sur l'or et les ressources naturelles chez CPR AM, qui précise qu'en l'absence de reprise inflationniste, le maintien des taux réels à un faible niveau, voire leur accélération à la baisse, constituerait une autre indication très positive.

Attendre… pour mieux y revenir ?

En somme, les facteurs ayant provoqué la hausse demeurent. Mais est-ce suffisant pour conserver le potentiel d'appréciation ?

« À court terme, il est probable qu'il y ait une consolidation, ce qui donnera à nouveau des points d'entrée » tempère Jean-Marie Mercadal, Directeur Général Délégué en charge des gestions chez OFI AM. Il suggère ainsi de patienter avant de renforcer ses positions sur l'or mais recommande tout de même de s'y préparer en raison des divers avantages que procure cet actif. « C'est une valeur refuge en alternative à des monnaies fragilisées par les niveaux énormes de dettes, et c'est une classe d'actifs qui bénéfice de la baisse des taux, et surtout de la baisse des rendements réels » poursuit-il.

Par application, la société de gestion Ethenea a tactiquement fait le choix d'engranger ses bénéfices sur l'or et de réduire de moitié ses positions, suite à l'effondrement des taux d'intérêt et la forte hausse récente du cours qui en a découlé. « Nous prévoyons que tous deux devront d'abord se stabiliser avant que la tendance à la hausse ne se poursuive » explique Michael Blümke, Senior Portfolio Manager au sein de l'entreprise.

De manière générale, une proportion d'or reste souvent judicieuse dans un portefeuille comme outil de diversification, d'autant plus qu'il s'agit d'un actif liquide sans risque de crédit.

« Pour moi, il faut toujours avoir un peu d'or dans les portefeuilles » affirme Edouard Carmignac, fondateur de la société de gestion éponyme. Une conviction qui va croissante alors que la valeur des monnaies est aujourd'hui est de plus en plus remise en cause.

Et à terme, la combinaison fiscale et monétaire peut se traduire par une guerre des changes. « On n'y est pas très loin et, en attendant, le coût de détention de l'or devient pratiquement nul face à des monnaies dont la valeur est de plus en plus sujette à caution. Dans ce contexte, l'or doit tendanciellement continuer à s'apprécier » partage Edouard Carmignac.